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Cameroun: des drones pour surveiller son champ de tomates

A raison de cinq mille FCFA le quart d'heure de vol, les agriculteurs peuvent contrôler le travail des employés ou…

A raison de cinq mille FCFA le quart d’heure de vol, les agriculteurs peuvent contrôler le travail des employés ou l’état de santé des plantes

Les sourcils froncés et les yeux tournés vers le ciel, Eveline Tindeu suit l’évolution d’un mini-drone qui survole son champ. Après une dizaine de minutes de vol, l’engin cesse de tourner au-dessus des têtes et revient se poser au sol. Cette agricultrice vivant à Bamenda au nord-ouest du Cameroun utilise les mini-drones pour la surveillance de sa plantation.

«Le drone me facilite la vie. J’ai une vaste plantation et ce n’est pas toujours aisé d’en faire le tour. Le drone survole le champ. Lorsqu’on visionne plus tard les images qu’il a prises, on vérifie que tout va bien. Le drone peut par exemple détecter les plants qui sont malades», explique Eveline Tindeu rencontrée par Anadolu.

Une séance de survol, variant entre 10 et 15 minutes, coûte à Eveline quelque 5000 CFA, l’équivalent d’une dizaine de dollars. Mais les prix sont variables en fonction du type de l’activité du client.

Ces engins appartiennent à Guy Moffo, un jeune entrepreneur qui dispose de huit mini-drones, ne dépassant pas, chacun, quelques dizaines de centimètres. Guy Moffo offre des services de surveillance des plantations aux agriculteurs. Selon un calendrier établi avec le client, il se rend au champ, fait des images aériennes qu’il montre ensuite à l’agriculteur. En général, le souci de ces agriculteurs est de savoir si les employés ont effectué le travail comme cela leur a été demandé, ou encore de savoir si tout va bien dans leurs plantations, s’il n’y a pas de plantes malades par exemple. C’est plus facile d’utiliser un drone que de parcourir des hectares pour vérifier les plants un à un.

«Les drones s’utilisent dans tous les domaines. Pour parler de l’agriculture, placés à un bout de son champ, ils peuvent parcourir un kilomètre sans qu’on ne soit obligé de se déplacer soi-même, ils permettent ainsi de surveiller des champs, des grands espaces cultivables», explique Guy Moffo, rencontré à Bamenda par l’agence Anadolu. «On peut envoyer le drone fouiller tout près des récoltes pour pouvoir observer le comportement des plantes. Je pense que c’est un outil dont les agriculteurs devront de plus en plus faire usage», ajoute-t-il.

Guy Moffo exerce ce métier depuis deux ans, une activité qu’il a commencé par passion. «Je suis quelqu’un de très intéressé par tout ce qui est innovation en technologie. Lorsque j’ai vu un drone pour la première fois de ma vie, j’ai été émerveillé. Utiliser un drone n’est pas comme s’asseoir devant la télévision et voir ce que les autres font. Avec le drone tu es aux commandes. C’est la joie de piloter qui me motive», explique Guy Moffo.

Si ce jeune entrepreneur de 28 ans a choisi d’utiliser ses drones dans l’agriculture, d’autres opérateurs s’en servent dans divers domaines. Il s’agit de la surveillance des chantiers de construction, du tourisme pour la promotion de la destination Cameroun, ou encore du loisir, lors du tournage des clips vidéos par exemple.

Propriétaire d’une agence de voyages, Alexandre Pemga offre de nouvelles méthodes de visite des sites touristiques à ses clients. «Je propose à mes clients d’avoir une vue aérienne des sites qu’ils visitent. Alors qu’ils se rendent dans un endroit, je prends des images aériennes de ce site. Ils pourront ensuite revoir ces images chez eux. C’est un plus par rapport à ce que d’autres agences de voyage proposent», explique Alexandre Pemga.

Le service public s’intéresse également, depuis peu, à cet outil. Pour les besoins des cartographies, des communes s’y mettent en sollicitant ces engins volants. Des entreprises privées s’y intéressent de près en abandonnant le recours, jusque-là, systématique aux hélicoptères. Les arguments mis en avant: la rentabilité et la simplicité de la procédure.

« On pourrait, comme cela a été le cas jusqu’ici, faire appel à des hélicoptères, sauf que ceux-ci nous coûtent 2000 USD l’heure, contre 300 USD pour un drone. En plus, on est dispensé de solliciter des autorisations de survol » a déclaré à Anadolu Mathieu Onguéné, dont l’entreprise travaille avec des communes pour réaliser la cartographie des terrains à viabiliser.

Il n’y a pas encore de statistiques sur le nombre de personnes qui utilisent les drones civils au Cameroun. Mais, le ministère des Postes et Télécommunications pense qu’il y a entre 10 et 15 entreprises de vulgarisation des drones qui les utilisent auprès de plusieurs centaines de clients. Entre temps, l’utilisation de ces engins volants, jusque-là importés des Etats-Unis, est promise à un bel avenir dans le pays.

Comme Wiliam Elong, un Camerounais de 23 ans diplômé de l’Ecole de guerre de Paris, ils sont plusieurs à ambitionner, désormais, d’en fabriquer. Il ne manquerait, presque, que le financement.


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