Selon Intégration, personne n’est capable de dire avec précision la date de la dernière conférence des ambassadeurs du Cameroun
En suivant à la télévision française le discours du président Hollande lors de la conférence des ambassadeurs de France le 28 août dernier, j’ai été inspiré décrire cette voix du peuple en pensant à la diplomatie «moribonde» du Cameroun. Malgré mon insistance, aucun responsable, y compris ceux contactés au ministère des Relations extérieures, nʹa été capable de me dire avec précision la date de la dernière conférence des ambassadeurs du Cameroun. Au demeurant, personne n’avait le souvenir que le président Biya n’a jamais présidé pareille conférence. Comment le Cameroun fait†il donc pour agir sur la scène internationale? Qui donne les ordres, les directives et les instructions? Pour répondre à toutes ces questions, nous sommes allés consulter l’organigramme du ministère des Relations extérieures. Il n’apporte pas toutes les réponses aux questions que pose la diplomatie léthargique du Cameroun. Mais, il dit au moins, avec une relative clarté, qui donne les instructions et les directives. Il décrit également les services extérieurs qui sont chargés de promouvoir la diplomatie camerounaise. Il nʹapporte aucune réponse à l’inertie de nos ambassadeurs, il n’apporte aucune solution à la trop grande longévité au poste. Certains, parmi eux, sont en poste depuis quoi (?), vingt ans!
Lʹun dʹeux, Jérôme Mendouga, a été inculpé et condamné à dix ans de prison pour détournement de fonds publics. Sur cette voie du déshonneur, d’autres pourraient suivre notamment Loe Victor, le «bouffeur» de frais de visas qui est en poste à Tunis depuis 2009, beaucoup plus comme billeteur de frais d’évacuations sanitaires fictives. Il reçoit, à ce titre, ses ordres non pas du ministre des Relations extérieures comme dit le texte, mais du plus vieux percepteur en fonction au Cameroun, le très célèbre Christophe Ketchankeu de Paris. Conformément aux dispositions de l’article 172 (1) du décret n°2013/212 du 2013, les services extérieurs du Ministère des Relations extérieures sont: les Ambassades et Hauts Commissariats, les Représentations et Missions permanentes auprès des organisations internationales, les Consulats généraux, les Consulats et les Consulats honoraires. Le même décret stipule en son article 176 que les services extérieurs reçoivent dʹune manière générale leurs instructions et directives du ministre des Relations extérieures et lui rendent compte de leur exécution. Mais lʹon vous dira que le ministre Moukoko Mbonjo ne prend même pas certains ambassadeurs au téléphone.
Quand on connait la paresse naturelle de lʹhomme, on comprend pourquoi le poste lui va comme un gant. Si vous voulez une image parfaite de lʹinertie, allez au Minrex. Si vous voulez un indicateur sûr de l’immobilisme du Cameroun, allez au Minrex. Pour compléter votre tableau, n’oubliez pas dʹaller voir du côté de la cellule diplomatique de la présidence de la République, le fameux «diplocam». Même le secrétaire général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, un diplomate, n’arrive pas à donner un souffle de vie à cette structure qui sert des intérêts occultes. Ajoutez†y le directeur du Cabinet civil, Belinga Eboutou, un autre diplomate adepte de l’opacité et des doubles emplois, et vous aurez fait le tour des fossoyeurs de la diplomatie camerounaise riche en curiosités: pour mener la libération des otages français sur le terrain, Ngoh Ngoh Ferdinand surgit.
Le 17/05/2014, un important sommet se tient à Paris sur la paix et la sécurité autour du Lac Tchad. La délégation officielle oublie allègrement les ambassadeurs du Cameroun respectivement au Nigeria et au Tchad. Nous croyions que la Sopecam dont le PCA est le directeur du Cabinet civil adjoint et la CRTV radio et télévision suffisent pour les appétits dʹogre de la communication officielle. Nous croyions aussi que le journal lʹAction du RDPC suffisait pour le volet propagande de cette communication. Que non! Le même Cabinet civil publie «le temps des réalisations» en parfait double emploi avec les médias publics cités plus haut. Les mauvaises langues parlent même de voyages présidentiels fictifs payés. Nous vérifierons. En 2014, le budget du ministère des Relations extérieures est de 26 355 millions de francs CFA pour le fonctionnement et 2 500 millions de francs CFA pour lʹinvestissement. Cʹest à peine 300 millions par services extérieurs. Une pitance.
L’insuffisance des crédits vous annonce allègrement le dénuement quasi général de nos services extérieurs. Dʹoù les nombreuses délégations ponctuelles de crédits accordés par le ministre des Finances pour boucler les salaires des agents et les loyers annuels. Le Cameroun a même essuyé et perdu des procès engagés par des ex†agents administratifs étrangers. Une peine! Pourtant, pour assouvir les appétits monétaires de tout ce petit monde diplomatique, des reçus de décharge de fonds par des chargés de mission et billeteurs ad hoc du Cabinet civil inondent les perceptions des ambassades. Last but not the least, les diplomates attendent toujours un statut digne des cadres de niveau Bac+5 qu’ils sont. Connaissant l’égoïsme, la dureté de c ur de ceux qui sont en charge de ce type de dossier et le corporatisme qui gangrène la fonction publique camerounaise, cette attente nous semble au final psychédélique.
Vox Dei.
Thierry Ndong
