Ils sont près de 300 000 qui devront payer des taxes sous l’administration camerounaise, une perspective qui ne fait pas que des heureux
Bakassi la presqu’île définitivement devenue camerounaise le 14 août dernier doit aujourd’hui faire face à de nombreux défis dont celui de la collecte des taxes auprès des 300 000 habitants qui y vivent. La localité riche en pétrole, il faut le rappeler a été cédée par le Nigeria en 2008 au terme d’une longue bataille judiciaire et un peu militaire, après une décision e de la Cour internationale de justice, mettant fin à des années d’escarmouches frontalières. Si au niveau politique les dirigeants notamment camerounais se félicite de ce qui est considérée comme une des victoires du président Paul Biya, le processus n’a pas véritablement fait l’objet d’une concertation avec les populations vivant sur l’île et moulu dans des dizaines d’années de législation nigériane, notamment en matière fiscale. Une période de transition soutenue par l’ONU durant cinq ans exemptait les résidents de la région, dont beaucoup sont des pêcheurs nigérians, du paiement des impôts. Depuis le 14 août cette dérogation est désormais caduque et s’ils veulent rester nigérians, ils devront demander un permis de séjour ou prendre la nationalité camerounaise s’ils souhaitent rester. Un choix qui est très difficile. Pour beaucoup Bakassi était la région d’origine et la difficulté pour l’Etat fédéral de contrôler les territoires du Delta a laissé grandir un système permissif basé sur le principe de la sécurité en échange.
Le problème est désormais camerounais et dans sa législation fiscale, le Cameroun est bien plus rude que le grand voisin anglophone. Pour les Nigérians qui refusent de changer de nationalité, un permis de séjour coûtera 130.000 CFA pour deux ans ou 250.000 CFA pour 10 ans, une somme que les responsables de l’administration Camerounaise s’empresseront de récupérer. Une autre grande préoccupation pour les résidents de Bakassi est la perspective de payer des impôts. Au Nigeria, les petites entreprises et les détenteurs de petites affaires situées au bord de la route n’ont pas à payer de l’impôt, mais ce n’est pas le cas au Cameroun. Dès la prochaine installation d’une administration fiscale, les méthodes reconnus aux agents camerounais ne manqueront pas de créer de nouveau réseau de corruption, ou de forcer des gens à s’habituer à un système qui risque de tuer les affaires. Lors des moments de déclaration fiscales, chaque zone est contrôlée une fois par an par des agents travaillant pour le ministère des Finances accompagné par la police paramilitaire afin de recouvrer les impôts de toutes les entreprises, peu importe leur taille. Pourtant de l’avis de certaines analyses, le gouvernement devra s’ajuster et discuter avec son nouveau peuple, à qui on ne peut faire le reproche vouloir que dure encore la période de compréhension. A la différence de ceux des nigérians resté depuis 1960 dans la partie Camerounaise, les nouveaux citoyens pour qui aucune cérémonie d’accueil ne semble envisagée encore gardent encore la culture d’un peuple revendicateur et franc.