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Cameroun : Bruno Bekolo Ebe, l’agent-comptable et l’affaire des 3,4 milliards de F

Accusé de s’être transformé en comptable de fait en cosignant des chèques de retrait de fonds dans les banques avec…

Accusé de s’être transformé en comptable de fait en cosignant des chèques de retrait de fonds dans les banques avec l’agent comptable de l’Université de Douala à l’époque des faits, l’ancien recteur a opposé des textes et des témoignages contre la position de l’accusation qu’il n’a pas hésité à qualifier d’absurde.

Le compte rendu d’audience est de Kalara. L’interrogatoire de l’ancien recteur Bruno Bekolo Ebe se poursuit dans la cadre de son second procès devant le Tribunal criminel spécial (TCS). Lors de la dernière audience, il s’est expliqué sur le détournement présumé de 3,4 milliards de francs réalisé entre 2007 et 2010, infraction pour laquelle il est poursuivi en coaction avec M. Fon Ruben Akoumah, ancien agent-comptable de l’Université de Douala, en fuite.

Cette charge se subdivise en trois composantes : les retraits de fonds au trésor (1,2 milliard de francs) d’une part, les retraits de fonds dans les comptes bancaires (2,1 milliards de francs) d’autre part, puis des malversations présumées sur une somme de 34,7 millions de francs issus d’une caisse d’avance créée au niveau du rectorat de l’Université de Douala. Ces griefs ont été imputés aux accusés par une mission de vérification du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe).

Lors de son dernier rendez-vous avec la justice, M. Bekolo Ebe, répondant aux questions de son avocat, Me Foe Donald, ne s’est exprimé que sur les retraits des fonds au trésor et dans les comptes bancaires de l’université. On l’accuse d’avoir, «sans qualité», cosigné avec M. Akoumah les chèques à base desquels l’argent en cause a été décaissé, et sans rapporter la preuve du reversement de cet argent ni dans les caisses du rectorat ni celles des différents établissements de l’université.

La mission de contrôle du Consupe n’aurait pas retrouvé trace de ces transactions financières dans les livres journaux-caisses que tenait son coaccusé. Et l’ancien recteur est tenu pour «comptable de fait» par l’accusation.

D’emblée, l’ancien recteur a opposé que sa responsabilité par rapport à ce grief ne peut être engagée «sous aucune manière» eu égard au principe de la séparation des fonctions de l’ordonnateur et du comptable. Pour lui, «cette accusation n’a aucun fondement ni en droit ni en fait». Pendant plus de 5 heures d’explications, il a avancé plusieurs raisons pour démonter chaque grief.

Absurdité totale

S’appuyant sur divers textes de législatifs et réglementaires, M. Bekolo Ebe a expliqué que « du point de vue juridique », la tenue de la comptabilité et des documents comptables, la conservation des  fonds et valeurs, les pièces justificatives de dépenses ainsi que la garantie de sincérité des écritures comptables sont de la responsabilité exclusive » du comptable.

Il indique que pendant son passage  devant le conseil de discipline budgétaire et financier (Cdbf), M. Akoumah l’avait entièrement « dédouané » dans une correspondance adressée au président de l’institution le 10 juillet 2012. Dans cette correspondance  dont lecture intégrale a été donnée par l’ex-recteur, on retient de manière globale que l’ex-agent-comptables, texte à l’appui, revendique « sa responsabilité exclusive » comme déjà mentionnée  sur toutes les opérations financières à l’université de Douala.

Bekolo Ebe souligne le fait qu’une mission conjointe du ministère des Finances (Minfi) et de la direction générale du Trésor avait été dépêchée à l’université pour la passation de service entre M. Akoumah et son remplaçant, M. Aziz, aux fonctions d’agent comptable. Lors de cette cérémonie, cette mission mixte avait effectué un «contrôle de comptabilité» couvrant la période allant de 2007 et 2010 au terme duquel un déficit de caisse à hauteur de 9,6 millions de francs avait été mis en lumière et imputé à M. Akoumah.

Ce dernier l’avait, du reste, entièrement reconnu, s’engageant à le régulariser. De ce fait, l’accusé témoin considère que la conclusion du Consupe, donc l’accusation, relèvent d’une «absurdité totale». Selon l’ancien recteur, «les contrôles des deux missions ayant été fait sur la même période devraient, en toute logique, aboutir aux mêmes résultats ou à tout le moins à des résultats et des conclusions proches ».

La différence aussi grande, signifie que l’une des missions n’a pas fait du bon travail. M. Bekolo Ebe se veut formel au sujet de la source de l’écart : «la carence et la défaillance ne peuvent être que de la mission du Consupe qui n’a respecté aucun principe, aucune règle de la profession comptable ».

Il indique que le résultat de la mission du Minfi, contrairement à ce qu’affirme celle du Consupe, démontre que les fameux 3 milliards de francs de retraits en espèces ne sont pas sortis de la caisse du trésor et des banques et donc n’avaient pas à être reversés dans une caisse.

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