Le gouvernement américain ne partage pas l’enthousiasme de Yaoundé sur le « succès » de cette rencontre.
« Il doit y avoir un vrai dialogue. Et il doit y avoir un transfert de pouvoir vers la région », a estimé Tibor Nagy, sous-secrétaire d’Etat américain chargé des Affaires africaines. Le haut diplomate américain s’exprimait ainsi le 19 novembre devant les élus au cours d’une audition, tel que rapporté par l’Agence France presse.
Selon lui, « la vérité, c’est qu’il n’y aura pas de victoire militaire » au conflit qui oppose les indépendantistes anglophones à l’armée dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Il analyse également que les conseillers du président Paul Biya lui font miroiter une solution par la force à la crise anglophone.
« Chaque jour, davantage de Camerounais, qui étaient probablement au départ des Camerounais très loyalistes, commencent à se dire que la sécession est peut-être la bonne solution », a-t-il déploré insistant sur la nécessité d’annoncer « quelque chose qui ait suffisamment d’intérêt pour ceux qui sont encore dans le camp des modérés ».
Tibor Nagy a également relativisé le succès du Grand dialogue national organisé début octobre par Yaoundé pour tenter de résoudre la crise séparatiste anglophone, marqué par le boycott des principaux groupes indépendantistes.
Le conflit qui oppose les indépendantistes anglophones à l’armée et la police dans ce pays majoritairement francophone a tué plus de 3.000 personnes en deux ans. Il fait peser une menace sur les élections législatives et municipales annoncées le week-end dernier pour le 9 février.