Le président d’Alternative Cameroun s’est confié à votre journal
Vous êtes Journaliste camerounais installé en France. Racontez nous votre parcours.
Aimé Richard Lekoa est né il y a une trentaine d’années à Zoatoubsi dans l’arrondissement d’Obala, d’une famille Esselé et d’un père cousin du tout premier, premier ministre camerounais André Marie Mbida.Après des études primaires et secondaires à Efok et au Lycée d’Obala j’ai décidé d’inscrire l’épisode gabonais dans ma formation intellectuelle à l’Université Omar Bongo. Aujourd’hui Après des masters de sociologie et de philosophie obtenus à l’Université Pierre Mendes France de Grenoble je me suis inscrit à L’ISPEF (Institut des sciences et pratiques de l’éducation et de la formation) de Lyon 2 en vue de la rédaction d’une thèse de Doctorat. Par ailleurs, j’ai suivi à distance des cours et obtenu un diplôme de journalisme. J’ai respectivement travaillé sur la pensée politique de Machiavel et sur l’immigration, la prostitution et la cyber prostitution des femmes camerounaises en région lyonnaise. Je suis installé à Lyon depuis 2002 où en marge de mes activités académiques et universitaires j’exerce comme journaliste indépendant en collaboration avec de nombreux organes de presse. Je suis à ce jour président d’Alternative Cameroun et membre actif de plusieurs autres associations poursuivant des buts aussi variés que le sport, l’éducation et la santé en direction du développement de notre pays.
Parlez nous D’ALTERNATIVE CAMEROUN – ALTCAM, la plateforme que vous animez.
Alternative Cameroun est un club indépendant de débats, d’analyses et de propositions sur le Cameroun. Comme il est indiqué c’est voir le Cameroun autrement tel qu’il se présente à ce jour, nous croyons qu’un autre Cameroun est possible, et nous en sommes convaincus. L’idée a germé à la suite des innombrables discussions que des amis et moi-même avions à chacune de nos rencontres dans des cadres informels. A chacune de nos rencontres revenait sur le tapis la sempiternelle question de la gouvernance de notre pays et chacun y apportait son regard incisif. Or, pas besoin de dessin pour se rendre compte qu’il existe une ségrégation politique, économique et sociale au Cameroun. Il existe un fossé entre ceux qui connaissent la promotion sociale et ceux qui la poursuivent ALTCAM est donc ce lieu d’échange interactif fort entre tous les camerounais sans censure jusqu’à la limite de la loi. Chacun devra s’emparer du sujet qui le préoccupe et le soumette au grand public. Des réunions publiques, des conférences, des journées d’échanges sont des moments de travail collectif et de rencontre avec le grand public. Face à tout cela, nous pensons courageusement que notre génération a une expérience à faire valoir ; elle a désormais son propre vécu, sa part de vérité. Et surtout, elle peut porter une méthode nouvelle. C’est à cette méthode que la plate forme veut réfléchir avec tous ceux qui pensent que la politique ne devrait plus se faire comme elle se faisait depuis presque 50 ans. Au c ur de cette démarche de réflexion commune, j’ai souhaité placer le mot Cameroun Parce que je suis convaincu que la question essentielle, c’est celle de notre identité, notre histoire dans un esprit de dialogue.
L’objectif de ce club, c’est donc d’être un vrai Creuset politique. Une boîte à idées, pour éclairer l’action politique, pour réfléchir ensemble aux débats sur notre régime, et imaginer à quoi pourrait ressembler le Cameroun dans 10 ou 20 ans. Pour se faire ALTCAM se veut une plate forme capable de ramener la politique à la noblesse de la bataille des idées, des projets de société et de gouvernance dans un ordre juste. Avec un an d’existence légale à Lyon, Alternative Cameroun est bien structurée et constituée d’un bureau directeur. Partie de deux membres fondateurs s’agrandit et compte à ce jour plusieurs membres, signe que l’objet de notre action suscite de l’écho et de l’adhésion auprès des camerounais. Je voudrai d’ailleurs ici lancer un appel à tous les sceptiques de nous rejoindre afin qu’ensemble nous réfléchissions sur l’avenir de notre pays et sortir de la léthargie actuelle. Le club est doté d’un espace de communication en ligne accessible à tous : www.altcam.skyblog.com. Un site internet est aussi en cours de réalisation.
A titre indicatif ALTCAM lance officiellement ses activités à Lyon le 15 Mai 2009 lors d’une journée d’échanges ponctuée sur le thème : Alternative, responsabilité et diaspora camerounaise. Des experts et des spécialistes animeront les débats.
Avez- vous des rapports avec les autres journalistes camerounais vivant en France?
Me demander si j’ai des rapports avec des autres journalistes camerounais vivant en France je dirai d’emblée Oui. Maintenant si vous me demandez quelle est la nature de ces relations, je pense que là réside tout le problème. Et c’est d’ailleurs dans ce sens que nous voulons uvrer au sein d’Alternative Cameroun, il nous faut des vraies structures fédératives, évacuer l’état de méfiance, de suspicion, de soupçon qui anime les uns vis-à-vis des autres. Je trouve absurde que nous voyions en l’autre un potentiel rival ou ennemi en retenant l’information qui pourrait lui être utile. Il faudrait peut être assainir nos relations et ne considérer comme ennemi commun que la réussite sociale. Pourquoi ne pas développer l’idée d’une union des travailleurs de la communication et de l’information ?

