Les employés annoncent le début d’un débrayage la veille de l’arrivée du souverain pontife au Cameroun
Dans une lettre conjointement signée par le Syndicat national de la Communication(Synacom) et par la Confédération des Syndicats autonomes du Cameroun (Csac), des employés de la cameroon telecomunication (CAMTEL) ont signifié un préavis de grève au directeur général David Nkoto Emane. Selon des sources citées par le quotidien Mutations, il ressort de cette lettre envoyée ce lundi 09 MARS 09 que la direction de CAMTEL devra examiner positivement leurs revendications avant la 15 mars, date au lendemain de laquelle les employés seront invités à observer une suspension d’activité. Les griefs des deux syndicats sont multiples. Ils soulèvent tant les problèmes humains que les problèmes de traitement financier
Tout en regrettant ce qu’ils ont caractérisé d’insolence de la direction générale, les syndicalistes revendiquent les mauvaises conditions de travail (travail temporaire, saisonnier et de sous-traitance) Ils réclament ainsi le paiement immédiat des droits des 506 travailleuses et travailleurs de la Camtel licenciés ; le respect des dispositions légales et réglementaires ainsi que les statuts du personnel en matière de reclassement; le paiement de la gratification au titre des années 2007 et 2008 à l’ensemble du personnel; le paiement des cotisations sociales; l’harmonisation des statuts du personnel, etc. » De même que la régularisation du statut de l’ensemble des travailleurs et travailleurs temporaires dont l’ancienneté a largement dépassé les délais prévus par la législation camerounaise pour obtenir des contrats de travail à durée indéterminée.
A la Camtel on semble avoir pris acte de la situation. Comme d’habitude cependant on détourne la ou les questions en cause et on fait prévaloir d’autres enjeux. Dans le cas échéant c’est la date du début des perturbations choisi par les syndicats qui est mise en exergue. On relève le fait que les meneurs veuillent faire un chantage à l’occasion de l’arrivée du pape. Camtel en effet est la structure centrale du dispositif de la communication relative au séjour de Benoît XVI au Cameroun. Les plus grands médias du monde ont confirmé leur présence au Cameroun afin de couvrir cette visite du pape en Afrique et qui passe par le Cameroun. Un mouvement de grève ne peut que perturber cette visite, a indiqué Benjamin Gérard Assouzo’o, responsable au service de la communication. Les représentants syndicaux eux parlent d’une coïncidence. Ils auraient indiqué qu’en fixant la date du 16 mars 2009, la visite du pape ne constituait pas leurs visées. La date a été fixée par rapport au préavis donné au directeur général. Or, cette affaire est en suspens depuis 2 mois, parce que jusque là le directeur général n’a pas voulu les rencontrer jusque là. Ces responsables syndicaux ne nient cependant pas que si cette coïncidence est de nature à favoriser une voie de sortie ce ne serait pas pour déplaire. A la direction générale plutôt que d’ouvrir les portes pour des négociations, on semble être préparé pour un bras de fer. Le directeur général aurait reçu les délégués du personnel le mardi 10 mars et les aurait sensibilisés sur l’inopportunité de ce débrayage. Tard dans la soirée ce même jour, Théodore Nang Mback, présenté comme le représentant du personnel au sein du conseil d’administration a annoncé que les délégués du personnel se sont prononcés en faveur d’une levée du mot d’ordre de grève. Situation fort étrange car du moment que les revendications sont syndicales, seul le syndicat a le pouvoir de lever le mot d’ordre de grève. Une simple réunion en vue d’examiner la situation aurait suffit au mieux de rentrer dans un conflit ouvert.
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Maïgari Bello Bouba, ministre d’Etat en charge des Télécommunications |
Il importe donc d’examiner la situation. La direction de CAMTEL peut-elle faire face à ces revendications? De sources bien avérées l’entreprise pourtant leader en matière de télécommunication au Cameroun traverserait des moments difficiles. Cela est difficilement admissible au vu du train de vie de la structure, et surtout aux regards des sommes dépensées en matière de promotion et de communication. Cette affirmation peut pourtant tirer toute sa crédibilité de cette confidence de Maïgari Bello Bouba, ministre d’Etat en charge des Télécommunications cité par Repères et qui a révélé : « aucune entreprise ne se porte aussi mal en ce moment comme Camtel ». De sources autorisées, le personnel de Camtel ne perçoit plus son salaire depuis plusieurs mois, il vivrait que sur des avances effectuées par les banques partenaire, lesquelles avances de trésorerie sont plus tard remboursées par l’entreprise, lorsque quelques bénéfices ont pu être faits ; ou lorsque le gouvernement consent à venir au chevet de ce bébé vraisemblablement malade, à travers quelques subventions spéciales, apprend-on. Ensuite, face à ses difficultés financières, l’entreprise a récemment vendu une bonne partie de son patrimoine immobilier.
L’entreprise ne serait pas au bout de ses peines : Camtel doit entamer cette année le remboursement des crédits consentis à l’entreprise par le partenaire chinois Huawei, fournisseur des CT phones actuellement sur le marché. Le payement de cette dette est d’autant hypothétique que David Nkoto Emane a envisagé de troquer la créance par l’octroi à ses débiteurs chinois de la 3ème licence d’exploitation de téléphonie mobile qui revient d’office à Camtel. Refus catégorique du ministre des Postes et Télécommunications. Reste maintenant à Camtel de contacter sur ses propres recettes, qui ne sont pas au demeurant en hausse. D’une source interne à la structure, les recettes ont sérieusement baissé.
La sortie de crise n’est donc pas pour demain. Toutes les réactions sont attendues d’ici le 15.