La ville d’Ebolowa dans le sud du Cameroun a été le théâtre d’une expédition violente sur la communauté Bamoun suite au meurtre d’un jeune Boulu
Expédition brutale et vengeresse
Les violences ont débuté en raison du meurtre d’un jeune moto taximen de 25 ans tué puis émasculé avant d’être abandonné dans la rue le 17 juin dernier. Suite à une première enquête, la police a arrêté deux suspects. Deux Camerounais appartenant à l’ethnie Bamoun, dans la région de l’ouest du Cameroun (Département du Noun). Vendredi, 25 juin 2010 jour de la levée de corps de Steve Bite’e la victime, les conducteurs de mototaxis se sont attaqués à certains membres de la communauté Bamoun. Selon des témoignages receuillis sur place, les jeunes conducteurs de moto-taxis, Bulus pour la plus part se sont armés de gourdins et autres objets tranchants et ont entrepris de détruire toutes les affaires détenus par des Bamouns. C’était terrible, ils ne posaient pas de question; dès qu’on savait que tu es Bamoun, ils commençaient seulement à te bastonner et à détruire ton commerce, affirme Aïcha, une jeune élève qui a fui la ville d’Ebolowa avec ses parents. L’incident est survenu au même moment où se déroulait les obsèques de Ferdinand Léopold Oyono, le ministre décédé; donc toutes les forces de l’ordre étaient du côté de son village pour assurer la sécurité des personnalités arrivées pour les funérailles, c’est ce qui a facilité l’importance des agressions déclare pour sa part Zacharie Potouochi, un commerçant, qui lui aussi a fui la ville d’Ebolowa.
Les autorités se sont saisies de l’affaire
Les manifestations se sont poursuivies jusqu’au samedi matin. Certaines populations des deux communautés ont érigé des barrages sur la route d’Ambam avant de se soumettre mutuellement à des jets de pierres. René Désiré Effa, le président régional du forum des chefs traditionnels du Sud, aurait reçu une pierre en plein visage en essayant de calmer les différentes parties. Le préfet de la Mvila, Bernard Marie Mbar a été saisi de la gravité de la situation. Dépassé par les évènements, l’affaire a été transmise au gouverneur du Sud, Jules Marcellin Ndjaga qui a tenu une réunion de crise samedi soir et a appelé les deux communautés au calme. Des forces d’intervention seraient parties de Yaoundé la capitale pour faire régner l’ordre. Ce lundi 28 juin, le calme semble être revenu dans la ville d’Ebolowa. Mais pour de nombreux Bamouns qui ont fui la ville, il faudra encore attendre avant de rentrer. Un important déploiement des forces de maintien de l’ordre reste visible dans la ville. Tard dans la nuit de dimanche, des affrontements ont repris et la route de Yaoundé barrée alors que certains Bamouns avaient commencé de quitter la ville d’Ebolowa.

Un bilan matériel considérable
Le bilan des violences est déjà lourd. La communauté Bamoun déplore la mort d’un des siens. Il aurait péri suite à des coups violents reçu des assaillants Bulus. L’information n’a toutefois pas été confirmée de sources officielles. De nombreuses boutiques et autres petits commerces appartenant à des Bamouns ont soit été détruits, soit pillés. Plusieurs d’entre eux sont installés dans la région du sud et pour une grande partie, ils se livrent au commerce et à l’agriculture. Selon certains témoignages, les sources de tensions auraient débuté avec la nomination d’un ressortissant de cette communauté à la tête d’une des compagnies des forces de l’ordre. Ils sont devenus arrogants et provocateurs affirme un jeune Boulu. La survenance de ces nouveaux affrontements pose le problème plus grave de l’unité nationale au Cameroun. Elle indique que le tribalisme et les rivalités ethniques subsistent encore au Cameroun cinquante ans après les indépendances. Les pouvoirs publics sont invités à plus de vigilances sur ce genre de petits aspects, qui finalement conduisent à des guerres civiles.
