Politique




Cameroun : quand Ahmadou Ahidjo interdisait les cadeaux de fin d’année dans les entreprises publiques et parapubliques

Cette mesure du premier président de la République avait fait l’objet d’une circulaire signée le 19 avril 1979. Ahmadou Ahidjo,…

Cette mesure du premier président de la République avait fait l’objet d’une circulaire signée le 19 avril 1979.

Ahmadou Ahidjo, le premier président de la République du Cameroun, portait une attention particulière aux détails. Le jeune pays, dont il avait hérité de la gestion en 1960, exigeait de lui de l’investissement. Et il semblait s’atteler à le gouverner avec fermeté, ce qui lui a souvent valu d’être qualifié de « dictateur ».

Le 19 avril 1979, par exemple, il signe une circulaire sur une pratique apparemment anodine. Le chef de l’Etat du Cameroun a noté que les institutions publiques et parapubliques ont pris l’habitude de remettre des cadeaux de fin d’année « à leurs administrateurs et à certaines personnalités de l’administration ou du gouvernement ».

Le président a remarqué que ces gestionnaires reçoivent par ailleurs des cadeaux de la part de leurs collaborateurs à titre individuel. Ce qui ne lui semble pas indécent. En revanche, Ahmadou Ahidjo trouve pernicieux que ces dons soient détournés et érigés en des règles non écrites. «Il est apparu que l’offre de cadeaux de fin d’année était souvent détourné du caractère symbolique généralement reconnu à cet acte, qui est devenu, ce faisant, une source de difficultés financières pour les entreprises et de mécontentement pour les administrés (…) Par ailleurs, certains responsables administratifs et politiques, ainsi que des organismes publics et parapublics imposent souvent, de manière plus ou moins voilée, à leurs administrés et collaborateurs, l’achat des cadeaux de fin d’année, alors que cette pratique ne doit revêtir aucun caractère contraignant», écrit le président Ahidjo dans sa circulaire du 19 avril 1979.

Le chef de l’Etat trouve donc incongru que cette pratique porte atteinte aux finances des jeunes administrations camerounaises, qui ont besoin de toutes leurs ressources pour développer le pays. Or, pour offrir ces cadeaux de fin d’année, les responsables de ces entreprises sont obligés de «prévoir chaque année  d’importants crédits aux budgets de leurs organismes », s’indigne le président, qui n’y verrait aucun inconvénient si ces fonds étaient extraits des bénéfices générés par les entreprises.

Fort de ces constats, Ahmadou Ahidjo instruit à ses ministres, vice-ministres, délégués généraux et gouverneurs des provinces de l’époque, « de ne plus accepter de cadeaux émanant de vos collaborateurs ou administrés, et de proscrire rigoureusement cette pratique dans les services et organismes publics et parapublics placés sous votre autorité ».

En prenant cette décision, le président de la République espère que le rendement des entreprises visées ne va plus être entravé par les besoins budgétaires non-prioritaires.

 

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