Usagers et employés doivent monter parfois jusqu’à 18 étages, alors que le bâtiment abrite 4 ministères, dont celui en charge du patrimoine public
Jusqu’à mardi 24 avril 2012 dans la matinée, les usagers et employés de l’immeuble ministériel numéro 2 situé au centre-ville de Yaoundé la capitale camerounaise, devaient pour les besoins de la cause, monter parfois jusqu’à 18 étages pour accéder à leurs bureaux ou services. De sources internes, on apprend qu’un incident électrique survenu le vendredi d’avant, a mis en arrêt les ascenseurs du bâtiment. L’immeuble serait aussi victime d’une inondation dans certains bureaux. « Je ne peux pas rentrer dans mon bureau parce que déjà il faut y arriver et les ascenseurs sont bloqués comme vous le voyez, et ensuite lundi on a remarqué en arrivant au bureau qu’il y avait des inondations. Généralement on aspire tout cela vers l’extérieur, mais là il n’y a pas de courant et donc on tourne en rond », explique une employée rencontrée au bas de l’immeuble. Pour ceux qui étaient contraints, il n’y avait pas d’autre choix que de prendre les escaliers, dans l’obscurité totale, toujours faute d’électricité et avec une pointe de colère. « C’est quel pays ça ? Regardez ce qu’on nous fait faire, je ne comprends pas qu’un bâtiment de l’administration ait un problème qui se déclenche d’une telle ampleur et on a l’impression que cela ne dérange personne c’est vraiment terrible, je viens d’arriver au 15ème étage ou je devais rencontrer quelqu’un », explique un usager à bout de souffle.
Aucune version officielle n’a été donnée sur les causes de cette situation. Dans les commentaires, on apprend qu’un transformateur électrique alimentant le bâtiment aurait été saboté à la suite de la violente pluie du vendredi 20 avril. « Une équipe du ministère de l’énergie et de l’eau est arrivée ici et on attend leurs conclusions », explique un employé du bâtiment. Ce nouvel incident relance la problématique de la maintenance des bâtiments publics au Cameroun. Avec moins de 40 ans d’âge, l’immeuble ministériel numéro 2 qui abrite jusqu’à quatre ministères dont celui de l’enseignement supérieur, des domaines et du cadastre, des forêts et de l’environnement, ressemble à un bâtiment vieillot. Outre cet incident, le bâtiment manque par endroit d’eau, tous les ascenseurs ne fonctionnent pas, des pans de blocs sont abandonnés ou transformés en dépotoirs. Pourtant, apprend-on, une provision de près de trois milliards est prévue pour la maintenance de cet édifice. Certaines autres personnes parlent d’une difficulté pour les ministres locataires de l’immeuble à s’accorder sur les responsabilités de maintenance. « Tu veux qu’on fasse comment mon frère, ce sont des gens qu’on recrute, parfois ils font six mois on ne les paye pas comment peuvent-ils travailler dans ces conditions. Le fait est qu’ils n’ont pas le moyen de se plaindre, celui qui a le marché est parfois l’ami d’un responsable, du coup le niveau d’exigence est très faible, c’est notre pays comme cela », explique un Francine K, employée dans l’immeuble. La situation reste sur qui va faire quoi, aucune autorité n’ose aborder le sujet de manière ouverte.
