Par Jonas Kemajou Syapze, président de la Fédération camerounaise de danses sportives et assimilées
Contexte
1.Au lendemain des Jeux Olympiques 2012 et dans le processus de clôture de l’olympiade 2009-2012, en ma qualité de Président de la Fédération camerounaise de danses sportives et assimilées (Fécadansa), je voudrais lever un coin de voile sur la honte et la désolation qui entourent le Mouvement sportif national et présenter un ensemble d’activités que nous avons pu réaliser à la Fécadansa.
2.En tant que Secrétaire général de l’Association des présidents de fédérations sportives nationales du Cameroun (APFESNAC), j’ai rencontré la grande majorité des présidents de fédérations. Tout ce que je dis dans la première partie de ce texte pourrait être considéré comme le résumé de leurs avis. Bien que chaque président de fédération soit libre de s’en approprier, il n’en demeure pas moins que je porte la responsabilité du contenu du présent document.
3.Je voudrais relever à votre attention que les faits énoncés ici ne représentent qu’une infime partie de l’ampleur de la cacophonie, de la corruption et de la désolante mésaventure des acteurs sportifs frustrés à différents niveaux par le Ministère en charge des sports (Minsep). Le Minsep, qui aurait dû être la colonne vertébrale du Mouvement sportif à travers ses missions régaliennes de régulation, d’impulsion et de contrôle, s’est mué en tâcheron, en comptoir de vente et d’achat des conflits, en oppresseur et en chasseur de prime. Dénaturant l’essence de sa mission, le Minsep a noyé tout le Mouvement sportif national dans l’océan de la corruption, de la tricherie, de l’immigration clandestine et de la démobilisation de la jeunesse.
4.Il est temps pour tout acteur engagé dans la défense des droits, des libertés, de la justice et des valeurs éthiques de contribuer à tirer la sonnette d’alarme sur le drame que le Minsep orchestre à dessein au jour le jour. Ne laissons plus faire et mettons un point d’honneur sur la transparence et la reprise en main de l’encadrement de la jeunesse sportive. Affirmons notre engagement d’Hommes libres contre le mensonge érigé en règle de gouvernement et contre les labyrinthes de la misère et de la désolation qui tendent à nous réduire en prisonniers des ténèbres et des forces des ténèbres.
5.Je faillirais si je ne commençais pas par dire combien je suis heureux de la mobilisation et de l’engagement des responsables fédéraux, des encadreurs techniques, des responsables des clubs et écoles, des acteurs sportifs et surtout des athlètes de toutes les disciplines sportives qui sont la crème de la jeunesse vaillante et dynamique du Mouvement sportif national.
L’envers du décor du Mouvement sportif camerounais
6.Le mouvement sportif national traverse un moment de réelles difficultés, d’ambigüités et de défaites multiples. A l’observation, Minsep semble avoir des préoccupations bien éloignées de celles de l’épanouissement de la jeunesse sportive nationale. Peut-être a-t-il tout simplement choisi une approche caractérisée à toutes les étapes par des injustices et la violation permanente des principes et règles d’éthique et de gouvernance. Tout se passe comme si le Cameroun évolue à plusieurs vitesses au gré des intérêts autres que ceux de la promotion du sport et du mieux être des citoyens.
7.D’un côté, tout est mobilisé non pas pour soutenir une certaine discipline, mais pour toute chose de loin liée à la promotion du sport. Par exemple, pour environ une semaine de mission lors de la coupe du Monde 2010 de football, rien que le trop perçu serait au-delà de 45 millions de francs par personne dont plusieurs sans activités pertinentes. Au même moment, pour quatre années d’activités, le Minsep n’a versé qu’une subvention insignifiante de un million à trois millions de francs par fédération sportive sans critères de répartition connus, qui soient des critères transparents, clairs, précis et objectifs. De même, au moment où le Minsep dépense des centaines de millions de francs pour organiser la coupe du Cameroun de football, il exige aux autres fédérations de payer plus de 1,5 millions de francs pour louer le Palais des sports de Yaoundé, construit avec l’argent du contribuable camerounais, afin d’organiser la coupe dans leur discipline respective. C’est tout simplement une injustice.