Vous êtes inscrit en thèse à Lyon lumière. Votre sujet dont l’intitulé est « Syndicalisme enseignant, éducation et politique au Cameroun de la période post-coloniale à nos jours. Du processus de professionnalisation des enseignants camerounais » a-t-il un rapport avec votre personnalité et vos combats. Quand on sait que le syndicalisme rime avec revendication.
Le syndicalisme rime avec revendication certainement, mais une étude sur le syndicalisme au Cameroun ne saurait se réduire à visiter les stratégies révolutionnaires. C’est une démarche scientifique, une tentative qui nous permettrait de comprendre l’une des multiples missions que se donnent aujourd’hui ces organisations à savoir la formation des membres, l’occasion aussi d’analyser l’émergence d’une société civile au Cameroun et surtout de saisir quels sont ses perspectives et ses défis actuels voire futurs. J’ai pris le cas du syndicalisme enseignant car je reste convaincu que l’éducation est la pierre angulaire du devenir de nos jeunes Etats. Or, quelle est la place qu’occupe l’enseignant au Cameroun par rapport aux travailleurs des autres secteurs et administrations, surtout aujourd’hui où il est accusé de privilégier griotisme et ventriotisme? Sans vouloir justifier leur choix le système les a réduits à la mendicité au point où certains se retrouvent à privilégier le professionnalisme au carriérisme primaire. Surtout quand ils comparent leur situation sociale et matérielle à celle de leurs collègues des autres administrations de la fonction publique et du même échelon. On est arrivé à se demander si le métier d’enseignant n’était pas le dernier de la chaîne des professions et pourtant sans enseignant il n’y a point de métier dans une société. Maintenant vous me demandez si ce choix a un rapport avec ma personnalité, sans doute car chaque chercheur se laisse guider par ses convictions, mais aussi par les réalités phénoménologiques ou sociales telles quelles s’imposent à lui. Dans ce cadre là, je n’ai donc pas de combat, mais je m’efforce de saisir un phénomène et de proposer un sens qui puisse servir les intérêts de tout camerounais qui s’intéresse à la construction de nos institutions et surtout à la place qui est laissée à l’individu à travers des organisations de la société civile.
Vous avez donc un regard d’observateur sur ce que le Cameroun vit sur le plan politique et social?
Me considérer comme un observateur serait admettre l’aberration selon laquelle le camerounais de la diaspora n’a pas son mot à dire sur ce qui se passe au Cameroun. Cela est bien une erreur, car par le phénomène du merveilleux j’oscille entre la France la journée et le Cameroun la nuit. Je pense que jusqu’ici je suis un citoyen engagé qui a droit au chapitre et qui contribue patriotiquement à l’analyse de la situation sociale et politique de son pays. Je pense d’ailleurs que notre diaspora riche, hétéroclite peut aussi être un bon levier de développement pour le Cameroun. Plus qu’un observateur je m’implique activement et sans activisme sur la construction d’une vision future du Cameroun. Je me dois donc de rester collé à l’actualité et tant mieux je me donne les moyens en tout cas je l’espère pour réaliser ce dessein.

Une question au doctorant que vous êtes: y a t il des intellectuels au Cameroun?
C’est toujours un lieu commun que de penser qu’il n’y a pas d’intellectuels au Cameroun, je crois que c’est un faux débat. Certes avons-nous beaucoup de diplômés, cependant si la non présence communicationnelle, médiatique de nos hommes de sciences lors des questions d’actualité brulante suffisait pour penser que nous n’avons pas d’intellectuels, alors là je donnerais raison à ceux qui le pensent. Maintenant quelle est la place qui est réservée à nos hommes de science, quel traitement social leur est il réservé ? L’intellectuel camerounais est il encore cet érudit de l’allégorie de la caverne platonicienne dans un monde où l’ambition et le goût du gain ont travesti l’activité intellectuelle ? Cet intellectuel est il aussi parfois écouté ou du moins consulté ? Il faut déjà sortir de ce schéma désuet qui accorde plus d’importance et de crédit à une expertise venant d’ailleurs plutôt qu’à celle d’un camerounais, commencer par reconnaître leur mérite serait un premier pas pour davantage les stimuler.
D’autre part on ne peut manquer de faire le distinguo entre instruction et esprit de jugement. Or, l’instruction ne supplée pas toujours au défaut de jugement surtout si on fait de ses connaissances un usage scolaire et scolastique.
Quel type de musique aimez-vous?
En bon Bantou, j’adore le Bikutsi, les anciens Makossa et bien évidemment les slows
Que lisez-vous en ce moment comme livre?
J’ai comme auteurs de chevet Machiavel, pour ses idées politiques et Check Hamidou Kane l’aventure ambiguë que je ne quitte pas car j’estime que nous sommes toujours à la quête de notre identité (politique, culturelle.) identité tout court.
Si on veut vous faire plaisir, on vous sert quoi à manger ?
Sans hésitation un bon Zôm, en Eton môm me ferait plaisir j’adore.
