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Cameroun: Début du procès de sept syndicalistes

La justice leur reproche d'avoir organisé une manifestation illégale devant les services du premier ministre à Yaoundé Une revendication qui…

La justice leur reproche d’avoir organisé une manifestation illégale devant les services du premier ministre à Yaoundé

Une revendication qui a mal tourné…
Sept syndicalistes camerounais accusés d’avoir organisé une «manifestation illégale» devant les services du premier ministre ont comparu ce lundi devant le tribunal de première instance du Mfoundi, à Yaoundé.. Ce procès concerne le président de la centrale syndicale du secteur public au Cameroun (CSP), Jean-Marc Bikoko, et six autres membres de ce syndicat. « Il vous est reproché les faits de manifestation illégale », a fait savoir la présidente du jury aux prévenus, qui ont tous plaidé non coupable. M. Bikoko et ses camarades avaient été interpellés le 11 novembre alors qu’ils s’apprêtaient à prendre part à une mobilisation devant les services du Premier ministre Philémon Yang, auquel ils souhaitaient remettre un mémorandum sur leurs revendications. « Nous voulions le faire de manière pacifique », a déclaré un des syndicalistes. Les autorités locales semble-t-il, leur avaient indiqué que leur manifestation était interdite pour non-respect de délais légaux. La CSP réclame notamment « l’harmonisation de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour tous les personnels de la fonction publique », cet âge variant selon les corps de métier. Elle demande aussi le « rétablissement des salaires » dans le public « à leur niveau de décembre 1992 » les salaires des fonctionnaires avaient connu une double baisse allant jusqu’à 70% entre janvier et novembre 1993. Les syndicalistes revendiquent aussi une revalorisation de 30% de ce salaire initial. Ce n’est pas la première fois que ce syndicat de travailleur du secteur public fait entendre parler de lui. En Novembre 2007, la même centrale syndicale avait menacé de mener un mouvement de grève au sein de la fonction publique camerounaise. Le ministre Nkili en charge du travail et de la sécurité sociale avait en ce temps là indiqué toute éventuelle manifestation illégale, au regard de la procédure applicable Cameroun en matière de revendication sociale.

…Sur une question aussi délicate que le salaire des fonctionnaires
Trois après, les revendications n’ont pas beaucoup évolué, signe que les négociations n’ont pas été positives pour les revendiquants. Il existe aujourd’hui un réel problème dans la fonction publique que les autorités semble vouloir ignorer. Malgré l’amélioration de la situation économique avec la fin des mesures d’ajustement structurel et l’atteinte de l’initiative pays pauvre très endetté, les fonctionnaires camerounais qui avaient payé le lourd tribut des temps durs, attendent toujours de percevoir une amélioration significative sur leurs revenus. En 2008, suite aux émeutes dites de la faim, le gouvernement camerounais avait consenti à procéder à une augmentation de 20% sur le salaire et certaines autres indemnités. Une mesure qui semble aujourd’hui ne pas suffire. De même les fonctionnaires à qui on exige probité et intégrité souffrent des écarts importants de revenu, qui existent avec le secteur privé. Pour un travail équivalent dans le secteur privé, on gagne parfois trois fois moins dans le secteur public. Pourtant l’Etat ne peut procéder à des augmentations de salaire de l’ordre de 100% aujourd’hui. D’une part si cela arrivait, il s’en suivrait tout d’abord une inflation difficilement maitrisable en raison de l’affectation globale des revenus à la consommation quotidienne. Il y’aurait ensuite un creusement du déficit commercial, dans un contexte où face à une explosion de la demande, la production intérieure très faible sera supplée par des importations massives néfastes pour l’épargne nationale. D’un autre côté, l’Etat semble ne même pas être en possession de cet argent, puisque pour la deuxième année consécutive, il a recours au déficit public pour financer son budget. Le procès des syndicalistes a été reporté au lundi 20 décembre 2010. Les prévenus encourent entre 15 jours et six mois d’emprisonnement.


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