Une dame a saisi la justice pour ouvrir la succession de son époux. Mais, l’un des fils du défunt issu d’une précédente relation, qui n’a pas été reconnu, fait obstacle à la procédure et souhaite faire partie de ses cohéritiers.
« Il n’est mentionné nulle part le nom de ce défunt dans votre acte de naissance ». C’est par cette remarque que le juge du Tribunal de premier degré de Yaoundé (TPD) de Yaoundé a atténué les tensions entre Eveline, la veuve, et Daniel, le fils aîné de Valentin. Les deux parties se disputent le patrimoine laissé par ce commerçant. Le linge sale n’ a pas pu se laver en famille, c’est désormais devant la justice que les problèmes de ce foyer vont être réglés.
Ces faits sont rapportés par le journal Kalara. C’est Evelyne qui a saisi le Tribunal. Elle souhaite ouvrir la succession de Valentin, son défunt époux. Ce dernier est décédé à Yaoundé de suite de longue maladie. Il est propriétaire de plusieurs boutiques au marché central de Yaoundé et avait des véhicules de transport. Le défunt était également bailleurs dans plusieurs cités universitaires.
Depuis son décès en 2018, ses ayants-droit peinent à désigner les véritables propriétaires de ses biens. D’un côté, la veuve aimerait que seuls ses enfants héritent, tandis que Daniel soutient qu’il a droit à son part d’héritage. Les débats ont été ouverts dans cette affaire le 21 juin dernier en présence des deux parties.
Eveline a raconté au Tribunal qu’elle s’est unie par les liens du mariage avec Valentin en 2017, après 15 ans de concubinage. De leur relation sont nés quatre enfants encore en bas âge. Elle soutient qu’elle a été la maîtresse de Valentin pendant des années, car ce dernier était encore marié à sa première épouse lorsqu’ils se sont rencontrés. Ce n’est qu’après le divorce qu’elle a décidé d’aller vivre avec lui sous le même toit.
De ce premier mariage est né un enfant, prénommé Daniel. « Mon mari m’avait expliqué que cet enfant est né avant leur mariage et qu’il ne l’avait pas reconnu à cause des problèmes entre leur deux familles. Il n’avait que 16 ans et la fille 15. Cinq ans plus tard, la famille de la fille, très catholique, avait alors organisé leur mariage et forcé la mère de son enfant à l’épouser », a-t-elle relaté.
Droit d’aînesse
Après le divorce entre Valentin et sa première épouse, cette dernière refait sa vie et a eu d’autres enfants. Evelyne déclare que Daniel a toujours vécu sous leur toit, sans aucun problème, jusqu’au lendemain du décès du chef de famille. « Il a commencé à revendiquer son droit d’aînesse et son droit de chef de famille, que je ne conteste pas. Seulement, il veut gérer tout seul le patrimoine de son défunt époux ».
Pour régler ce différend, la famille a décidé d’ouvrir la succession de Valentin. Un conseil de famille a été organisé à cet effet et un procès-verbal a été établi. Dans ce document qui a été annexé au dossier de la procédure, tous les enfants d’Evelyne ont été désignés cohéritiers de leur défunt père. L’administration des biens et le droit d’usufruit ont été reconnus à la veuve. Daniel n’est pas du tout d’accord avec ces résolutions. Il souhaite non seulement hériter de son père, mais aussi être associé à l’administration des biens du défunt.
Mariage ou pas ?
Prenant la parole au cours de cette audience, Daniel contexte aussi le lien de mariage qui existe entre Eveline et son père. Il soutient que leur acte de mariage est un faux. « J’ai vécu avec mon père depuis l’âge de 8 ans. Je n’ai jamais assisté à une cérémonie de mariage entre cette femme et mon père. Je ne sais d’où sort l’acte de mariage qu’elle brandit ici aujourd’hui. Elle n’est que la concubine de mon père », a-il-déclaré.
Pour ce qui est de la succession de Valentin, Daniel déclare qu’il est connu de tout le village qu’il est le fils du défunt, et qu’il n’a besoin d’aucun document pour le prouver. « Mes oncles et tantes ici présents peuvent le témoigner. Je suis la photocopie de mon père. Je suis son fils ». Toutes les personnes venues pour soutenir cette famille dans ce procès ont corroboré à la version des faits des deux parties. Certains ont dit avoir assisté au mariage entre Valentin et Evelyne, d’autres par contre n’ont jamais été au courant d’un tel évènement. Pour mettre un terme à la discussion, le Tribunal a demandé à voir l’acte de naissance de Daniel.
Malheureusement, ce dernier n’a jamais été reconnu du vivant de son père. « Tu ne peux hériter de cet homme devant la loi. Il n’est pas ton père. Mais pour le bien de la famille, je peux t’associer à l’administration des biens avec la veuve. Ainsi, vous seriez obligé de vous entendre », a conseillé le juge. L’affaire a été renvoyé à ce 1er juillet 2021 pour enquête et réquisitions du ministère public.