8.Il est important de relever ici que le football n’est pas à la bonne enseigne. Il est utilisé comme machine à décaisser par des agents et acteurs véreux. Comment pouvons-nous accroire qu’à côté de la Fédération de football, le Minsep s’arroge le droit illégitime de gestion de l’équipe nationale ? Tout simplement, c’est une situation qui offre mille occasions de missions inutiles et de détournements à ciel ouvert (voir point 7). Le Minsep a totalement oublié ses missions de régulation, de coordination et de contrôle pour devenir un acteur non seulement compromis, mais de dernière zone.
9.On peut comparer la position d’acteur de dernière zone du Minsep à celui d’un Directeur d’hopital qui oublierait sa fonction principale de management global pour aller se réfugier à l’infirmerie, pas pour être infirmier chef, décideur (le Minsep n’a jamais pris une quelconque décision relative au football), mais comme aide soignant. Non seulement il ne comprend rien des attributions des aides soignants, mais il perturbe le service de l’infirmerie, développe toute forme de compromissions et par la même occasion met l’infirmerie (la Fécafoot) et tout l’hôpital (le Mouvement sportif) en péril. C’est justement le péril dans lequel se trouve tout le Mouvement sportif. Ici, le contrôleur est compromis et il ne peut plus avoir de contrôle. Nous nous retrouvons dans une situation suffisamment grave dans laquelle l’on passe du temps à résoudre des faux problèmes, à pénaliser les sportifs, à déstabiliser tout le Mouvement sportif, à vilipender et à mépriser les dirigeants fédéraux et surtout à vider les caisses de l’Etat. Pour quels résultats, serait-on tenté de demander.
10.Les résultats sont connus de tous et principalement : l’image du Cameroun est de plus en plus salie sur la scène internationale ; l’engagement et les aspirations de la jeunesse sont brisés et frustrés ; les dirigeants fédéraux sont frustrés et méprisés ; la corruption est devenue endémique et le Mouvement sportif est dans les eaux très troubles. Au Minsep, le principe de subsidiarité qui est élémentaire en management est méconnu. C’est ainsi que l’on retrouve facilement tout un Ministre ( ?) dans les cuisines, les garde-robes et toutes autres entrailles inimaginables prétextant suivre l’équipe nationale de football, comme si l’on avait à faire aux nourrissons. Absence de vision, incompétence, manque d’autorité, démission des responsabilités, aveuglement ou goût du lucre ?
11.Le comble est le mépris des responsables fédéraux qui sont traités moins que des portefaix. Les répondants aux présidents de fédérations au Minsep sont loin d’être le Ministre qui les ignore totalement encore moins les directeurs qui les prennent pour des subalternes à qui des instructions et contre-instructions sont servies à tout-vent. Pour recevoir lesdites instructions, les présidents doivent aller les retirer au bureau du courrier pour en faire des copies, le budget du Minsep ne permettant pas d’en imprimer pour chaque fédération ( ?). Au chapitre des mépris, le dernier en date est l’exclusion de la liste officielle pour les derniers jeux olympiques sans aucune forme d’élégance des présidents de fédération. A moins de 24heures du déplacement de la délégation officielle du Cameroun pour les Jeux, les présidents de fédérations qui ont réussi à relever le défi de quatre années de misères dans l’encadrement des jeunes en obtenant quelques minimas olympiques ont été exclus. Le Minsep a préféré entourer dans l’incertitude une jeunesse qui ne cherche qu’à s’exprimer de ses agents qui n’ont rien en commun avec les athlètes. Il faut relever que pour le Minsep, les voyages avec des frais de mission dépassant tous les records prévalent sur les résultats et la qualité de l’encadrement de la jeunesse.
12.Notons que nos politiques et administrations n’ont qu’un statut de touristes lors des jeux. Ils n’ont pas accès aux rencontres et aux instances de prises de décisions à tous les niveaux stratégiques et techniques du sport organisées en marge desdits jeux. C’est justement à ces occasions que de nouvelles règles sont prises, des partenariats établis et sont définies les perspectives des compétitions, des bourses, des stages et autres recyclages. Mais, le Minsep a préféré renier les ayants droits et toutes ces opportunités pour aller aux jeux olympiques lécher les vitrines, si ce n’est tout simplement acheter du chocolat, pourtant nous avons de bien meilleur au Cameroun. Peut-être aussi pour organiser l’immigration clandestine, une option de reniement de notre être et d’abandon de la jeunesse, preuve de la précarité dans laquelle vit la jeunesse sportive. Pour l’immigration clandestine j’accuse.
