Intégralité du propos liminaire du ministre de la communication lors de la rencontre avec la presse sur cette affaire
«Monsieur le Secrétaire général du Ministère de la Communication,
Monsieur l’inspecteur général,
Messieurs les conseillers techniques, Madame, messieurs les inspecteurs, Madame, messieurs les directeurs et chefs de divisions,
Chers collaboratrices, Chers collaborateurs, Mesdames, messieurs les journalistes, Chers Invités,
Mesdames, messieurs,
Je vous ai conviés à cet échange pour nous entretenir sur un sujet d’une actualité majeure, qui concerne l’une des catégories de notre population les plus vulnérables, mais aussi les plus sensibles, au regard de l’intérêt que toutes les sociétés lui portent, et de la protection dont elle a le plus besoin.
Mais, je voudrais avant toute chose, et malgré le caractère dramatique de cette actualité, vous souhaiter la bienvenue à cette occasion, et vous exprimer ma gratitude pour la spontanéité avec laquelle vous avez répondu à mon invitation. Merci donc d’être là comme d’habitude, et aussi nombreux.
Mesdames, messieurs les journalistes,
Chers Invités,
Mesdames, messieurs,
Vous l’avez certainement appris, au même titre que la plupart d’entre nous, dans la journée du 30 août 2013 aux environs de 08h30, neuf (09) enfants d’un âge variant entre sept (07) et treize (13) ans, tous vivant dans le village de Bolounga, canton Malimba-Océan, dans l’arrondissement de Mouanko, département de la Sanaga Maritime, se sont rendus dans la forêt qui jouxte leur village, pour y rechercher des escargots à vendre, afin de préparer leur rentrée scolaire dont on sait qu’elle devait avoir lieu le lundi 02 septembre 2013.
Faut-il le relever, la collecte et la commercialisation de ces petits animaux est courante dans cette région et se pratique tant par les enfants que par les adultes. On peut d’ailleurs se rendre aisément compte de la présence de ce type de commerce à partir des grands axes routiers, tels que l’axe lourd Douala-Yaoundé, ou la route Édéa-Kribi.
Les neuf (09) enfants partis à la recherche des escargots en pleine forêt, sont issus de quatre (04) familles différentes, et ont pour noms et prénoms:
ETONGO Ernest (13 ans);
IHOWE Carine (12 ans);
MOANGUELE Eugène (12 ans);
MOUSSANGO Denis (12 ans);
PEMPE Julienne (12 ans);
SAPPE Catherine (12 ans);
OLINGA OLINGA Jean Claude (09 ans);
EBENYE Madeleine (09 ans);
SOPPO Francis (07 ans).
Jusqu’en début d’après-midi de ce jour du 30 août 2013, aucun de ces neuf (09) enfants n’avait toujours regagné le village.
C’est alors me inquiets de cette situation, les familles concernées ont entrepris d’alerter les habitants du village.
Répondant à cette sollicitation des familles, le nommé EDONGUÉ Benjamin, chef du village de Bolounga, a entrepris de rassembler toute la communauté villageoise, pour organiser une battue en forêt, à l’effet de rechercher les enfants disparus. Cette première battue s’avérera infructueuse.
Dès que l’information a été portée à sa connaissance, le Chef de l’Etat a immédiatement ordonné que tous les services soient mobilisés sans délais et que toutes les ressources possibles et imaginables soient mises à contribution, pour que des recherches intenses soient menées, que les enfants portés disparus soient retrouvés, et que les éventuels auteurs et autres responsables de cet acte immonde soit identifiés, mis aux arrêts et déférés devant la justice. Il a prescrit que toute l’information relative à l’évolution de la situation lui soit portée en temps réel et qu’un encadrement approprié soit fourni aux familles et aux populations éplorées. Suite à ces hautes prescriptions, les battues se sont intensifiées dans la zone de disparition des enfants, sous l’égide du sous-préfet de l’arrondissement de Mouanko, du préfet du département de la Sanaga Maritime et du gouverneur de la région du Littoral.
Au plan local, c’est-à-dire dans le ressort de l’arrondissement de Mouanko, les éléments de la Sûreté nationale, notamment le chef de poste frontière de Mouanko, et le commandant de la brigade de gendarmerie, sous la coordination du sous-préfet dudit arrondissement, ont effectué plusieurs missions spéciales sur le terrain, avec la collaboration des populations de la localité de Bolounga.
