Les différents acteurs se rejettent mutuellement la responsabilité, à la Sosucam on refuse de parler de pénurie
Dans les marchés de Yaoundé la capitale camerounaise, le sucre en carreaux semble connaitre à nouveau une nouvelle période de pénurie. Des grossistes et détaillants de la filière sucre, affirment que l’approvisionnement connait depuis un certain temps des perturbations. Une situation qui inquiète dans un quartier comme la briqueterie. Habité par une population à majorité musulmane, de nombreuses personnes craignent que la pénurie ne se poursuive jusqu’à la période de ramadan, pendant laquelle la demande en sucre augmente sensiblement sur le marché camerounais. Dans ce quartier précisément, les revendeurs approchés affirment que depuis deux mois, se procurer du sucre en morceau est devenu très difficile. Une pénurie que s’étend déjà au sucre en poudre. A la Sosucam, la principale industrie productrice de sucre au cameroun, on se refuse à parler de pénurie. Selon des sources proches de la structure, le sucre se trouve sur le marché. On admet tout de même ici que la production a été arrêtée pour la raison d’inter campagne. Mais assure-t-on, il y a des réserves, surtout avec le droit accordé par le ministre camerounais du commerce d’importer du sucre du Congo voisin. Une mesure qui de toute évidence semble ne pas être une solution. Il se pose ainsi la question de la responsabilité d’une telle situation. Mais déjà dans l’économie de certains ménages la situation se fait ressentir, et plusieurs personnes craignent une nouvelle hausse des prix. Ça commence toujours comme ça et après dans le cadre d’une négociation on apprend qu’il faut augmenter les prix, affirme une ménagère.
La Sosucam encore visée
La société sucrière du Cameroun, la Sosucam est la première visée par les problèmes de pénurie du sucre au Cameroun. Parce qu’elle a quasiment conservé un monopole sur le marché, c’est à elle de fournir les 150 000 tonnes de sucre que constitue la demande nationale annuelle. Mais à la Sosucam la production annuelle ne dépasse pas les 120 000 tonnes de sucre. Cela 30 000 tonnes à combler chaque année. L’entreprise est donc visée mais surtout accusée d’aggraver la pénurie en privilégiant les pays voisins où elle exporte le sucre fabriqué au Cameroun et l’écoule à prix d’or. De son côté la SOSUCAM accuse les distributeurs de la filière d’entretenir une pénurie artificielle pour faire de la spéculation. Au cours d’une rencontre tenue au ministère du commerce le 3 février 2010, M. Alilou cadre à la direction générale de SOSUCAM soutenait qu’en janvier 2010, cette société a livré 9975 tonnes de sucre alors qu’elle avait prévu la livraison de 9 000 tonnes sur la même période. Ce qui fait un surplus de 10% par rapport à ses prévisions. Il précisait même que SOSUCAM dispose d’un stock de près de 22 000 tonnes, soit 18 000 à l’usine de Bandjock et 4 000 à Douala. Nous ne comprenons donc pas ce problème de pénurie. Les industriels comme les grossistes sont livrés. Nous ne savons pas où va tout le sucre que nous livrons, se plaignait M. Alilou.
Un problème récurent
La pénurie de sucre s’est installée au Cameroun depuis 2009 et malgré les autorisations accordées par le ministère du Commerce (on devait importer 10.000 tonnes de sucre dès Octobre 2009), cette pénurie n’a pas pu être contenue. Pour de nombreux observateurs, aucun doute n’est possible: Les choix de commercialisation de la Sosucam sont en partie responsables de la situation. Selon des sources concordantes, du sucre fabriqué au cameroun se retrouve sur le marché de certains pays à fort prix en violation des règles de commercialisation en la matière. Plusieurs experts pensent que l’entreprise de fabrication de sucre n’est pas sincère dans son argument selon lequel des grossistes créeraient une pénurie artificielle pour faire monter la spéculation. Une simple enquête remontant la filière de ce produit aurait rapidement permis de retrouver le niveau de rupture. Mais aucune enquête de ce genre n’a été menée. Pour certains observateurs, le ministère du commerce aurait les mains liées par des contraintes indéfinissables. Le ministère du Commerce n’a pas le pouvoir de sanctionner SOSUCAM, peut-être le premier ministre n’en a pas les moyens non plus affirme avec pertinence un camerounais (Nino), dans son blog internet. Au ministère du commerce on se refuse à commenter officiellement la situation, renvoyant les médias aux acteurs de la filière. Mais dans les coulisses, des personnes admettent que la situation préoccupe certains responsables qui pensent que ce problème relève de la mauvaise foi de certaines personnes. Les chiffres exacts de la production de sucre au cameroun restent inconnus. Rien n’indique dans l’attitude de l’administration que le problème constitue un cas majeur.
