Leurs adeptes espèrent y trouver le salut
Le Cameroun est l’un des pays africains où l’Eglise est devenue pour certaines couches sociales, un véritable tremplin pour le bonheur. La loi de 1990 consacrant la liberté de culte, est venue amplifier la création des chapelles un peu partout dans les grandes métropoles du pays. Un pays où le catholicisme était encore jusqu’à un passé récent, la religion de prédilection de nombre de chrétiens.
Au Cameroun de nouvelles églises ont pignon sur rue, on les retrouve dans presque tous les quartiers, chacune proposant à ses adeptes le bonheur absolu. Les dimanches, certains domiciles sont pris d’assaut par des gens se réclamant Témoins de Jehova, pour annoncer la bonne nouvelle. Bible et brochures en mains, ces envoyés du Christ sont à même de réciter des passages bibliques pour convaincre les esprits peu outillés en connaissances bibliques. Leur but, jamais avoué, est pourtant de vous faire adhérer à leur religion. Ici on chante on danse, on dirait une fête. Des tenues bien précises sont parfois imposées aux fidèles, c’est généralement le blanc et le noir et la marche à pieds nus. J’aime l’ambiance et quand nous chantons ça nous procure la bonne humeur raconte une fidèle d’une église dite réveillée située au quartier Biyem-Assi à Yaoundé, une ville où le tintamarre de ces églises n’est pas du goût de tout le monde. Il y a une église dans mon quartier où les gens pleurent quand ils prient ça nous met souvent mal à l’aise, nous confie un témoin.
En effet, dans certaines de ces églises, les pleurs sont le signe de repentance et de confession pour les péchés commis. Dans les quartiers, les dénominations sont multiples, Mission de plein évangile, Eglise évangélique, Eglise baptiste, Eglise presbytérienne, Eglise apostolique et néo apostolique, La vraie église de Dieu, Les témoins de Jehova, Eglise protestante, Eglise du christianisme céleste, Eglise du combat spirituel, La sainte église de dieu, Jésus revient bientôt, etc. La plupart de ces religions sont considérées comme des sectes par une certaine opinion. Selon un religieux, la prolifération des sectes au Cameroun, découle du laxisme des pouvoirs publics dans leurs missions de contrôle de tout mouvement religieux illégal qui s’installent au Cameroun.
Le gouvernement reconnaît officiellement près de 80 congrégations qui ont des autorisations de fonctionnement, mais concrètement, c’est près de 200 églises qui sont en activité au Cameroun. En quête d’une foi nouvelle, les populations se ruent vers ces églises dans l’espoir d’être en phase avec Dieu. Selon Pierre Marie Kamdem, sociologue, les populations qui s’adonnent à ces nouvelles églises sont celles qui veulent verser dans la facilité, croyant qu’en priant simplement ou en se pliant à certaines pratiques, iront tout droit au paradis. Il est donc courant d’observer que la plupart des fidèles de ces églises sont pratiquement manipulés par leurs pasteurs, qui sont en fait de véritables gourous pour ces hommes et femmes d’une naïveté légendaire. Dans certaines de ces églises, les fidèles cotisent d’énormes sommes d’argent pour le pasteur qui roule carrosse, tandis que leurs propres familles croupissent dans la pauvreté, la famine et la misère. Au carrefour Ttrois morts à Douala la capitale économique, le pasteur d’une célèbre église réveillée du coin était plein aux as grâce aux efforts des pauvres fidèles. Les batailles d’intérêts financiers qui ont secoué l’église Presbytérienne du Cameroun, démontrent autant que faire se peut, que certains pasteurs sont aujourd’hui beaucoup plus motivés par l’esprit du lucre.
Les victimes de ces vrais faux pasteurs, sont nombreuses. Selon un parent d’une victime de ces églises réveillées, une dame qui versait déjà les deux tiers de son salaire, à son gourou de pasteur, avait été séquestrée, battue puis violée par ses prétendus « frères en Christ» qui disaient vouloir la désenvoûter. Dans une autre église dite réveillée, il est interdit d’amener les malades dans un centre hospitalier, car les prières du pasteur sont plus puissantes que la nivaquine face au paludisme par exemple. Les populations du quartier Biyem-Assi à Yaoundé ont vécu une histoire similaire il y a quelques années. Dans certaines universités, le phénomène prend aussi de l’ampleur au point où certains étudiants finissent par entraîner leurs camarades dans des chemins déviants. En 2006, trois étudiants avaient été exclus de l’université de Ngaoundéré pour pratique de secte et de sorcellerie. Les trois étudiants avaient copieusement battu, leur camarade pendant près de sept heures de temps pour dit-on, débarrasser la pauvre jeune fille, d’un serpent qui serait enfoui en elle et la rendrait stérile. Faites donc attention, car il existe un seul et unique Dieu.