Ils ont été acquittés en appel et devraient voir suspendue la condamnation à cinq ans de prison qu’ils avaient écopée en novembre 2011
Franky 23 ans et Jonas 22 ans, les deux jeunes camerounais condamnés fin novembre 2011 à 5 ans d’emprisonnement après avoir été reconnus coupables de pratique homosexuelle, ont été acquittés le 07 janvier 2013 par la cour d’appel du centre. Les deux jeunes avaient été arrêtés en 2011 en raison de leur habillement féminin et de leur maquillage. La défense a toujours dénoncé un « délit de faciès », avis auquel semble s’être rangé la Cour d’Appel, qui a jugé que d’un point de vue du droit strict, rien ne prouvait l’existence du délit d’homosexualité, pratique interdite au Cameroun. La nouvelle ouvre la voie à d’autres perspectives de libération de personnes poursuivies pour cette pratique. « C’est une décision qui nous soulage et nous émeut, a déclaré Maître Alice Nkom, avocate au barreau du Cameroun et présidente de l’association de défense des droits des homosexuels, selon des informations rapportés par BBC ». « Et même si nous célébrons… nous renouvelons notre appel au président Paul Biya à libérer tous les autres prisonniers condamnés pour homosexualité présumée sous la loi camerounaise injuste contre l’homosexualité », a-t-elle ajouté. La même Cour d’appel a confirmé le 17 décembre 2012 dernier, la condamnation d’un autre jeune Camerounais, Roger Mbédé, à trois ans de prison ferme « pour homosexualité ». De nombreuses organisations internationales continuent de mettre la pression sur le gouvernement camerounais, afin que cesse d’y être criminalisée l’homosexualité. Elles font savoir que le code pénal camerounais enfreint les lois internationales relatives aux droits humains, notamment le droit à la vie privée.
Une petite victoire dans une bataille difficile. Libérés de la justice, les deux jeunes camerounais risquent d’avoir une intégration sociale difficile. Au-delà de la loi, la question de l’homosexualité est fortement critiquée, aussi bien dans la morale collective, que dans les différentes religions. Une homophobie renforcée par le fait qu’une bonne partie de l’opinion est convaincue que les adeptes de cette pratique asservissent le pays et maintiennent ceux qui ne veulent pas être comme eux dans la pauvreté. En 2010, l’église avait menacé de se soulever contre la ratification de l’accord de Maputo sur le droit des femmes africaines, arguant que le texte encourageait la possibilité pour des femmes d’avoir des relations intimes avec d’autres femmes. « Les Occidentaux veulent nous imposer les excroissances de leurs civilisations. Nous n’en voulons pas. Nous devons préserver nos valeurs culturelles. L’homosexualité n’en fait pas partie. Notre loi la condamne. C’est pourquoi nous la combattons », a souvent fait savoir Sismondi Barlev Bidjocka, président du Rassemblement de la jeunesse camerounaise (RJC) qui revendique plus de 400 associations de jeunes. C’est vers 2005 que l’homophobie a franchi une nouvelle étape, notamment par l’Église et les médias, avec la célèbre affaire des listes. Dans son homélie à l’occasion de la dernière messe du 25 décembre 2012, l’archevêque de Yaoundé, Victor Tonyé Bakot, a une fois encore dénoncé l’homosexualité, la désignant de « perversion ». Cependant, malgré son déni social et moral, l’homosexualité semble gagner du terrain au Cameroun.