Selon le rapport de l’autorité aéronautique camerounaise, l’enquête menée sur le crash a confirmé les premières hypothèses de départ sur l’erreur de pilotage
L’erreur de pilotage confirmée
Quelques jours après le crash de la Kenya Airways, le ministre camerounais des transports de l’époque, Dakolle Daïssala, déclarait dans une interview qu’une erreur et une négligence de pilotage semblait avoir été à l’origine de l’incident. Le rapport d’enquête de l’autorité aéronautique, l’équivalent d’un bureau d’enquêtes et d’analyses sur l’accident d’avions, confirme cette hypothèse émise trois ans plus tôt. Le pilote du vol de la Kenya Airways qui trois ans plus tôt a crashé et tué 114 personnes à bord, ne s’était pas rendu compte que l’avion virait vers la droite et lorsqu’il s’en est rendu compte il avait insisté sur le virage à droite, ce qui a déclenché une chute en spirale de l’appareil, peut-on lire dans le rapport dont Journalducameroun a pu obtenir un copie via une source kenyanne. Annoncé pour être consultable par le public ce jour sur le site de l’administration en charge de l’autorité aéronautique, le rapport d’un poids numérique très lourd était difficilement accessible pour plusieurs internautes camerounais, dont les connexions internet publiques ne sont pas toujours de bonne qualité. Difficile de dire s’il y a une volonté manifeste de restreindre l’accès au document qui est écrit en anglais pour le moment, contrairement aux usages aux Cameroun qui veut que les documents soient rédigés dans les deux langues officielles que sont l’anglais et le français. Une version française est annoncée pour plus tard.
Les dernières secondes
Le crash du Boeing 737-800 est survenu le 05 mai 2007 alors qu’il y avait une violente tornade. Pourtant le rapport exclut toute cause des effets de la météo dans l’accident. Il admet cependant que le pilote avait été victime d’une désorientation spatiale, ce qui veut dire qu’il avait perdu ses repères. Le rapport précise que le pilote ne s’est pas conformé aux procédures standards de décollage et n’a pas effectué les vérifications de routine d’avant tout décollage. L’enquête dont le rapport a été rendu public ce mercredi a été effectuée avec l’aide du NTSB américain. Il a établi que cinq ans plus tôt, le pilote avait été reconnu coupable de plusieurs manquements. Le rapport indique que 90 secondes après le décollage, le commandant de bord constatant que l’avion était trop incliné sur la droite a annoncé: on est en train de se crasher. Mais quelques secondes plus tard, son jeune copilote (23 ans selon le rapport) a par erreur demandé au commandant de bord de redresser sur la droite avant de se raviser et de dire la gauche, la gauche, la gauche. L’avion se serait crashé 09 secondes plus tard, une minute 42 secondes après le décollage.
Réactions mitigées coté kenyan
Amos Kimunya le ministre kenyan des transports s’est refusé à juger de la véracité des faits établis dans le rapport. Mais il a relevé un certain nombre de points d’interrogations. Le rapport établit qu’il y a eu une grosse discussion entre le pilote et la tour de contrôle sur la question du décollage. Mais le rapport n’indique pas pourquoi la tour de contrôle ne s’est pas suffisamment interposée à un décollage qu’elle avait pourtant interdit a rappelé la ministre Kenyan. Il relève aussi sans le dire des incohérences dans le rapport. Selon ses termes, il apparait paradoxal que la seule responsabilité du pilote soit établie de façon aussi formelle.

Le rapport reconnait que l’équipage était expérimenté et jouissait d’une bonne formation. D’un autre coté, il indique que cet équipage bien formé et qualifié ne s’était pas rendu compte que l’avion s’inclinait vers la droite. Et enfin, que lorsque le même équipage bien formé s’est rendu compte du problème, il a accentué l’inclinaison de l’avion sur la gauche. Ce qui aux yeux du ministre parait difficile à admettre. Malheureusement il n y a pas eu dans le déroulement de l’enquête un témoin oculaire qui puisse attester des circonstances réelles de l’accident. Le rapport s’est fait sur la base de l’analyse des instruments de bord et de ce que les experts ont déduit qui a pu advenir dans l’incident a-t-il conclut. Il a par ailleurs ajouté que de toute façon l’enquête visait plus à tirer des enseignements qu’à déterminer les responsabilités. La direction de Kenya Airways s’est alignée sur la position de leur ministre.
Un rapport fiable mais insatisfaisant
Les 114 personnes à bord de ce vol appartenaient à 27 pays. Il y avait des hommes d’affaires sud-africains, chinois et indiens. Il y avait aussi un expert américain en SIDA qui travaillait à la Harvard University, un reporter de l’agence américaine Associated Press, Brighton Antony Mitchell qui était en poste à Nairobi au Kenya, des commerçants et hauts fonctionnaires camerounais et de nombreuses autres personnes. L’enquête a été longue et difficile. L’avion s’est crashé dans une mangrove à 6,5 kilomètres de l’aéroport. Pourtant, il aura fallu près de 40 heures aux autorités camerounaises pour annoncer la découverte de l’épave. La position de la carcasse indique selon les experts que l’avion a piqué du nez et que les passagers sont tous mort sur le coup. La Kenya Airways a indiqué que de son côté que 92% des familles victimes ont été dédommagées. Les 8% restant le seront bientôt ont-ils déclaré. La direction générale de la compagnie a aussi indiqué que les vols de nuit ne seront pas changés parce que jusqu’ici et mis à part le crash, ces vols ont toujours eu lieu sans incident. Mais la direction de la compagnie kenyanne affirme avoir pris à son compte le nombre de recommandations prescrites dans le rapport. Une question demeure. Qu’est ce qui s’est vraiment passé le 05 mai 2007? Epineuse question.
