Le commandant du groupement territorial du Mfoundi est descendu lui-même sur les lieux pour procéder à la mise des scellés
Après le feu, la fermeture
Le ministère camerounais de la Communication a décidé d’interdire la diffusion de la station de radio « le Démenti FM » émettant à Yaoundé sur la bande 95.00 FM. L’acte de mise de scellés parle de Piraterie de fréquence, exercice illégal de la profession et atteinte grave et répétée à la législature sur la communication sociale. Tout comme « Sky One radio » fermée en août dernier, il est reproché à la radio « le Démenti FM » de s’être illustrée à travers son programme « Grand Format ». Dans ce dernier, la radio encourageait la dénonciation à l’encontre de hauts responsables du pays. Une situation qui n’était pas sûrement pas du goût de certains selon certains observateurs locaux.
Soupçons de guerre de réseaux
La radio vit ainsi son deuxième drame après l’incendie survenu dans ses locaux il y’a un peu plus d’un mois. Les agents de la compagnie nationale d’électricité venus sur place avaient avancé comme probable cause des branchements défectueux. Coïncidence, le feu était survenu pendant la préparation de l’émission incriminée. Des sources proches de la radio avaient avancé l’hypothèse d’un incendie criminel. L’enquête ouverte à ce sujet n’a pas encore fourni ses conclusions. Mais pour les personnes proches du milieu, le promoteur de la radio a simplement perdu la part du pouvoir qui le soutenait dans l’ombre. Ils sont nombreux à penser que la multiplication d’émissions à ton libre dans les radios locales a souvent été la manifestation de conflits indirectes entre grosses pontes du régime.
Assainir le secteur
Au ministère de la communication, on justifie cette nouvelle intervention de l’ordre public dans la liberté de communiquer, par le plan d’assainissement du secteur de l’audiovisuel. Dans un communiqué publié hier lundi dans le quotidien gouvernemental, le ministre a annoncé sa volonté de fermer les radios «pirates» et celles qui ne respectent pas «les exigences professionnelles et déontologiques qui en régissent les conditions légales de fonctionnement». Il a invité les délégués régionaux de la communication à le soutenir dans cette mission, en répertoriant les stations de radio qui émettent en marge de la légalité à travers des rapports. Des mesures réglementaires appropriées seront prises à la suite, laisse entendre le communiqué.
Assainissement jusqu’où ?
Selon Issa Tchiroma Bakary, interrogé plusieurs fois sur la question, cette campagne a pour but de permettre aux radios exerçant dans le respect des textes régissant leur secteur d’activités, «de mener leurs activités dans un climat assaini», le seul capable de promouvoir «leurs intérêts et la cohésion nationale». Problème selon les observateurs les questions de cohésion nationale semblent être devenues pour le nouveau Ministre de la communication cohésion autour de Paul Biya. Alors ils sont nombreux à se demander jusqu’où le ministre ira. En février 2008 la fermeture de la radio Equinoxe à Douala avait déclenché des manifestations meurtrières. De nombreuses radios et même télévisions ont encore des émissions qui permettent une grande liberté de ton au Cameroun. Et l’approche des échéances électorales est souvent source d’effervescences sociales.