Les derniers chiffres partiels de synthèse d’exécution budgétaire sont encore plus inquiétants que prévus
En mars dernier, la mission du Fond monétaire internationale (FMI) prévoyait une détérioration de la croissance du PIB du Cameroun qui serait de 2,5% en 2009, contre 3,4% en 2008, à cause de « la faiblesse de la demande mondiale ». En effet l’adoption du budget 2009 n’avait pas tenu compte de la crise internationale qui se signalait à l’horizon. Avec 2.301 milliards de Fcfa de prévisions budgétaires, le Cameroun avait misé pour atteindre cet objectif, sur un baril de pétrole à 62 dollars américains. Le pétrole est entre temps descendu à 47 dollars le baril pendant des mois, malgré un léger retour à la hausse. Le pays comptait également sur des recettes forestières, sur les devises issues de la vente des matières premières telles que le coton, le caoutchouc et l’aluminium. Mais ces secteurs se sont retrouvés plombés à cause de l’absence des commandes du fait de la crise financière que traverse la planète. Le ministre camerounais des Finances Essimi Menye au cours d’un Conseil de cabinet déclarait que le Cameroun pourrait perdre 160 milliards de Fcfa dans ses prévisions budgétaires de 2009.
En réalité, les effets risquent d’être plus profonds que prévus. On l’apprend d’une note de synthèse de l’exécution budgétaire à la fin du premier trimestre 2009 que le ministère des Finances a publié depuis quelques jours dans les journaux locaux. Dans le chapitre concernant les recettes de l’Etat, la note révèle que les recettes budgétaires totales hors financements extérieurs recouvrés au premier trimestre 2009 s’élèvent à 431 milliards Fcfa. Elles diminuent ainsi de 71,3 milliards Fcfa (-14,2%) par rapport à la même période de l’exercice écoulée où elles étaient de 503 milliards Fcfa. Les causes quant à elles sont évidentes.
Les recettes pétrolières du Cameroun au premier trimestre 2009 présentent le mieux l’ampleur de la situation. Du fait de la chute des cours du pétrole, les revenus pétroliers auraient baissé de 87,8 milliards Fcfa (-67%) passant de 131 milliards Fcfa à fin mars 2008 à 43,2 milliards à fin mars 2009. Par rapport aux prévisions à fin mars 2009 qui sont de 105 milliards Fcfa, elles sont en retrait de 61,8 milliards soit un taux de réalisation de 41%. La baisse de la manne pétrolière observée au premier trimestre 2009 conforte la thèse de ceux qui soutiennent que le gouvernement aura du mal à réaliser ses prévisions budgétaires de l’année en cours. Car même si on note une certaine accalmie au niveau du cours du baril qui approche actuellement les 60 dollars, on est encore bien loin des 68 dollars le baril, retenue dans les prévisions de la loi des finances 2009. Et certains experts affirment avec autorité que malgré la légère reprise observée de l’économie mondiale, le baril ne franchira pas en 2009 la barre de 65 dollars.
La note de conjoncture du Ministère des finances cite à titre d’exemple que par rapport à mars 2008, les dépenses courantes ont augmenté de 14,1 milliards Fcfa (+5,5%). Dans ce cas, le gouvernement doit soit réajuster son budget, soit puiser ailleurs pour le financer. Des sources sous anonymat proches du ministère des finances disent que l’hypothèse pourtant salvatrice et légale d’un correctif budgétaire pour adapter les recettes pétrolières et non pétrolières à la conjoncture économique a été progressivement abandonnée. De nombreux observateurs critiquent l’attitude du gouvernement qui ne fait pas montre de clarté dans cette affaire. Cette situation à ce niveau d’exécution du budget devrait surement être un véritable casse tête pour le gouvernement, qui doit avoir de véritables soucis face à la rareté des ressources financières.
Car faut-il le relever, alors que les recettes baissent, les dépenses quant à eux connaissent une tendance haussière. Le rapport parle d’une hausse de plus de 14% des dépenses de fonctionnement. Si et comme il apparaît de plus en plus inévitable que le prix du baril ne devrait pas atteindre celui fixé par les prévisions budgétaires à la fin de cet exercice, le trou pourrait être de plus de 200 milliards de FCFA. Les analystes se refusent de commenter cette situation, qui est des plus complexes. Tous s’accordent cependant à dire qu’au vu des instruments connus de gestion publique, soit le gouvernement va réduire ses dépenses, ce qu’il parait peu probable, soit il va solliciter les contribuables qui ont déjà répondu présents dans ce premier trimestre avec une hausse de plus de 4% des recettes non pétrolières.

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