13.En juin 2009, le Ministre des Sports m’a appelé au sujet d’une équipe en partance pour l’Occident à une compétition de danses. J’ai exprimé tout mon étonnement et mon opposition car la Fécadansa n’était pas engagée à cette compétition. J’ai demandé des enquêtes qui n’ont jamais eu lieu. Je me pose des questions, comment un dossier d’une compétition fictive a pu recueillir tous les visas administratifs jusqu’au dernier qui est celui du Ministre ? A coup sûr, il doit avoir un ou plusieurs réseaux d’organisation de l’immigration clandestine au Minsep. Il est urgent de les démanteler.
14.A contrario, un couple de danseurs a été invité officiellement quelques mois plutôt avec prise en charge de tout frais et le Minsep n’a pas donné les facilités d’obtention du visa. Il m’a été dit en personne que pour ces choses, il faut venir pour qu’on en parle. A demi-mot : venez payer la douane car c’est une affaire de gros sous. Et je me demande quel montant est encaissé par jeune et pour combien de jeunes sacrifiés par an ? En somme, nos commerçants de l’humain avaient confondu de client croyant que j’étais dans leurs jeux de la désolation. Et j’accuse, j’accuse cette autre traite humaine de la honte. Y en a-t-il qui protège le jeune, le citoyen, je veux dire l’humain au Cameroun ?
15.Le bilan de l’immigration clandestine aux derniers jeux olympiques est tout simplement édifiant : près de 27,27% des athlètes se sont évadés dans l’incertitude de l’immigration clandestine. C’est la médaille de la honte pour le Cameroun. La victoire en sport n’est pas une affaire de mysticisme ou de sorcellerie, option inacceptable mais très prisée au Cameroun. Confère discours du Minsep à l’Assemblée nationale suite à la débâcle du Cameroun à la coupe du Monde de football 2010 pour apprécier l’ampleur du phénomène. La victoire n’est pas seulement aussi une affaire de talent encore moins une affaire de passion. La victoire en sport est une affaire de réalité vivante et concrète, c’est une affaire de tout le monde, de tous ceux qui travaillent méthodiquement. Les autres sont devenus champions parce qu’ils ont été bien encadrés et parce qu’ils ont bien travaillé.
16.Je voudrais bien que le Minsep nous dise où sont allés nos valeureux sportifs poussés à l’immigration clandestine. Comment justifier que les athlètes aillent aux jeux olympiques comme aux différentes compétitions sans avoir connaissance de toutes les facilités, des primes et autres gratifications ? De même, combien de médailles ont été ramenées de ces jeux pour lesquels les sportifs n’ont pas eu droit à une préparation digne de ce nom ? Environ un mois de préparation pour la plupart dans des conditions inacceptables, pour ne pas dire qui insultent la morale du sportif (natation, boxe, etc.) au moment où certaines nations prennent plus de quatre ans d’encadrement méthodique de leurs athlètes.
17.Le Minsep tire des leçons chaque jour, mais il ne nous a pas encore présenté le registre des leçons apprises. Ce serait bien important d’avoir ce registre pour les présidents de fédérations ainsi que pour le Peuple camerounais qui ont le droit de tout savoir sur les compétitions internationales et la gestion budgétaire et financière du Mouvement sportif. La page des mallettes qui disparaissent en plein vol à la traversée outre-Atlantique (Paris/New-York par exemple) sans d’autres explications aux citoyens camerounais semble bien révolue. Il faut relever qu’il est plus que regrettable que la pratique de transport des sacs de billets d’argent continue dans ce ministère à l’heure de la monétique. C’est bien réel, cette pratique ne laisse pas de trace fiable dans un monde où le noir et toutes formes de complaisance sont les instruments de la fraude.
18.Bien entendu, l’échec retentissant aux Jeux Olympiques n’est que la dernière déculottée en date qui a couvert de honte l’image du Cameroun sur la scène internationale. Pour toutes les compétitions internationales, il s’est créé au Minsep, un système bien huilé de clientélisme, de tribalisme, de corruption et de compromission. Dans un contexte où il n’existe pas de principes, de critères et d’indicateurs connus pour le choix des compétitions internationales, pour l’évaluation et pour l’attribution des appuis matériels et financiers aux fédérations sportives, la majeure partie des fédérations est exclue et subit chaque jour des frustrations et des injustices sans cesse récurrentes.
