L’ONG de défense des Droits de l’Homme, demande au gouvernement et au FMI d’assurer une enquête crédible sur la gestion des fonds alloués pour la lutte contre le Covid-19.
Depuis le début de la pandémie du Coronavirus, le FMI a accordé deux prêts d’urgence au Cameroun, soit environ 208 milliards de francs CFA. Le gouvernement a promis au FMI d’utiliser les fonds de manière transparente, notamment en publiant des rapports semestriels sur les dépenses liées à la lutte contre le Covid-19, en commandant un audit indépendant et en publiant les noms des entreprises ayant obtenu des contrats d’approvisionnement et leurs propriétaires réels (ou effectifs).
Cependant, constate Human Right Watch, le gouvernement n’a pas encore publié d’informations détaillées qui permettraient un contrôle public significatif de ses dépenses. Or, le 6 avril, Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général à la Présidence de la République, a envoyé au ministère de la Justice une copie d’un rapport sur les dépenses liées à la lutte contre le Covid-19, préparé par la Chambre des comptes, et lui a demandé au nom du chef de l’Etat Paul Biya, d’ouvrir une « enquête judiciaire » contre les auteurs et complices des cas de malversations financières relatives aux fonds de lutte contre le Covid-19.
Pour Sarah Saadoun, chercheuse senior auprès de la division Entreprises et droits humains à Human Rights Watch, « la volonté soudaine de rendre compte de l’argent versé au titre du programme de lutte contre le Covid-19 est un signe positif qui montre que le FMI et le gouvernement camerounais accordent une plus grande attention à la transparence et à la responsabilité, au moment où ils négocient le troisième prêt depuis le début de la pandémie ». Dans un article publié sur le site de l’organisation, elle prévient cependant que : « si les audits et les enquêtes ne sont ni indépendants ni crédibles, le FMI risque de se laisser prendre au jeu qui consiste à simplement cocher des cases ».
L’avocat Akere Muna, ancien vice-président de Transparency International, approché par Human Right Watch, pense qu’il ne faut rien attendre de cette enquête. L’homme politique note une ingérence politique dans le travail de la Justice et du Contrôle supérieur de l’Etat. « Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que des poissons achètent des hameçons », a-t-il déclaré.