Le chef de l’Etat Paul Biya vient de prescrire de nouvelles mesures dans la lutte pour l’éradication d’agents fictifs de la Fonction publique.
Les responsables d’administrations publiques pourront désormais recourir à des opérations de comptage physique pour les actifs de contrôle et de sécurisation des ayants-droit de la Fonction publique. Cette mesure, consignée à l’article 33 de la circulaire du chef de l’Etat relative à la préparation du budget 2018, marque ainsi une volonté d’assurer le « renforcement de l’assainissement » de la Fonction publique.
En effet, il est devenu fréquent de retrouver, dans l’administration publique camerounaise, des formes de malversations qui affectent le solde budgétaire de l’Etat. On évoque, le plus souvent, les fonctionnaires fantômes, qui émargent dans les caisses de l’Etat sans être en service nulle part ou, qui se font recruter dans la Fonction publique tout étant installés et salariés à l’étranger. On retrouve également les fonctionnaires qui font usage de faux pour toucher 3 à 4 salaires au cours du même mois, ou pour s’accorder des missions payées en longueur de l’année. Des délits qui avaient amené de précédentes réactions des pouvoirs publics, notamment l’opération d’identification de près de 10.000 agents de la fonction publique, suivie d’une suspension de près de 3000 salaires d’agents fictifs.
Selon les chiffres les plus récents, la masse salariale s’élève à environ 70 milliards par mois. Seulement, ce montant ne prend pas en compte les dotations en carburant, les indemnités de mission, les primes diverses (rendement, risque…) … tout ce que les camerounais qualifient communément d’« article 2 », le tout estimé à près d’une centaine de milliards par mois.
Une situation qui semble ne pas indigner les premiers concernés que sont les fonctionnaires. Pour certains d’entre eux, ces avantages sont des compensations des coupes drastiques des salaires de 1993. Une opinion qui illustre à suffisance la tendance à l’enrichissement personnel, caractéristique de l’administration camerounaise et que décrient depuis de nombreuses années les acteurs de la société civile camerounaise.
Les agents publics, contractuels et autres cadres de la Fonction publique devront bien se tenir à présent, au vue de cette directive présidentielle, qui ordonne également « une révision des textes disciplinaires de la Fonction publique, en vue de mieux sanctionner les abandons de postes ».