La brigade crée à cet effet ne s’est pas encore manifestée sur le terrain
La brigade toujours attendue sur le terrain
Le 25 mai dernier devait débuter l’opération de sécurisation des équipements publics marchands de la ville de Douala. Une opération qui prévoyait le déguerpissement de certains commerçants qui occupent «illégalement» les sites jugés dangereux par la cellule de prévention des risques des catastrophes dans les marchés commerciaux. Elle a été mise sur pied par la préfecture du Wouri, dont dépend la ville de Douala, la capitale économique camerounaise. Face aux nombreuses interrogations, les autorités n’ont apporté aucune réponse pour le moment. Aucun responsable de l’administration ne veut se prononcer clairement sur le sujet. En initiant l’opération, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala (DCUD) avait déclaré s’appuyer sur les directives contenues dans une lettre circulaire du ministère de l’administration territoriale et l’arrêté préfectoral du 10 mai 2010. Ces deux documents indiquaient clairement l’objectif d’assainissement des marchés commerciaux de la ville de Douala comme objectif prioritaire. Les missions de la brigade prévoyaient dans un délai de trois mois, le désengorgement des couloirs, l’ouverture des issues latérales dans une distance réglementaire, mais surtout la normalisation du réseau et des installations électriques, en collaboration avec l’opérateur Aes Sonel. Supposons par exemple qu’il y a 1200 boutiques au marché Mboppi et que toutes ont des branchements anormaux. Dans 15 jours, on saura si ce marché est dans les normes ou pas. Le diagnostic sera précis a affirmé Fritz Ntone Ntone, le Délégué du gouvernement à la communauté urbaine de Douala.
Pourquoi l’opération n’a pas débuté
D’autres missions essentielles ont aussi attribuées à la brigade. La construction ou la réhabilitation et la protection des bouches d’incendie. A cela s’ajoute la libération des drains et des caniveaux d’évacuation, ainsi que les emprises publiques; la régulation des constructions des ouvrages et tous les modules commerciaux et enfin l’interdiction de reprise des constructions dans la zone sinistrée du marché Congo. L’opération n’a finalement pas débuté. Selon certaines sources qui n’ont pu être recoupées en raison du défaut de communication de l’administration, il semblerait que le vrai problème est que cette opération concerne pour toute la ville de Douala, près de 7 000 personnes. L’administration se refuserait à créer des situations qui pourraient conduire à des tensions sociales. Pour la plupart des commerçants visés par la mesure d’assainissement, ils sont conscients des irrégularités leur incombant. Une source journalistique à Douala fait savoir que ces commerçants qui payaient les places occupées ont exprimé le besoin de se faire rembourser. Ils nous avaient dit qu’il n’y avait pas de souci et aujourd’hui ils veulent nous chasser comme ça, cela n’est pas possible; je m’en irai, mais ils me rembourseront a déclaré un commerçant. Selon de nombreux observateurs, certains responsables en charge de la gestion des marchés se retrouvent piégés dans cette affaire. Durant une longue période d’impunité, ils ont sans aucune anticipation concédé des espaces marchands contre des sommes d’argent, parfois non reversées à l’Etat. D’autres commentateurs affirment pour leur part que le problème est financier. La communauté urbaine refuse de se lancer dans une opération qui sera interrompue pour des questions financières.

Un rapport qui inquiète
En décembre 2009, juste après l’incendie du marché central de New-Bell, un quartier de Douala, une organisation avait mené une enquête indépendante et rendu son rapport. Un rapport qui permet aujourd’hui de mieux percevoir les problèmes des marchés à Douala et par extension tous les marchés du Cameroun. Pour l’Organisation des Droits de l’Homme et de la Protection du Citoyen, une organisation connue à Douala pour ses interventions dans certains problèmes sociaux, les marchés du Cameroun ont été victimes de malversations où se retrouvent impliqués des agents de l’Etat et des commerçants véreux. Les espaces prévus pour l’aération ont été transformés en aire de vente, produisant ainsi plus de 1000 boutiques. Les couloirs sont empiétés et fractionnés en boutiques. Il ne reste que 12 toilettes sur 24, les autres ayant été transformées en boutiques et vendues à 3 millions de FCFA l’une, soit 36 millions de FCFA. Contrairement à la loi, plus de 331 boutiques sont en sous-location entravant ainsi le texte qui interdit la sous-location, la modification du lieu et la vente. Tout cela est hors la loi se passe au vu et au su des pouvoirs publics, peut-on lire dans le rapport. Si on étend l’existence de cette situation aux autres marchés du Cameroun, il y a lieu de penser que le problème ne peut être résolu par les seules collectivités locales. Il faudrait une implication plus forte de l’administration centrale au risque de se confronter à un problème insoluble.