Lesdites missions ont procédé à de multiples interrogatoires visant, sur la base des témoignages recueillis sur place, la personne de Monsieur ÉDONGUÉ Benjamin, présenté comme le chef de village, et ses deux (02) notables, les nommés NDONDA Antoine et ÉKODÉ NGALLÉ André.
De l’exploitation qui sera faite de ces trois (03) individus, il ressortira à chaque fois une constance de pratique de sorcellerie qui aurait entraîné la disparition des neuf (09) enfants. Les déclarations recueillies par les missions d’enquête dépêchées sur les lieux semblent alors faire état d’une association de malfaiteurs en sorcellerie, constituée d’une dizaine de personnes semant la panique à travers tout le village et à la tête de laquelle se trouverait le chef de village, Benjamin ÉDONGUÉ.
Sur les conseils de la communauté villageoise, qui sollicite de plus en plus l’intervention des autorités allant au-delà de l’organisation des battues en forêt, une action va être entreprise pour mettre à contribution d’autres ressources susceptibles d’ouvrir des pistes de solution visant à retrouver les enfants disparus.
Entre-temps, il sera procédé à l’interpellation de quatre (04) personnes d’un fige avancé, suspectées de pratiques de sorcellerie ayant entraîné la disparition des neuf (09) enfants. Il s’agit des nommés:
ÉDONGUÉ Benjamin;
ÉDIMO Henri;
ÉKODÉ NGALLÉ André;
NDONDA Antoine;
NDENGUÉ Christian.
Je rappelle ici que la sorcellerie est une infraction prévue et réprimée par le Code pénal en son article 251, en ces termes:
«Est puni d’un emprisonnement de deux (02) à dix (10) ans; et d’une amende de 5 000 à 100 000 francs, celui qui se livre à des pratiques de sorcellerie, magie ou divination susceptibles de troubler l’ordre ou la tranquillité publique, ou de porter atteinte aux personnes, aux biens ou à, la fortune d’autrui, même sous forme de rétribution». Au bout de onze (11) jours de disparition au cours desquels autant les autorités administratives que les forces de défense et de sécurité se seront déployées nuits et jours, parfois sur des terrains insoupçonnés, un premier enfant, en la personne de IHOWE Ida Carine, âgée de 12 ans, est ramenée à moto jusqu’à la résidence du Sous-Préfet de Mouanko par le nommé BELLE Roger, Président de l’association des jeunes du village de Bolounga.
Roger BELLE affirme alors que c’est une certaine Madeleine MANYAKA, 52 ans, habitant elle aussi le village de Bolounga, qui a ramené la petite IHOWE Carine au village. L’intéressé affirme que dame MANYAKA est apparue complètement dévêtue et en piteux état, tenant à son bras la petite IHOWE. Il déclare également que dame MANYAKA leur aurait indiqué l’endroit précis où se trouveraient les sept (07) autres enfants sur les neuf (09) disparus.
Après avoir fait appel au médecin de service à Mouanko pour la prise en charge médicale de l’adolescente à l’intérieur de sa résidence, le sous-préfet, accompagné de son État-major, se rend à Bolounga, situé à six (06) kilomètres environ de Mouanko.
C’est en cours de route que les éléments des forces de sécurité qui s’étaient avancés vers le village, leur annoncent que sept (07) des huit (08) autres enfants manquant à l’appel ont été retrouvés, à l’issue d’une battue conjointement menée par les jeunes du village et les forces de sécurité en poste avancé.
Une fois sur les lieux, le sous-préfet en fait le constat et transporte les sept (07) enfants à bord de son véhicule de fonction, en direction de Mouanko, où il les installe dans sa résidence. Les premiers soins leur sont administrés en urgence par le médecin de la place.
Bien qu’en vie, les huit (08) enfants paraissent visiblement affaiblis, et particulièrement amaigris. Leurs membres inférieurs présentent tous des lésions identiques. Les premiers examens font état d’une déshydratation avancée de chacun d’entre eux.
Les huit (08) enfants retrouvés ont pour noms:
ÉTONGO Ernest (13 ans);
IHOWÉ Carine (12 ans);
MOUSSANGO Denis (12 ans);
PEMPE Julienne (12 ans);
SAPPÉ Catherine (12 ans);
OLINGA OLINGA Jean Claude (09 ans);
ÉBENYÈ Madeleine (09 ans);
SOPPO Francis (07 ans).
