Des dizaines de vidéos montrant des défilés de combattants armés applaudis par la population ont émergé, jetant une ombre sur les travaux du grand raout censé ramener la paix dans les régions anglophones du Cameroun.
L’interpellation acerbe de Mgr Andrew Nkea, évêque du diocèse de Mamfe (région du Sud-ouest) n’est pas passée inaperçue le 02 septembre, au troisième jour du Grand dialogue national au Cameroun. « Monsieur le Premier ministre, avez-vous vu la population massive qui a célébré l’indépendance de l’Ambazonia hier (1er octobre) ? Ils l’ont célébrée avec de très très grosses armes et vous nous dites que de jeunes enfants comme Yannick ont déposé leurs armes ? Qui connaît Yannick ? », a déclaré le prélat. « Ils ont déjà fait sécession. Arrêtez ces mensonges et supplions l’Ambazonie de revenir », a-t-il plaidé.
L’évêque faisait ainsi référence aux vidéos devenues virales qui montrent des célébrations de l’indépendance de l’ «Ambazonie», République fictive censée réunir les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun et pour laquelle les séparatistes ont pris les armes depuis 2017.
L’une de ces vidéos montrent un défilé d’hommes armés, applaudis par une foule rassemblée dans ce qui apparait comme une école. L’endroit est également supposé être en territoire camerounais. L’armée du Cameroun, selon les experts, ne contrôle pas de larges pans du territoire dans les régions sus citées et les bandes séparatistes y règnent en maître, soutenues par une population qui a pris fait et cause pour la création de l’«Ambazonie».
Et pendant qu’à Yaoundé le pouvoir se félicite de la réédition des « généraux ambazoniens » qu’il présente comme des trophées au Grand dialogue national, dans les régions anglophones du Cameroun, le « général R.K » d’«Ambazonie » s’adressait à une foule d’une centaine de personnes réunies également pour les célébrations de l’indépendance. Défilé d’élèves et drapeaux de cette République étaient de mise.
Dans un autre village dans le Donga Mantung (région du Nord-ouest), la population s’est réunie sur une place devant le drapeau hissé de l’«Ambazonie».
Des pierres dans le jardin du Grand dialogue national que les autorités n’ont pas commenté. Pour toute réponse, d’autres « généraux » repentis ont été présentés au public à Yaoundé. Battant leur coulpe au cours d’une conférence de presse, ils ont ensuite été reçus par le Premier ministre, superviseur des assises du Grand dialogue national.