Bernard Njonga se dit satisfait même si la bataille aura été rude pour son Ong
Une partie de la subvention destinée à des paysans a été détournée selon un rapport de l’organe officiel de lutte contre la corruption rendu public jeudi dernier. La Commission nationale anti-corruption (CONAC) avait lancé fin décembre une enquête pour vérifier les affirmations d’une ONG, l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC). Cette dernière dénonçait des détournements de fonds au Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER). Les sommes détournées ont servi « les intérêts égoïstes des individus en charge de la gestion et de l’encadrement » et « le financement de projets » non liés « à la production du maïs », indique le rapport.
Un véritable crime organisé
Environ 700 millions de FCFA d’une subvention de 2 milliards débloquée par le gouvernement, entre 2006 et 2008 pour aider des producteurs de maïs auraient ainsi été détournés. Elle cite, entre autres manquements, l’absence de transparence dans le processus de sélection des bénéficiaires de la subvention, le non respect des critères d’analyse des microprojets. L’institution mentionne au total les noms de 47 « personnes suspectées de détournement », dont le responsable du « Programme maïs », Paul Sikapin, des agents du ministère de l’Agriculture et des « membres d’organisations paysannes ». Le rapport mentionne aussi que, ces fonctionnaires malhonnêtes avaient créé des groupements fictifs de paysans pour justifier l’utilisation des sommes détournées.
Au regard de tous ces constats, la CONAC estime que l’ampleur et l’étendue de ces actes de corruption dont les conséquences peuvent affecter l’équilibre alimentaire du Cameroun, exigent que les pouvoirs publics prescrivent une information judiciaire en vue de déterminer avec exactitude la responsabilité des uns et des autres dans cette affaire afin que tous répondent chacun en ce qui le concerne de leurs actes. Certaines sources montrent que des personnes ont déjà été approchées dans le cadre d’enquêtes administratives. Ce rapport vient confirmer toutes les affirmations de l’ACDIC. Au mois de décembre 2008, interdit de conférence de presse, elle avait alors invité les journalistes dans ses locaux. Le documentaire réalisé par l’ACDIC montrait des tracteurs cachés et inutilisés dans les résidences privées.

L’association de défense des intérêts des planteurs satisfaite
En mai, Bernard Njonga et un autre responsable de l’ACDIC ont été condamnés à deux mois de prison avec sursis pour « manifestation illégale » à la suite du rassemblement organisé en décembre pour protester contre les détournements des fonds destinés aux paysans. La manifestation, interdite, avait été violemment dispersée par les forces de l’ordre. Le sous-préfet Locko Motassi Martin avait donné comme raison le non respect de la lettre de la loi n°90/55 du 19 décembre 1990 portant régime des réunions et des manifestations publiques. Il était reproché à la déclaration de conférence de presse de l’ACDIC de n’avoir pas précisé les adresses et les identités des membres de cette association.
Aujourd’hui c’est avec satisfaction que Bernard Njonga se prononce sur la suite de l’affaire. Ce rapport « confirme nos dires et nous espérons que le ministre de l’Agriculture va prendre ses responsabilités en expliquant ce qui s’est passé et en punissant les fautifs », a-t-il déclaré. Chaque année le Cameroun importe près de 400 000 tonnes de céréales, alors que ses terres lui permettent d’en cultiver deux fois plus, selon des experts du secteur agricole.
