Elle s’installe au Cameroun avec pour ambition mettre sur pied le dossier médical électronique
Le premier centre de télémédecine camerounais Genesis Telecare, a officiellement ouvert ses portes mardi le 21 avril 2009 à Yaoundé, au cours d’une cérémonie d’inauguration présidée par le secrétaire général du ministère de la Santé publique, M. Angwafo III. Et c’est Abong-Mbang, chef-lieu du département du Haut-Nyong dans la région de l’Est, qui sera la première ville à avoir été choisie pour être reliée à ce centre. « Nous avons décidé délibérément de connecter un site rural, en l’occurrence Abong-Mbang, parce que nous voulions désenclaver cette zone. C’est vrai qu’on va connecter aussi des personnes en zone urbaine, mais le plus important pour nous est la télémédecine, parce qu’elle permet aux gens en zones reculées de pouvoir se soigner avec des médecins de qualité qui, eux, se trouvent en ville », explique l’initiateur de ce projet, Jacques Bonjawo. La mise sur pied de ce centre constitue une avancée significative dans la modernisation du système de santé au Cameroun, dans la mesure où il y sera désormais possible, d’obtenir un diagnostic, un avis spécialisé, une surveillance continue d’un malade ou une décision thérapeutique à distance grâce aux technologies numériques. Si le but recherché par Genesis Telecare est de « mettre les Tic au service de l’accès aux soins et de la qualité et sécurité des soins », le principal enjeu, souligne M. Bonjawo, reste la mise sur pied d’un « dossier médical électronique » qui permettra de réunir un ensemble d’informations sur la santé du patient et faciliter son accès à ses données.
Des médecins possèderont un outil qui leur permettra de suivre plus facilement les parcours de santé de leurs patients quels qu’ils soient et où qu’ils soient, et améliorer ainsi leur prise en charge. Pour ce qui est des coûts, les initiateurs du projet affirment qu’ils n’auront aucune répercussion sur la bourse des malades, notamment ceux vivant en milieu rural. Les patients qui se trouvent en zone rurale vont continuer à payer 600 Fcfa, le prix d’une consultation dans les hôpitaux public. Par contre, ceux vivant en ville devront débourser près de 5.000 Fcfa pour la même consultation. Un décalage qui vise à compenser les pertes enregistrées en zone rurale afin de pouvoir retrouver un équilibre financier en zone urbaine. Le dispositif de prise en charge de ce centre de télémédecine étant essentiellement basé sur l’utilisation des Technologies de l’information et de la communication, cela nécessite par conséquence une connaissance et une appropriation de ces technologies par le personnel médical, l’Internet en l’occurrence. A cet effet, les personnels de santé qui interviendront dans ce projet, seront formés pour être à « l’ère numérique ». Pour ses débuts, Genesis Telecare le prestataire, qui bénéficie du soutien du Ministère de la santé, commencera ses activités par une phase pilote, avec deux centres à Yaoundé et à Douala, et d’autres en zones rurales.
Bien que l’initiative soit bien opportune certains analystes de l’évolution des NTIC au Cameroun tablent sur une efficacité à plus long terme. La situation actuelle peut se résumer par cette phrase : les solutions futures de santé sont dans les nouvelles technologies, mais les besoins sont au sein d’une population majoritairement ignorante du numérique. En effet, le Cameroun met en place des systèmes de télémédecine à un moment les besoins de soins de santé très importants, mais les coûts de distribution de ces soins ont augmentés par l’insuffisance d’infrastructure, d’équipement, de personnel médical et de formation. Dans ce contexte, la télémédecine peut être bien adaptée et très rentable, comme par exemple exemples dans la formation à distance des médecins des zones rurales qui évitera des déplacements coûteux, la mise sur pied des unités mobiles reliées à des hôpitaux qui pourront apporter des soins sur une zone dépourvue d’infrastructure hospitalière, l’acquisition des terminaux portables pour équiper des médecins itinérants pour les zones isolées.
Mais les difficultés d’implantation de la télémédecine restent encore nombreuses et expliquent le doute sur les projets de développement en cours le Cameroun a encore des problèmes de base (médicaments, épidémies, insuffisance des voies de communication) qui ne permettent pas d’envisager l’utilisation à grande échelle de technologies de l’information dans l’immédiat. De même, la limite en infrastructures télécom fiables et permanents, les problèmes de qualité des ressources humaines dont souffrent nos hôpitaux et qui on suscité une désaffection progressive des malades au profit des cliniques et autres centres de santé privés sont autant de défis que Genesis Telecare aura à relever en même temps que le défi de l’efficacité en combinant accessibilité financière et géographique Tout dépendra donc de sa capacité à gérer les multiples contingences sus citées qui jonchent la route de la télémédecine au Cameroun.

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