19.Par exemple, les fédérations soumettent chaque année leurs budgets au Minsep qui les consolide pour en faire son budget. Bien malheureusement, après avoir défendu et obtenu l’enveloppe budgétaire à l’Assemblée nationale, c’est motus, bouche cousue, le noir. Aucune fédération n’est informée de ce qui a été approuvé et ne reçoit pas de subvention nécessaire pour mener ses activités. Conséquence, d’année en année, le potentiel d’encadrement baisse en chute libre et la jeunesse sportive est désillusionnée. La réalisation des missions des fédérations devient un parcours du combattant et à la limite du suicide pour les présidents de fédérations soucieux d’assurer un minimum d’activités. Certains diront que les fédérations peuvent faire recours au sponsoring et autres partenariats financiers. Bien malheureusement, il n’existe aucun cadre juridique incitatif pour les opérateurs économiques souhaitant investir dans le sport. Les fédérations sont aujourd’hui dans une maison sans lumière, sans issues de secours et sans fenêtres d’aération. C’est l’étouffement total et partant l’abandon et la désillusion de la jeunesse sportive.
20.Les maux sont nombreux et entraînent des conséquences néfastes pour le plein essor du sport et l’épanouissement de la jeunesse. Quelques morceaux choisis : les lois sont changées sans aucune revue institutionnelle alors qu’elles n’ont jamais été appliquées faute de textes d’application ; aucune statistique sur le sport n’existe laissant place au pilotage à vue ; aucun statut du sportif, ni de l’encadreur technique encore moins du dirigeant sportif n’existe ; aucun rapport d’autoévaluation de du Minsep n’existe à ce jour faute de planification, de lisibilité et de mécanisme de suivi-évaluation ; aucun bilan du Minsep n’est rendu public à ce jour, pourtant la gestion des fonds publics ne relève pas du domaine du secret ; on note une réelle incapacité à suivre et à évaluer les fédérations sportives fautes d’outils de suivi-évaluation ; le volet éducation physique, qui est le socle de l’encadrement de la jeunesse à la base, est tout simplement aux oubliettes pour absence de budgets conséquents (la seule activité connue dans ce domaine est l’organisation annuelle de la journée nationale de l’éducation physique) ; non seulement ce Ministère a un effectif pléthorique au niveau central, mais aussi, cette pléthore serait à plus de 80% en chômage au moment où les lycées et collèges n’ont pas d’enseignants d’éducation physique et sportive (cf : Syndicat des cadres d’EPS).
21.La cause serait l’absence de la matière, je veux dire l’absence de vision, de volonté de gestion transparente et de leadership conséquents, car on aurait pu mobiliser cet effectif pour développer plusieurs outils de gestion transparente. Tous les dossiers sont urgents, confidentiels car l’argent à prendre serait partout et « voyagent » aux aisselles des directeurs et des « puissants chefs de services » qui ont pour seul répondant le Ministre, et j’en passe. Depuis plus de trois ans au Minsep, beaucoup de postes sont vacants tandis que d’autres sont plastronnés par des retraités. Ce n’est pas du tout agréable pour un Ministère qui est au c ur de l’encadrement de la jeunesse. Quel si mauvais exemple pour la jeunesse ?
22.Dans la spirale des échecs et des urgences factices créées autour des supposés décaissements tardifs du Ministère des Finances (Minfi), qui est ici le bouc émissaire bien ciblé et rabâché à toute occasion pour les besoins de la cause, des artifices de la fraude, de la corruption et des détournements massifs sont développés. Par exemple, pour détourner 65 à 75 % du budget initial d’une compétition, le Minsep appellera le président de fédération concerné deux jours avant la date de la compétition et lui dira : le Minfi n’ayant pas encore décaissé, et compte tenu de l’importance et de l’imminence de votre compétition, on a été obligé d’aller prêter dans les tontines (pour un Ministère ?) pour financer 25 à 35% de votre budget. Mais ils ne vous donneront plus jamais l’information sur la différence dès que le Minfi aurait payé. Dans la réalité, le Minfi dans la majeure partie des cas aurait décaissé un à deux mois à l’avance la totalité du budget de la compétition. Dans cette approche d’urgence factice, aucune réelle préparation n’est faite et les athlètes arrivent aux compétitions soit quand tout a commencé ou même quand les compétitions sont terminées. De même, nos athlètes vont aux compétitions sans assurances qui ne seraient pas toujours payées, alors que les montants conséquents sont retenus par le Minsep ; le Minsep serait devenu une agence de voyage et acquiert des billets d’avion aux taux très élevés et en marge des procédures concurrentielles de passation de marchés ; la boîte à pharmacie ici est tout simplement un leurre si ce n’est la commercialisation des restes de médicaments ramenés à certaines occasions et bien d’autres.
