Plusieurs partis politiques de l’opposition camerounaise ont dénoncé la «maigreur» de l’enveloppe globale
1,7 milliard FCFA, c’est le montant total affecté à la campagne pour les élections législatives et municipales du 30 septembre prochain. Selon un arrêté conjoint signé en fin de semaine dernière par les ministres de l’Administration territoriale et des Finances, la première tranche, d’un montant de 850 millions FCFA, sera allouée au prorata des listes présentées et acceptées dans les différentes circonscriptions. Ainsi, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), qui présente des listes dans quasiment toutes les circonscriptions du pays, se taille la part du lion avec plus de 376 millions FCFA. Il est suivi par le Front social démocratique (SDF), qui engrange 70 millions FCFA et l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), qui reçoit 68 millions FCFA.
Cette répartition est aujourd’hui critiquée par tous, car personne ne maîtrise les modalités de répartition. Pour le président du Mouvement camerounais pour la social-démocratie (MCSD), Vincent-Sosthène Fouda Essomba, l’enveloppe allouée à ces élections échappe à toute analyse statistique. «Si les pouvoirs publics avaient voulus rester neutres, on aurait dû répartir équitablement cet argent entre les concurrents et laisser les citoyens exprimer leurs préférences au lieu de privilégier le RDPC, qui comme on le sait dispose de la machine de l’Etat et peut être présent là il le désire.» Pour lui, le fait d’avoir pris la mesure de déblocage des fonds juste à l’entrée de la campagne signifie que, dans le meilleur des cas, les partis concernés ne pourront en disposer que dans une semaine, en pleine campagne.
S’agissant de la deuxième tranche promise, et dont le paiement interviendra après le double scrutin, M. Fouda Essomba qualifie la man uvre de «chantage alimentaire, dans la mesure où ceux qui contesteront les résultats ne recevront rien». Pour le leader de l’Action pour la méritocratie et l’égalité de chances au Cameroun (AMEC), Joachim Tabi Owono, aucune formation de l’opposition, le temps imprati pour les formalités bancaires ne pourra permettre aux bénéficiaires d’obtenir leur pécule pendant que le RDPC se sert des moyens et du personnel de l’Etat pour battre sa campagne. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), pour sa part, parle d’«une escroquerie politique», les modestes moyens octroyés à l’opposition ne pouvant permettre de faire face aux obligations financières liées à la campagne électorale. On rappelle que 35 partis politiques sont en lice pour ce double scrutin.
