Une cellule de crise est ouverte et les populations sont invitées à déclarer toute trace de pétrole
Alerte à la pollution
La nouvelle s’est généralisée hier seulement à travers l’Agence France Presse (AFP). Dans la nuit de mercredi à jeudi un déversement accidentel de pétrole d’un terminal en mer s’est produit au large de la ville de Kribi, localité balnéaire au sud-Cameroun. L’incident aurait eu lieu à 12 km des côtes. Une unité de la base navale s’est rapidement déployée sur place et a estimé que la quantité de pétrole déversée n’était pas très importante, d’après une information donnée à l’AFP par une autorité administrative locale ayant requis l’anonymat. A l’occasion du chargement du fuel dans un tanker de la plate-forme de Cotco (Cameroon oil transportation company, qui gère le pipeline pétrolier Tchad-Cameroun), le vent a provoqué la déconnexion du flexible et le pétrole (brut léger) a coulé sur le tanker avant de s’écouler dans la mer, a ajouté cette source. Il semble que la quantité de pétrole déversée n’ait pas été très importante. Je reviens de Kribi et on ne nous en a pas parlé, en tout cas nous étions à la plage et nous avons rien remarqué, affirme Melissa Nandou qui revenait d’un weekend passé dans la localité. A la Cameroon Oil Transportation Company (COTCO), l’entreprise qui exploite le pipeline, on fait peu de commentaire sur la situation.
Une situation sans grande gravité
Une source néanmoins proche de cette structure s’est voulu rassurante. La situation n’est pas si grave que ça, parce qu’à la construction, nous avons prévu des filtres tout autour de cette zone en prévention d’une éventuelle fuite. C’est le cas aujourd’hui. Les filtres vont recueillir le brut et ce n’est qu’une infime partie qui s’y échappe a déclaré une source proche de cette entreprise sous couvert d’anonymat. Une assurance que confirme l’AFP qui fait savoir que selon une autorité administrative, une cellule locale de crise a été créée et les autorités ont survolé la zone de l’incident vendredi tandis que l’exploitant Cotco a dispersé la nappe de fuel avec un «produit approprié».
Cet incident est le deuxième du genre depuis la mise en fonction du terminal de Kribi en 2003. Le 15 janvier 2007, du pétrole brut s’était déversé dans les mêmes conditions à 12 kilomètres des côtes. Ces incidents successifs n’ont jusqu’ici causé aucune incidence de grande ampleur. Dans la communauté de Kribi, de nombreux observateurs parfois proches de la gestion déplorent tous ces accidents qui pourraient un jour avoir des conséquences graves et incalculables pour le milieu marin et le tourisme. Ce sont là les principales activités desquelles les populations tirent leurs sources de revenus.
Des populations ignorantes du danger
Une source jointe par téléphone a affirmé que la ville de Kribi est écartée de la formation de l’observatoire pour le contrôle de la pollution pour ces activités. Il n’existe même pas un fonds de solidarité aux populations à titre compensatoire en cas de pollution avérée, alors que si cela arrivait, elles seraient perturbées dans l’exercice de leurs activités traditionnelles de pêche en mer. Long de 1.050 kilomètres, l’oléoduc Tchad-Cameroun a été construit pour relier les champs pétrolifères de Doba, dans le sud-ouest tchadien, au terminal maritime camerounais de Kribi (sud-ouest). De nombreuses associations se plaignent d’un projet qui néglige parfois les exigences de la gestion environnementale. De nombreux experts pensent que les entreprises qui exploitent le terminal doivent aussi former les populations à faire face à l’éventualité d’une marée noire, même accidentelle. Une marée noire est une catastrophe industrielle et écologique se traduisant par l’échouement en zone côtière d’une nappe d’hydrocarbures. Cette nappe résulte du déversement volontaire ou accidentel d’une importante quantité de pétrole brut ou de produits pétroliers lourds en mer et qui seraient ramenés vers la côte par l’effet des marées, des vents ou de courants. Les marées noires ont un impact global à la fois écologique, économique et sanitaire. Les grandes marées noires sont des événements spectaculaires et tragiques qui jalonnent l’histoire du transport des hydrocarbures.