23.Comme on le voit, les présidents de fédérations organisent tout à la base pour la participation aux compétitions internationales, mais sont totalement mis à l’écart de toute la gestion s’ils ne sont tout simplement pas considérés que des accompagnateurs frustrés. Après l’exclusion des présidents des mécanismes financiers par le Minsep, place aux marchandages féroces des places pour les voyages (régisseurs, chef de délégations, etc.) et l’infiltration des éventuels candidats à l’immigration clandestine, si ce n’est tout simplement la substitution honteuse des athlètes par les éventuels candidats à l’immigration clandestine. Encore et encore l’immigration clandestine. Cette gangrène, véritable comptoir à vocation humaine, serait source d’important trafic et d’enrichissement odieux.
24.La Fécadansa a régulièrement soumis chaque année son budget-programme des compétitions internationales. Nous avons eu une surprise incroyable en 2011, seule année où le Minsep a avancé d’un pas à suite foireuse pour la participation des talentueux danseurs camerounais à une compétition internationale. Le budget-programme soumis le 24 octobre 2010 pour les compétitions 2011 s’élevait à 135 millions. En janvier 2011, nous avons été appelé à réajuster notre budget-programme à 31 millions de francs. Par lettre N°496 du 17 mars 2011, le Minsep nous informe qu’il met à notre disposition un appui de 3 millions, soit 2% du budget initial et 9,6% du budget réajusté.
25.La Fécadansa a considéré les 3 millions concédé par le Minsep au titre des compétitions internationales 2011. Par courrier enregistré le 04 avril 2011 sous le N°1426 au Minsep, un compte prévisionnel d’emploi de ces fonds pour l’envoi de deux couples de danseurs à une compétition a été soumis. Jusqu’à ce jour, ces fonds n’ont jamais été versés dans le compte bancaire de la Fécadansa. Faisons abstraction des 135 millions qui ont été consolidés dans le budget du Minsep soumis à l’Assemblée nationale ou des 31 millions réajustés à la demande du même Minsep après l’adoption du budget par l’Assemblée nationale. Disons qu’il n’a été débloqué des caisses de l’Etat que 3 millions de francs pour la Fécadansa. Où sont-ils passés ces 3 millions ? Et les jeunes qui ont été soumis à un stage spécifique ont vu leurs aspirations fondre dans le désespoir. Cette trajectoire ténébreuse pour un montant qui n’a pas le volume d’un grain de sable dans l’océan de la nébuleuse est édifiant de la balade financière au Minsep. On peut relever que le mal est très profond. Le Minsep se présente comme une gangrène démoralisante pour la jeunesse avec non seulement une visée étouffante du Mouvement sportif, mais aussi, est considéré à juste titre comme le facteur le plus salissant de l’image du Cameroun sur la scène internationale depuis les indépendances.
26.On pourrait estimer que 70 à 80% des fonds destinés aux compétitions internationales durant toute l’olympiade 2009-2012, sans compter ici les possibles fonds dits « spéciaux » et autres décaissements parallèles pour les mêmes causes, seraient détournés. Autant de virgules que les directeurs auraient gardées chez eux. Espérons que les documents sous-séquestre de complaisance au Minsep, car tout dossier de financement y est mis au noir, viendraient apporter de bonnes clarifications en confrontation avec ceux que détient chaque président de fédération.