Manque à l’appel un seul enfant, du nom de MOANGUÉLE Eugène (12 ans).
À l’heure qu’il est, tous les enfants retrouvés ont été transférés à l’Hôpital régional annexe d’Édéa, où leur prise en charge s’effectue certainement.
Cinq (05) d’entre eux sont déjà sortis du service des urgences et se trouvent au service de pédiatrie. Trois (03) autres sont toujours traités aux urgences du même hôpital.
L’encadrement psychologique des enfants hospitalisés à l’hôpital d’Édéa est assuré par le Préfet de la Sanaga Maritime, aux côtés des familles directement concernées.
Sur place à Bolounga, les recherches continuent de s’effectuer pour retrouver le neuvième enfant, vivant, nous l’espérons en tout cas. Vérification de toutes ces informations peut être faite par quiconque, y compris les médias, aux heures de visite autorisées par l’hôpital d’internement des jeunes patients.
S’agissant de la nommée MANYAKA Madeleine, qui déclare avoir retrouvé les enfants dans la forêt, il est à noter que celle-ci aurait eu un comportement pouf le moins incohérent de par ses propres déclarations, plus ou moins instables.
L’intéressée aurait en effet disparu du village le vendredi 06 septembre 2013. Elle prétend, qu’alors qu’elle était en train de faire la cuisine, elle s’est retrouvée en pleine brousse, tantôt pour aller chercher du bois de chauffage qui lui manquait, tantôt pour aller verser des eaux usées.
Elle ne réapparaîtra au village que cinq (05) jours plus tard, accompagnée de la petite IHOWE Carine.
Évacuée dans un premier temps vers l’Hôpital d’Edéa en même temps que les huit (08) enfants, la nommée MANYAKA Madeleine a été interpellée et mise aux arrêts à la compagnie de gendarmerie de la Sanaga Maritime à Édéa.
Elle y retrouve, également mis aux arrêts, les nommés:
ÉDONGUÉ Benjamin, chef de village;
ÉKODE NGALLE André;
NDONDA Antoine;
NDENGUÉ Christian;
ANYANKÉ IRGOKWE Innocent, de nationalité nigériane.
Il est important d’indiquer ici que cette affaire continue d’être suivie de, près par le Chef de l’État, Son Excellence Paul Biya, qui dès son déclenchement, a immédiatement donné des instructions appropriées pour la conduite des recherches, la manifestation de la vérité et autant que possible, la récupération en vie des neuf (09) enfants disparus.
A l’heure actuelle, le Chef de l’État continue de se tenir informé à chaque instant de l’évolution de la situation, tant en ce qui concerne la recherche du neuvième enfant porté disparu, que de l’état de santé physique et psychologique de ceux ayant été retrouvés.
C’est sur ses instructions expresses que la prise en charge médicale et l’encadrement psychologique de ces jeunes adolescents, traumatisés par onze (11) jours d’errance, égarés en pleine forêt, dépourvus de tout subside alimentaire et abandonnés aux affres d’une nature que l’on sait hostile, s’est effectuée et continue de l’être de façon tout à fait gratuite.
Le Chef de l’Etat a particulièrement instruit que la vigilance des autorités, des forces de sécurité et des unités de renseignement soit renforcée, afin que de tels actes n’aient plus à se répéter, que toute personne jugée suspecte soit immédiatement appréhendée et mise à la disposition de la justice.
Telle est donc la réalité de cette affaire qui bien sûr, est loin d’être achevée, et au cours de laquelle les populations en parfaite synergie avec les autorités administratives et les forces de sécurité, auront déjà permis de parvenir à des résultats fort probants.
On peut déplorer qu’à l’heure actuelle, un enfant soit toujours porté disparu, mais comme je l’ai dit plus haut, les recherches continuent, dans l’espoir de le retrouver.
A ce stade au moins, le mystère commence à être élucidé, battant en brèche les spéculations de toutes sortes ayant circulé çà et là.
La justice suit son cours, appuyée en cela par les unités de gendarmerie territorialement compétentes, à qui l’enquête a été confiée.
Je vous remercie de votre aimable attention».