Dans cette interview accordée à Journal du Cameroun.cm (JDC), le manager de l’agence de marketing sportif 6Sports Marketing & Advertising analyse le mandat interrompu d’Ahmad Ahmad à la tête Confédération africaine de football.
JDC : Depuis la suspension d’Ahmad Ahmad, le nom d’Issa Hayatou est abondamment cité dans la presse. Comment percevez-vous ce qui s’apparente à un regret de son départ ?
Yannick Ndegue ; Le football africain des années Issa Hayatou semblait trouver de la cohérence avec l’esprit d’un panafricanisme qui s’intègre parfaitement dans les aspirations politiques des Etats africains et donc, de l’UA. Indépendamment d’un quelconque chauvinisme Camerounais, on peut exprimer des regrets s’agissant du départ de Issa Hayatou à la CAF. Cela peut s’expliquer à plusieurs niveaux. D’abord sur un plan émotionnel, du fait de sa longévité, on a appris à s’habituer à ses méthodes. Son management assez long nous a donné l’impression d’une certaine homogénéité du football africain.
S’agissant de la gestion de la CAF en tant qu’institution en charge de la promotion du sport, précisément du football, on avait l’impression sous Issa Hayatou que la CAF avait une opinion et un point vue à faire valoir sur l’échiquier du football mondial. Cela s’est par exemple reflété par l’augmentation du nombre de pays africains participant à la phase finale de la Coupe du monde, le positionnement de la CAN parmi les compétitions à rayonnement international, la gestion des droits TV et marketing de la CAN…
La CAF en tant qu’institution panafricaine avait de très bonnes relations avec les Etats. Hayatou a réussi à faire de la CAF un acteur de la géostratégie et de la CAN un outil au service de l’influence et du rayonnement diplomatique de l’Afrique en général, et des Etats en particulier. Tout cela fait qu’on regrette un peu son départ au regard de l’actualité qui es celle de la CAF d’aujourd’hui, avec des scandales à répétition.
Sous Ahmad Ahmad on a eu l’impression que l’Afrique a perdu une partie de sa souveraineté. On se souvient de la désignation du secrétaire générale de la FIFA pour administrer la CAF, cela n’avait jamais été vu dans le monde. C’était est la preuve évidente que la CAF a perdu sa souveraineté.
CAF : Que retenez-vous de positif dans le passage de son successeur Ahmad Ahmad ?
Yannick Ndegue : C’est la volonté de faire des reformes. Mais dans la réalisation, il a manqué de savoir-faire tactique. Une chose est de vouloir faire des réformes, une autre des faire accepter que ces réformes ont du sens. Je loue l’initiative de faire passer la CAN de 16 à 24 équipes. Cela était bien pensé dans un contexte de nivellement des valeurs. Parmi les 54 pays d’Afrique beaucoup ont fait des progrès sur le plan du football. C’était logique qu’on puisse partir de 16 participants à 24. Autre point positif, l’élévation des standards en terme d’infrastructures d’accueil de la CAN. Cela offre un bon héritage pour les pays comme le Cameroun qui abritent les compétition et offre quasiment les mêmes standards aux joueurs africains qui dans leur majorité évoluent en occident. Malheureusement tous ces bons points sous Ahmad ont été ternis par des scandales à répétition. Et cela fait du coup regretter Hayatou.