27.Il faut clairement relever que les fédérations mènent des missions de service public. Lorsque le Gouvernement confie une de ses missions à un organisme quelconque, il est de ses obligations de lui concéder des ressources conséquentes. Avec un budget annuel oscillant entre 11 et 17 milliards durant l’olympiade, sans compter les fonds dits spéciaux et autres, si le Minsep affectait seulement 10 à 20% de son budget à la quarantaine de fédérations, chacune d’elle ferait des merveilles avec de nouvelles offres sportives et un encadrement décent, efficace et efficient pour l’épanouissement de la jeunesse. Bien malheureusement, nous sommes face à un Ministère qui ne s’intéresse pas du tout à la jeunesse sportive et encore moins aux fédérations sportives. La seule évocation des fédérations se résume en des déclarations d’intention qui cachent des réalités bien tristes. L’on assiste à des manipulations et autres approches mensongères visant à faire accroire au grand public que les multiples échecs aux compétitions relèvent du fait des fédérations. C’est tout simplement ahurissant lorsque l’on sait que le seul outil de travail des directeurs et des « puissants chefs de service » au Minsep c’est la calculatrice et encore la calculatrice. Il faut calculer les fonds à prendre à chaque coup et surtout s’assurer d’une bonne répartition de l’argent de la honte bien au-delà de la seule sphère de ce Ministère. Devrions-nous y voir des complicités à des niveaux insoupçonnables ? Certains analystes répondent à cette question par l’affirmative. Les jours à venir nous permettront d’en savoir plus.
28.Si l’on lève un coin de voile sur les infrastructures sportives, c’est encore et toujours la honte et la désolation. 50 ans après les indépendances, aucune infrastructure sportive au Cameroun ne respecte les critères acceptés dans le monde du sport. Pire, l’on nous parle du Programme national de développement des infrastructures sportives (Pndis). En fait de programme, c’est tout sauf un programme. Il ne s’agit ni plus ni moins que de quelques plans architecturaux ressassés çà et là. Dites, avez-vous vu des études spécifiques préalables (environnementales, sociales, économiques, financières, géotechniques, etc.) à l’élaboration d’un Programme ? Avez-vous vu un document de programme digne de se nom ? Quelques éclairés mal inspirés se sont lancés dans un exercice dit de »blue-print » sans respect des règles les plus élémentaires dans le processus d’identification, d’études de faisabilité, de montage et de suivi-évaluation des programmes. C’est là encore la propension au rejet voire à la négation des experts très nombreux au Cameroun par ce Ministère qui ne vous présentera aucune étude encore moins une statistique spécifique au Mouvement sportif sur les 10 dernières années. Tout est déstructuré par ici et c’est la navigation à vue et à l’aveuglette.
29.Même le Palais des sports de Yaoundé construit avec l’argent du contribuable camerounais est tout simplement dévié de ses objectifs. Les fédérations sportives n’y ont pas accès si ce n’est après paiement des sommes faramineuses, 1,5 millions pour une demi-journée de compétitions. Ce palais sert aujourd’hui à toute autre chose qu’au sport. Depuis sa construction, le Minsep n’a pas à ce jour présenté le bilan de sa gestion. Pourtant à y regarder, le rythme de dégradation est très avancé et n’est pas entretenu. C’est à peine si vous trouverez une goutte d’eau dans les toilettes si l’on n’éteint pas les lampes dès la fin d’un spectacle plongeant les spectateurs dans le noir. On peut se demander si c’est une infrastructure privée ou une infrastructure publique à vocation socio-sportive. Il y a un choix à faire. Quelle est l’utilité de 1,5millions exigés aux fédérations par rapport à l’épanouissement de la jeunesse ? C’est encore là une preuve d’aveuglement et de course effrénée à l’enrichissement sans cause par des agents véreux.
30.Tout Président de fédération pourrait s’exprimer sur des couacs, des machinations et des orchestrations les plus incroyables les uns que les autres qu’il a subis durant cette olympiade de tous les malheurs auto-entretenus par des agents et acteurs véreux au détriment de l’épanouissement de la jeunesse et de l’image du Cameroun. De même, nous souhaitons que le Minsep nous dise pourquoi ses délégations départementales sont si mal logées et n’ont pas le moindre matériel de travail adéquat pour leurs missions à la base. Faute de matière d’ uvre, les agents des délégations départementales, entre de petites vacations dans les établissements privés pour au moins entretenir leur intellect, rasent les murs au quotidien juste pour s’assurer de leur salaire de survivance mensuelle. Je pense que tous ces agents serviraient mieux la jeunesse sous un encadrement approprié. On pourrait aussi bien se demander à quoi sert en définitive le budget du Minsep ? Question à une seule réponse : enrichissement à tout prix et à tous les prix au détriment de ses missions de service public.
