A peine 43.000 tonnes ont été produites en 2010 dans les deux variétés, robusta et arabica.
Situation stagnante depuis 4 ans
Depuis plusieurs années, la production caféière du Cameroun est en baisse. D’après Henri Nanda, le président du CREDOR SA, une entreprise spécialisée dans les études multiformes, la baisse est de l’ordre de 50%, par rapport aux années 1980 lors desquelles le Cameroun a exporté près de 90.000 tonnes en moyenne par an. Les données recueillies par l’expert auprès de l’Office nationale de cacao et du café (ONCC) montrent que sur les quatre dernières années, la situation est plutôt stagnante. On note en effet une faible augmentation des exportations globales, (+8,2% en 4 ans), un très faible accroissement des exportations de café robusta (+10,9 % en 4 ans) et une baisse continue des exportations de café arabica (-18,8% sur la même période). En 2010, 46.182 tonnes seulement de café ont été produites. Le café robusta se taille la part du lion avec 43.022 tonnes. Cette tendance est expliquée officiellement par trois raisons: Le vieillissement des plantations, le vieillissement des planteurs et le cout élevé des intrants agricoles. Si les planteurs négligent leurs plantations, on a aussi relevé que beaucoup d’usines de décorticage ont disparu ou sont aujourd’hui fermées ou sous-exploitées car mis en location à des spéculateurs saisonniers et non professionnels. Les usines de décorticage naissent et meurent facilement, développe Henri Nanda, qui indexe le processus de traitement-négoce.
Kyrielle de fraudes
Ce processus, relève-t-il, est marqué par une kyrielle de fraudes. Il cite, entre autres, les fraudes fréquentes sur les quantités ou sur les prix lors du pesage dans les usines et sur les qualités. L’autre aspect relevé par l’ancien cadre de banque est la très forte concurrence entre les usines, exacerbée par la chute de la production et qui a conduit à l’affaiblissement du coût de décorticage. Ce coût est facturé aujourd’hui à 25 Fcfa en moyenne, contre 30-35 Fcfa/Kg dans les années 1980. Il apparait donc que dans le processus de traitement-négoce du café, les pertes sont d’autant plus fortes que l’on se retrouve en haut de la filière et donc le planteur est celui qui est victime du rapport de force le plus défavorable vis-à-vis des autres acteurs, commente Henri Nanda. Cinq phares rentrent dans ce processus. La récolte du café vert, le décorticage, le calibrage, le triage et la pesée et enfin l’évacuation. Au-delà du discours officiel, les acteurs du secteur pensent que le principal frein à l’éclosion de la production est lié au financement. C’est pour cette raison qu’un nouveau système de financement appelé PHI-CAF a été conçu par CREDOR SA, à la demande d’un groupuscule de planteurs regroupés autour d’une coopérative dénommée Coopérative agro-pastorale du Cameroun, (COOAPCAM). Cette coopérative a organisé ce mercredi 29 décembre 2010, à Douala, une concertation à l’attention des promoteurs des Etablissements de micro-finance (EMF).
Avantages du nouveau système de financement
L’objectif étant de susciter leur adhésion à ce projet fort ambitieux qui recherche la sauvegarde de l’avenir à long terme de la filière café robusta au Cameroun. Ce nouveau système de financement est bâti sur l’idée simple et connue que l’argent étant le nerf de la guerre, la survie de la filière signifie que chacun des acteurs devrait avoir une rémunération suffisante pour assurer l’équilibre de ses charges, synthétise Henri Nanda. Globalement, l’adhésion au projet Phi-Caf laisse entrevoir une batterie d’avantages pour les planteurs. Il s’agit, entre autres, de la renaissance des plantations de café à travers la COOAPCAM, l’accroissement de la production et de la productivité dans la filière, la diminution drastique de la quantité des intermédiaires qui sucent et appauvrissent principalement le planteur et l’usinier, l’amélioration de la qualité du produit partant du label Cameroun et enfin de la cotation du café camerounais. Globalement, c’est un mécanisme pour soutenir la relance de la culture, relance qui va permettre de ramener beaucoup de jeunes dans les villages, présage Thomas Padjuo.
