Rien n’a résisté aux flammes, des observateurs dénoncent l’imprudence tant des commerçants que des autorités
Le marché en feu
Du grand marché de Tiko (60 km au nord de Douala, Région du Sud-ouest, Cameroun), il reste une image ressemblant à une forteresse dynamitée. Les boutiques et les échoppes alentours ont complètement brûlé. Certains commerçants ont perdu ici l’équivalent de 35 millions de FCFA de marchandises affirme un témoin sur place, joint par téléphone. Un accueil «Chaud» pour le gouverneur nouvellement installé, Koumpa Issa. Ce dernier a déclaré l’état de catastrophe. L’incendie s’est déclenché timidement dans la nuit de mardi à mercredi, il était 18 heures. Tout est parti de la découverte de la fumée qui s’échappait de la boutique numéro 3 située au milieu du bloc qui forme le marché, a déclaré le préfet face à certains médias, en ajoutant que l’alerte a été immédiatement donnée. Mais selon d’autres sources face au début d’incendie, tout le monde a pensé que le feu serait circonscrit et les dégâts limités. L’aggravation de la situation a surpris tout le monde.
Le bilan est lourd
Les causes directes restent à ce jour inconnues. La commission d’enquête mise sur pied à cet effet n’a pas encore rendu son verdict. Mais les raisons de l’aggravation, elles sont évidentes. Le marché de Tiko était vieux, il avait plus de quarante ans. La plupart des installations de prévention sociale et de sécurité sont vétustes. Selon certains observateurs, il n’y avait pas d’eau, ni dans le marché, ni dans les environs. La lutte contre les flammes s’est faite à l’ancienne, avec du sable et de l’eau récupérés dans les maisons environnantes. L’intensité des flammes était telle que les câbles de haute tension se sont mis à brûler, créant panique et fuite. Le bilan est lourd. Les autorités se refusent à avancer des chiffres. Les estimations parlent de plus de 2 milliards de FCFA. Vous savez que le marché de Tiko était un des principaux points de transit entre les produits en provenance de l’Afrique de l’ouest et le Cameroun, alors imaginez les pertes en marchandises et je ne parle pas d’argent une situation d’autant plus grave que peu de boutiques dans ce marché et même le marché lui-même, ont souscrit à une assurance tout risque, le premier point de départ de la prise de conscience du danger.
Carences du système de protection civile
Coïncidence des évènements, l’incident est survenu au lendemain de la célébration de la journée internationale de la protection civile. Les autorités avaient profité de cette célébration pour se féliciter des progrès réalisés. Face à la réalité de l’incendie du marché de Tiko, toutes les limites du Cameroun en matière de protection civile sont apparues au grand jour. Les sapeurs pompiers sont intervenus deux heures après le début de l’incendie, la région du Sud-ouest ne dispose pas d’une unité d’intervention. La seule unité présente est celle de la société de raffinage située à Limbe (40km). Elle n’a pas bougé d’un pouce, raisons administratives et de priorité. L’unité qui est intervenue est venue de Douala, trop tard. Sur le marché de Tiko comme dans la plupart des édifices publiques au Cameroun, les consignes de sécurité ne sont pas visibles, et les opérations de sensibilisation sont soit inefficaces, soit inexistantes. Les gérants de boutiques ont toujours fait preuve de beaucoup de négligence et d’inconscience. L’an dernier, un incendie d’une envergure moins grande s’était déclenché dans le même marché, une alerte que les autorités avaient rapidement minimisé.
