Aucune véritable résolution n’a été prise au cours de cette conférence caractérisée par de nombreux échanges
Pas de véritables résolutions
Le niveau très élevé des discussions n’aura pas permis de dégager un ensemble d’engagements concrets. Dans la déclaration finale, les participants se sont accordés sur un certain nombre de points sans véritablement prendre de résolutions chiffrées. Les participants se sont accordés sur le fait que le XXIème siècle était celui de l’Afrique et ont mis leur foi dans les capacités de l’Afrique à générer innovation et progrès en s’appuyant sur ses valeurs humaines, la force de sa jeunesse, la richesse de son environnement et l’abondance des ressources de son sol et de son sous-sol. Ils se sont aussi accordés sur le refus d’une Afrique marginalisée dans la vie politique et économique internationale. Dans cette perspective, ils ont exprimé la volonté de voir l’Afrique prendre toute sa place dans la recherche des solutions aux problèmes qui assaillent le monde aujourd’hui. Il ressort aussi dans la déclaration finale de cette conférence, que l’Afrique des prochaines générations doit pouvoir se prendre en main sur tous les plans. Le premier défi mis en évidence a été celui de l’alimentation. L’Afrique ne doit plus importer pour manger, elle doit, si nécessaire, protéger temporairement son agriculture. Les questions du renforcement du partenariat entre les secteurs public et privés, la recherche des solutions aux conflits et une meilleure gestion des crises internationales ont aussi été retenues. N’étant parvenus à s’accorder sur au moins un point d’engagement, les participants se sont limités à «mettre en place un comité international de suivi» des principaux points qui ont fait l’objet de la déclaration finale.
Entre les lignes de la conférence Africa 21
Quelques interventions au cours de cette conférence auront néanmoins retenu l’attention. Le vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), Kordjé Bedoumra, a insisté sur la nécessité pour les Etats africains de mettre en uvre les réformes. Sur le plan des textes, des progrès ont été réalisés. Mais dans les faits c’est une autre histoire. Dans les années à venir, le défi à relever réside dans la mise en uvre de ces textes. Il y a encore beaucoup à faire a-t-il déclaré dans le cadre d’un entretien avec quelques journalistes. Une idée reprise sous une autre forme par le président Paul Biya. Aussi pertinente, l’intervention de la directrice générale adjointe de l’OMC, la rwandaise Valentine Rugwabiza. Elle a invité à la prudence sur les prévisions de croissance en hausse de l’économie retrouvée par l’Afrique. La structure de ces économies reste encore très marquée par l’héritage du système commercial colonial orienté sur l’exportation brute de matières premières, a-t-elle fait remarquer. Elle a invité les dirigeants africains à travailler pour une plus grande promotion des intégrations économiques. Pour exemple, les échanges entre Etats d’Afrique centrale, dont fait partie le Cameroun, atteignent à peine 3%. C’est un énorme handicap, a déploré Rugwabiza. Une déclaration très forte aussi aura été celle de Mohamed el Baradai. Dans une interview accordée au site 20 minutes.fr, l’ancien directeur de l’agence internationale de l’énergie atomique a insisté sur la nécessité pour les populations de faire de plus en plus pression sur les dirigeants pour les forcer à appliquer la bonne gouvernance. Il y a certes beaucoup de peur. Mais il y a aussi plus de courage, maintenant a-t-il déclaré.

Une déclaration finale prévisible
A l’analyse du déroulement de la conférence et des différentes interventions la déclaration finale ne surprend pas. Difficile de traiter le problème de l’Afrique dans la globalité. Trois blocs socio-culturels y existent et connaissent des réalités économiques différentes. Le Maghreb qui a une plus grande maitrise de sa gouvernance économique, l’Afrique anglophone qui a su tirer profit du partenariat avec le secteur privé et l’Afrique francophone où se retrouvent la plus part des difficultés qui ont été évoquées lors de la conférence de Yaoundé. Un autre constat a été celui de l’absence parmi les intervenants des représentants des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale). Ils auraient pu s’exprimer sur la pertinence des programmes d’ajustement structurel et la responsabilité de leur échec. Certaines interventions effectuées au cours de la conférence n’ont pas convaincu tout le monde. Un exemple est celui de la compétitivité des prix des produits africains sur le marché international. François Bourguignon, Directeur de l’Ecole d’économie de Paris attribue cette situation à des problèmes structurels. Il faut investir dans des routes, dans les ports… pour baisser les coûts de production, d’exportation. Imaginez qu’aujourd’hui, le coût du commerce de l’Afrique vers l’extérieur est trois fois plus élevé que pour l’Asie et l’Amérique latine, a-t-il indiqué dans une interview à des journalistes. Pourtant la plupart des spécialistes s’accordent à dire que pour ce qui est des pays de la zone franc CFA qui souffrent de ce problème, l’une des causes de cette situation est le caractère fixe du taux de change du franc CFA et de son rattachement à l’euro, la monnaie européenne, via le trésor public de France.
