La Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale et la Douala Stock Exchange se livrent à une concurrence dans la sous-région
L’annonce par le président de la Commission de Surveillance du Marché Financier (Cosumaf) du lancement effectif de la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) vient démontrer qu’il n’y aura pas qu’une seule bourse en Afrique Centrale. Ceci, malgré le discours sans cesse offensif sur l’intégration dans la sous-région Afrique Centrale. En effet, 5 ans après l’inauguration de la DSX à Douala par le Cameroun, la BVMAC qui est l’émanation des autorités gabonaises vient de lancer ses activités. C’était le 13 Août dernier à Libreville. L’Etat gabonais y a effectué un emprunt obligataire de 81 milliards de francs Cfa. Un geste qui porte tout son symbole et traduit le poids et le rôle des autorités de Libreville dans ce marché financier. Dans une région où la mobilisation de l’épargne n’est pas nécessairement importante, l’implantation de deux marchés financiers risque d’avoir un effet néfaste. Le déficit de culture boursière, la frilosité des banques, la faiblesse des dépôts à long terme ne concourent pas à la véritable éclosion d’un marché financier viable et solide. Lors de la cérémonie d’installation du directeur général de la DSX, Pierre Ekoulé Mouangue, l’ancien ministre de l’économie et des finances remarquait déjà l’environnement difficile qui est celui du Cameroun et plus largement de l’Afrique Centrale. Il relevait notamment l’absence de fonds propres; le faible placement des acteurs clés du marché financier et la dégradation de la situation financière liée à la consommation du capital. Dans un tel contexte, la création et le fonctionnement de deux bourses parallèles n’augurent certainement pas une situation favorable pour ces marchés. Mais ainsi que l’estiment certains observateurs, la lutte pour le leadership en Afrique Centrale impacte négativement sur certains projets intégrateurs. La création de deux bourses au lieu d’une seule dans la seule sous-région en est ainsi un reflète frappant.
Les origines du problème
| |||
Mathurin Ndoumbé-Epée, ancien directeur général de la Douala Stock Exchange |
L’absence de Paul Biya en 2000 lors de la conférence des dirigeants de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) de N’Djamena n’a pas favorisé le choix du Cameroun pour accueillir le marché financier de l’Afrique Centrale. Malgré son poids économique dans la CEMAC. Le président gabonais Omar Bongo avait quand à lui pesé de son poids pour le Gabon soit désigné. En Décembre 2001 pourtant, le président Paul Biya annonçait la création de la DSX. Une décision qu’expliquait plus tard l’ancien directeur général de la DSX, Mathurin Ndoumbé-Epée: Comme le Cameroun brasse 70 % de l’économie de la sous-région, les autorités ont pensé qu’il valait mieux créer notre propre bourse des valeurs à Douala, premier port de la sous-région.
D’après un expert de la Banque Mondiale qui s’est exprimé sur la question, le siège de la bourse des valeurs s’apparentera à l’endroit où il y a le tissu industriel le plus développé, là où il y a le plus de transactions. Une explication qui aurait pu trancher la guerre des bourses qui semble s’installer en Afrique Centrale. Mais, le fait est finalement qu’avec le lancement de la BVMAC, ce sont deux marchés financiers qui sont appelés à coexister.
Bien que Alexandre Gandou, le président de la Cosumaf entretient le rêve de réaliser le grand dessein d’un marché financier intégré, les activités de cotation qui se déroulent à Douala et les ambitions affichées par le marché de Libreville ne sont pas de nature à formuler quelque espoir d’une seule bourse dans la CEMAC.