31.Face à cette situation qui dépasse toute raison sociale et sociétale, il est aujourd’hui question pour toutes les fédérations sportives de s’émanciper d’une tutelle oppressive et méprisante de toutes les valeurs d’éthique et de gouvernance. Aussi, j’en appelle à tous les collègues présidents de fédération. Chers présidents, le moment est venu de nous lever comme un seul homme et de dire, trop c’est trop. Çà suffit. Plus jamais. Mettons un terme à la compromission généralisée et jouons pleinement le rôle de leader qui est le nôtre. Si nous sommes élus, c’est justement pour servir de guides éclairés, libres et engagés pour nos disciplines sportives respectives. Ne nous laissons plus tournoyer par cette maçonnerie de la complaisance, de la nuisance et de la honte qui a louvoyé les fondations de notre édifice et en a fait des fondations calamiteuses à risques et désastres permanents.
32.Dans cette lancée, la loi N° 2011/018 du 15 juillet 2011 relative à l’organisation et la promotion des activités physiques et sportives, en son article 34 al.6 stipule[i Les fédérations sportives nationales exercent leur autorité sur les licenciés, les clubs, les associations, les ligues qui leur sont affiliées, ainsi que sur toute autre structure qu’elles créent » et elle stipule en son article 45 chaque fédération détermine librement ses statuts et règles de fonctionnement. En l’état, les fédérations ont créé, comme toutes leurs directions opérationnelles, leur direction technique nationale sur laquelle elles exercent leur autorité ainsi que sur leurs démembrements dans toutes les circonscriptions administratives. De ce fait, étant comptable des résultats de nos fédérations, il s’avère nécessaire de prendre et d’exercer avec efficacité et efficience toutes les responsabilités que nous confèrent la loi en vigueur et les textes organiques de nos fédérations.
33.Aussi, dans le cadre de la Fécadansa, j’ai décidé de nommer les responsables à la direction technique nationale. Comment en serait-il autrement quand le Minsep, nommant illégalement après deux, trois voire quatre ans de retard (inertie, corruption ou volonté de nuire ?) dans les directions techniques nationales, comme c’est le cas depuis le début de cette olympiade dans notre fédération comme dans la plupart des fédérations, n’a jamais payé un salaire, une assurance, un matériel de travail, un verre d’eau, un seul franc pour le taxi, encore moins une quelconque prise en charge des entraineurs qu’il s’est approprié illégalement le pouvoir de nomination ? C’est la culture de la précarité et de la misère.
34.A contrario, le même Minsep atteste la désignation (en contresignant le contrat), c’est-à-dire qu’il ne nomme pas l’entraineur de football, mais lui accorde des salaires et des avantages mirobolants au moment où les entraineurs des autres fédérations qu’il a illégalement nommés croupissent dans la misère. Je serais heureux que tous les sportifs reçoivent salaire. Pourquoi le Minsep donne t-il salaire uniquement aux entraineurs et aux joueurs de football (encore faut-il que les sommes décaissées arrivent au joueur à la base) ? Sont-ils plus camerounais que ceux pratiquant d’autres disciplines ? Du un poids mille mesures pour ne pas dire, des injustices et encore des injustices criardes qui frustrent les droits les plus élémentaires du citoyen.
35.Dans le cadre des activités de l’Association des présidents de fédérations sportives, notre fédération fera valoir la nécessité d’une réforme en profondeur du mouvement sportif en général pour une offre sportive qualitative, juste et équitable pour la meilleure satisfaction des aspirations et la canalisation du trop plein d’énergie de la jeunesse. Il serait à l’occasion opportun de mieux préciser d’une part, que l’éducation physique et sportive est une composante de la politique de la santé publique et de l’éducation nationale, et d’autre part, permettre à la faîtière avec l’ensemble des fédérations sportives de prendre en main la totale dévolution de leurs activités. Ainsi, le maillon de la corruption et de tout le mal du sport et de l’éducation physique au Cameroun sera arraché de la chaîne. Je voudrais dire clairement qu’il faille non seulement dissoudre ce Ministère qui a oublié qu’il est en charge des Sports, mais aussi que compte soit rendu du tout au tout par tous les présumés bandits à col blanc où qu’ils soient et qui qu’ils soient. Que l’éclairage soit fait sur des soupçons d’organisation tentaculaire des compétitions fictives et de l’immigration clandestine durant cette Olympiade par le Minsep.
Tournons cette page sur le mouvement sportif en général et regardons de près la Fécadansa.
A suivre…