Après quelques jours de tension, les revendications n’ont pas encore trouvé de solution
C’est depuis le 30 avril 2009 que les employés de la Camerounaise des eaux (CDE) ont pris d’assaut les locaux de la direction régionale à Yaoundé. Et jusqu’à ce jour, 5 mai 2009, leurs revendications n’ont pas trouvé de suite. Les autorités font comme s’il ne nous voyait. Depuis que nous avons entrepris ce sit-in, aucune de nos revendications n’a eu de suite, explique Antonia Anga, vice présidente pour le Mfoundi de la fédération nationale des syndicats de l’électricité et de l’eau du Cameroun (Fennteec).
Ces derniers revendiquent le paiement immédiat et intégral de la dette sociale de l’entreprise, qui s’élève à plus de 2 milliards de francs Cfa. Les congés non payés sont inclus dans cette somme, précise un employé de la CDE qui ajoute que près de 2000 personnes en tout ont été spoliées dans le cadre de la privatisation de l’ancienne société nationale des eaux (Snec) au profit des repreneurs marocains. Les grévistes parlent aussi de la révision de la convention collective d’entreprise de la Camerounaise des eaux, qui est vieille de 40 ans, et ils déplorent le report fréquent des élections des délégués du personnel.
Pour l’instant, c’est une grève pacifique que l’on observe. Ils font un sit-in de 7h30 à 16h, tous les jours dans les locaux de la direction générale de Yaoundé. Aucune casse, aucun bruit. Ils sont assis à même le sol, en groupe. Ce sont quelques cartons accrochés au portail ainsi qu’une banderole qui porte les revendications des grévistes qui montrent leur ras le bol. Les grévistes assurent d’ailleurs que si rien n’est fait dans les jours qui viennent, ils vont passer à la vitesse supérieure, c’est-à-dire procéder à la suspension de la distribution de l’eau dans les ménages. Par contre, du côté des responsables, la tension n’est pas perceptible. Ait Bella Mohamet, délégué régional de la Cde a déclaré que tout avait été réglé et qu’ils n’attendaient plus que les confirmations de paiement de la part de Cameroon water utilities corporation (Camwater), mais d’après la vice présidente de la Fennteec aucun paiement n’a été fait, contrairement aux déclarations de la hiérarchie dans la presse. Nous sommes en contact avec le Littoral et nos collègues affirment n’avoir pas été payés.
La camerounaise des eaux est le nouveau gestionnaire des activités d’exploitation et de distribution de l’eau au Cameroun. Elle est la société qui a remplacé la Snec qui a laissé place à une structuration bicéphale entre la Société publique de patrimoine Camwater, chargée des investissements sur les infrastructures de production, et le fermier CDE qui devient la nouvelle interface client. Société de droit camerounais, La Camerounaise des eaux a été constituée par des entreprises marocaines. Il y a une entreprise publique du secteur de l’eau potable (ONEP), un groupe spécialisé dans la réalisation d’ouvrage dans ce secteur et un bureau d’études. C’est donc l’entité camerounaise de ce groupement qui va exploiter l’eau potable dans 115 villes du Cameroun dans lesquelles la Snec était déjà présente. Les missions de la CDE étaient donc claires: améliorer la qualité de l’eau distribuée, mais aussi et surtout améliorer la qualité du service en limitant, entre autres, la durée des interruptions de service. Elle avait aussi pour mission de veiller au bon fonctionnement des installations.
Dès ses débuts, la hiérarchie de la Cde a dit accorder une place importante à ses ressources humaines. Mais aujourd’hui, l’on comprend mal comment une grève puisse durer plusieurs jours sans aucune réaction de sa part. Cette grève intervient après celle observée en mars 2009. Et cette fois, les manifestants espèrent trouver une solution à leurs revendications.