L’opération « guichet mort » programmé par un réseau de consommateurs n’aura plus lieu
Jean David Bile convaincant
Jean David Bile, le Directeur général de la compagnie camerounaise AES Sonel en charge de la distribution de l’électricité au Cameroun, a trouvé les mots justes pour communiquer avec les associations de consommateurs sur la dernière hausse des prix d’électricité annoncée par le groupe. Le mardi 25 mai, il a reçu des présidents d’associations de consommateurs du secteur de l’électricité. Au cours de la réunion, les représentants des consommateurs ont déploré la qualité de la collaboration entre le groupe AES Sonel et ces associations. Ils ont principalement critiqué le fait qu’AES-Sonel n’ait que très tardivement annoncé la dernière hausse des prix. Coté Aes Sonel le Directeur général a expliqué le contexte de la hausse des tarifs qui selon lui est conforme aux dispositions de la concession. Il a aussi souligné le fait que la hausse était techniquement inévitable, en raison de la nécessité d’assurer à l’entreprise une meilleure fiabilité économique. Jean David Bile précise enfin que 87% des ménages seront épargnés par cette hausse. Les représentants des consommateurs présents ont invité le Directeur général du groupe et les autorités publiques à prendre en compte les intérêts des personnes qui subiraient cette mesure.
L’opération «guichet mort» annulée?
Huit associations de consommateurs du secteur de l’énergie ont pris part à cette rencontre et ont signé le communiqué final. Parmi elles, on a noté la présence du Réseau associatif des consommateurs d’électricité de Paul Geremi Bidikik. Ce dernier avait pourtant invité les Camerounais clients à ne pas se présenter aux guichets de la firme américaine AES-Sonel pour les règlements des factures d’électricité dues au mois de juin prochain. Cette fois, nous ne nous laisserons plus marcher dessus. A partir du 1er juin 2010, conjointement avec d’autres associations de consommateurs, le Race va lancer « une campagne guichets morts » sur toute l’étendue du territoire national, les usagers, ménages et entreprises, seront invités à refuser de payer les quittances dont les montants ne seront pas calculés sur la base tarifaire antérieure au mois d’avril 2010, indiquait le communiqué. Selon le RACE les consommateurs devraient refuser de payer le prix d’une gestion calamiteuse de l’énergie au Cameroun. Pour ces associations l’Etat a clairement indiqué sa complicité. Il est évident qu’AES-SONEL bénéficie de la bienveillance des pouvoirs publics, pourtant garants des intérêts de toutes les parties prenantes dans le secteur, pouvait-on lire dans le communiqué.
De nombreux étudiants inquiétés
Joint par voie de mail sur sa position par rapport au mot de grève, le RACE n’a pas encore répondu au site www.journalducameroun.com, et un communiqué annulant ou suspendant le mot d’ordre de grève n’a pas été rendu public. En signant le communiqué final de la rencontre avec les dirigeant de la firme AES Sonel, le RACE s’est aussi engagé à accepter de surseoir (suspendre) toute activité de nature à alimenter la polémique autour de la nouvelle grille tarifaire. Des observateurs, sans remettre la capacité des associations de consommateurs camerounaises à négocier, se montrent insatisfaits des accords obtenus dans le communiqué final de la rencontre Sonel – Associations des consommateurs.

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Selon les statistiques globales des abonnés Sonel, on peut estimer à au moins un million, le nombre de personnes qui seront visées par la hausse. Une hausse qui risque de toucher au moins deux secteurs sensibles de la societé. Les Petites et moyennes entreprises et les habitations pour étudiants. Dans le quartier Bonamoussadi proche de l’université de Yaoundé I dans la capitale camerounaise, de nombreux étudiants qui ont intégré la donne sont déjà inquiets. Finalement on ne sait pas ce que l’Etat nous veut. C’est déjà trop difficile avec les factures telles qu’elles sont aujourd’hui, si on augmente encore comment allons-nous faire? Nous ne pourrons nous en sortir affirme Eric Simon, il est étudiant et vit à Bonas (Quartier des étudiants).
Expliquer publiquement la nomenclature des prix
Les habitations pour étudiants qui prennent des compteurs uniques connaissent des consommations de basse tension qui dépassent toujours les 400 kilowatts par mois. Un autre aspect de la situation dévoile que dans ces quartiers estudiantins, de nombreuses petites entreprises de photocopies et autres services de bureautique ou d’Internet ont elles aussi des consommations qui excèdent les 400 kilowatts. Avec le temps elles seraient tentées d’augmenter elles aussi le coût de leurs prestations, avec un impact sur les portefeuilles des étudiants. Au final, la hausse des prix touchera plus de 87% des ménages, en ont conclu ces observateurs qui sont pour la plupart des étudiants. Depuis la privatisation de la défunte Sonel, le coût de l’énergie a continué d’augmenter au Cameroun parfois pour une qualité de service reprochable. Il n’existe pas une nomenclature officielle du prix du Kilowatt. Des sources proches du secteur de l’énergie affirment que le prix de ce kilowatt à la sortie de la centrale électrique d’Edéa par exemple était de 25 francs maximum. Il revient aujourd’hui à près de 85 francs en moyenne aux ménages. Aucune explication n’est donnée sur la répartition de la plus-value.
