Le ministre l’emploi et de la formation professionnelle a suspendu 35 d’entre elles et averti 31 autres
66 entreprises dans le viseur du ministre camerounais de l’emploi et de la formation professionnelle. Zacharie Perevet a rendu publiques mercredi 3 août 2011, deux décisions portant sur les entreprises opérant dans le domaine des emplois temporaires. 35 d’entre elles ont été suspendues pour non respect de l’obligation de renouveler leurs agréments. Pour les 31 autres, elles ont juste fait l’objet d’un avertissement avec obligation de se conformer dans un délai de trois mois. Ces dernières se voient reprochées le refus de signer des contrats aux personnes qu’elles emploient, le refus aussi de produire pour des besoins de contrôle, des statistiques relatives au nombre des travailleurs sous leur contrôle et enfin pour entrave aux contrôle des services compétents.
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Zacharie Perevet |
Toutes les entreprises averties opèrent dans la capitale économique Douala. Au ministère, on apprend que la volonté du ministre d’améliorer les choses est sérieuse. « Beaucoup d’entreprises continuent de violer les droits de certains employés qui parfois ne reçoivent pas leurs salaires ou alors, un moindre document qui prouve que ces jeunes là ont déjà exercé quelque part, et ce n’est pas sérieux, lorsqu’on connait l’importance de l’expérience professionnelle aujourd’hui » a fait savoir un responsable de ce ministère. Au regard du contexte, il ressort que les décisions du ministre si elles ont le mérite de rappeler à l’ordre du jour l’obligation des uns et des autres de respecter la réglementation en vigueur, risque de ne pas être efficace si elles ne s’accompagnent pas d’un suivi dans leur effectivité. Face au chômage galopant, les jeunes en quête d’emploi n’ont d’autre choix que de se laisser enrôler dans des aventures professionnelles, parfois peu ou pas du tout qualificatives.
En décembre 2010, des releveurs de l’opérateur AES Sonel avaient décidé de faire une grève en raison de la précarité de leur situation. En première position de leurs revendications, l’inexistence des contrats de travail et l’absence de sécurité sociale. L’opérateur s’était déchargé du problème en faisant savoir qu’il n’était nullement responsable de cette situation, et que les grévistes devaient en référer à l’agence Intérima, une agence spécialisée dans le placement des emplois temporaires de la ville de Douala. La grève a été calmée, mais en interne et sous anonymat, de nombreuses personnes employées dans ces conditions se plaignent toujours. Pour des experts, le ministère au-delà des entreprises concernées directement, devrait faire opposer sa volonté aux entreprises utilisatrices. « Il y a bien quelqu’un qui bénéficie de ce travail temporaires. Les entreprises ne peuvent pas se cacher derrière le fait qu’elles ont passé un contrat avec une agence d’intérimaire, il doit être de leurs responsabilité de s’assurer que les personnes qui sont à leurs services, le sont conformément à la réglementation », fait remarquer un autre responsable du ministère camerounais de l’emploi. Pour les plus sceptiques, c’est une question de système et le gouvernement devrait d’abord balayer devant sa porte. « Regardez le nombre de temporaires qu’on a dans les administrations publiques ou parapubliques. Ils sont là à quel titre et sur quelles bases ? personne ne sait. Pour que la décision du ministre soit pertinente, il faut d’abord qu’elle sanctionne l’administration publique qui elle aussi viole impunément la réglementation en matière de travail temporaire », fait remarquer un observateur. Au ministère on relativise la remarque et les responsables concernés se disent prêts à aller jusqu’au bout de la logique du ministre, pour les entreprises frappées par la décision.