La présidente de la RCA estime que l’échéance de février 2015 n’est pas tenable pour les scrutins qui doivent marquer la fin de la transition
Catherine Samba Panza, la présidente centrafricaine, était à Washington vendredi, avant de se rendre à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Comme l’Autorité nationale des élections l’avait laissé entendre sur RFI, Catherine Samba Panza estime que l’échéance de février 2015 n’est pas tenable pour les scrutins qui doivent marquer la fin de la transition. Elle réaffirme par ailleurs son attachement aux textes selon lesquels elle ne pourra pas être candidate à ce scrutin.
Quel bilan tirez-vous du travail de la force africaine et qu’attendez-vous de la force des Nations unies qui vient d’arriver à Bangui?
Malgré les difficultés du terrain, la force africaine a fait un travail remarquable, grâce à cette solidarité spontanée, nous avons pu avoir des troupes africaines qui nous ont aidés à nous en sortir. Même si la sécurité n’est pas totalement revenue, même si le désarmement n’a pas été effectué, je pense qu’il faut saluer cet effort fourni par l’Afrique pour apporter un soutien fondamental à un pays africain. J’ai simplement estimé que les forces de l’Union africaine n’avaient pas les moyens nécessaires pour mener à bien leur mission et qu’il me fallait m’adresser aux Nations unies pour obtenir le déploiement d’une opération de maintien de la paix. Alors j’attends de cette opération de maintien de la paix de se déployer davantage et surtout de procéder au désarmement, qui empêche le retour de la paix.
Souhaitez-vous le maintien de la force Sangaris dans le même temps et pour combien de temps?
Sans l’appui de la Sangaris, sans l’appui de l’Eufor, la Misca n’aurait pas pu mener les actions qu’elle a menées. Personnellement, j’avais demandé à la France d’examiner la possibilité d’un prolongement de cette mission. Maintenant est-ce que le Parlement français va suivre ? C’est une autre question.
L’Autorité nationale des élections estime que la date du 15 février 2015 pour tenir le scrutin ne pourra pas être respectée. Est-ce que vous êtes d’accord?
J’examine une situation, je me pose des questions. Comment organiser des élections alors que la moitié de la population est dans des camps de déplacés ? Comment organiser des élections alors que l’Etat est en total délabrement ? Comment organiser des élections alors que la moitié du pays n’est pas fréquentable à cause des présences des groupes armés ? Et puis, comment organiser des élections alors que les moyens financiers annoncés ne sont pas encore décaissés ? Maintenant, il appartient à l’Autorité nationale des élections de revoir la question et puis de se prononcer sur un nouveau chronogramme.
A priori, la présidente de la transition ne peut pas se représenter à l’élection présidentielle, seriez-vous tentée?
Quand je me suis engagée pour être à la tête de la transition, je connaissais les règles du jeu et j’ai accepté ses règles du jeu. Ces règles de jeu indiquaient clairement que la présidente de la transition, le président du CNT, ne pouvait pas se présenter aux élections, j’ai pris cet engagement, je respecterai cet engagement.
La Seleka ne s’estime pas représentée par les trois ministres de mouvance Seleka qui sont dans le gouvernement. Comment ce problème peut-il être réglé ? N’aurait-il pas fallu attendre que la Seleka désigne des ministres?
S’il fallait attendre de signer un accord politique avec la Seleka avant de désigner les ministres, nous aurions attendu jusqu’aujourd’hui, quand on voit l’éclatement qu’il y a au sein de la Seleka. Pour former ce gouvernement, j’ai consulté tous les segments de la société centrafricaine y compris la Seleka. Il m’a été demandé de signer un accord politique particulier avec la Seleka avant d’envoyer des noms, pour faire partie de ce gouvernement, ce n’était pas possible. Il y avait à la tête de l’Etat un vide juridique, qu’il fallait vite combler. Nous avons estimé que les personnalités choisies, pour être au sein de ce gouvernement, étaient des personnalités de la Seleka valable. Et maintenant, s’il y a des problèmes avec la Seleka, nous allons essayer de résoudre cela dans le cadre du dialogue politique qui va arriver.
Vous avez envoyé un émissaire pour rencontrer monsieur Djotodia, comment s’est passée la rencontre ?
Il s’agit généralement de consultations discrètes, dont on n’en parle pas sur la voie des ondes.
Avez-vous un calendrier et un plan précis pour que cette réconciliation nationale se mette enfin en route ?
Tout à fait. Au sortir de la réunion de Malabo, il était déjà question d’aller vers la réconciliation nationale. Le forum de Brazzaville était l’étape une de ce processus et nous avions déjà élaboré un chronogramme pour l’étape 2, qui était la réconciliation à la base dans toutes les préfectures, et l’étape 3, qui était la conférence nationale de réconciliation au niveau de Bangui. N’eût été les tergiversations concernant la mise en place du gouvernement, nous aurions déjà bien avancé.
Allez-vous demander la levée de l’embargo qui touche les forces de sécurité de votre pays ?
Nous l’avons demandé depuis plusieurs mois et je pense que la question va être examinée à la prochaine commission des sanctions.
Avez-vous bon espoir ?
Je l’espère, parce que les mesures de confiance qui ont été élaborées à côté des résolutions ne nous arrangent pas souvent en terme de refondation et de réhabilitation des forces de défenses et de sécurité des forces armées centrafricaines. Nous espérons que la commission des sanctions va examiner avec la meilleure attention notre demande.
