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Cameroun: « L’utilisation des moustiquaires imprégnées reste la mesure par excellence pour lutter contre le paludisme »

Le Dr Mouhamadou Chouaibou, entomologiste médical répond aux questions de JDC Le paludisme on le sait fait de nombreuses victimes…

Le Dr Mouhamadou Chouaibou, entomologiste médical répond aux questions de JDC

Le paludisme on le sait fait de nombreuses victimes au sein de la population infantile en Afrique, que pensez vous de cette méthode qui consiste à intégrer la distribution des moustiquaires imprégnées à la distribution de la vitamine A ?
Oui de plus en plus on constate en effet que dans de nombreux pays la distribution de la vitamine A vient en renfort de celle des moustiquaires imprégnées. Mais il faut bien distinguer les deux choses, la vitamine A est un supplément alimentaire qui est très important pour la croissance chez les enfants, tandis que la moustiquaire imprégné permet de prévenir le paludisme. La combinaison des deux ne peut donc être que bénéfique pour la réduction de la mortalité chez les enfants et les femmes enceintes. Mais au stade actuel, l’utilisation des moustiquaires imprégnées reste la mesure par excellence de prévention contre le paludisme au Cameroun déjà, et dans de nombreux pays où la maladie sévit.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que l’efficacité des moustiquaires imprégnées est relative?
En fait, lorsque l’on respecte toutes les précautions requises, il n’y a pas de raison que la moustiquaire imprégnée ne soit pas efficace. Toutefois, les problèmes qui se posent relèvent surtout de l’acceptabilité par les communautés et la ré imprégnation. En effet les utilisateurs bien que sensibilisés ne développe parfois pas le reflexe de ré imprégner leurs moustiquaires. Cette situation a poussé les politiques de santé à favoriser l’utilisation de plus en plus des moustiquaires pré-imprégnées en industrie, qui elles durent plus longtemps et sont par conséquent plus adaptées aux réalités de nombreuses communautés.

[b Pourquoi les efforts de la science ne se concentrent pas sur la lutte biologique comme il en a été procédé au Kenya pour éradiquer la mouche tsé-tsé ?}
Pas mal de recherches sont faites dans ce sens, notamment sur les mâles stériles ou les moustiques transgéniques c’est-à-dire incapable d’entretenir le développement du parasite. Mais jusqu’ici les expériences n’ont pas encore été réalisées dans la nature. Ceci parce que plusieurs éléments rentrent en jeu : l’adaptabilité des ces « nouveaux insectes » en milieu naturel, leur succès reproductif. et en plus on dénombre environ une soixantaine d’espèces différentes de moustiques vecteurs de paludisme, cela rend donc une telle initiative très complexe

Quelles sont les difficultés que présente la prévention contre le paludisme au Cameroun?
Malgré les efforts entrepris par le gouvernement camerounais par des interventions simples en matière de prévention telles que la distribution des moustiquaires imprégnées d’insecticide, il est à signaler que la prise de conscience du problème « paludisme » et de ses conséquences socio-économiques est encore limitée dans la population générale, tant pour la prise en charge que pour la prévention

La science est-elle prête de trouver une solution complète pour contenir le paludisme?
Des efforts considérables sont faits dans ce sens notamment dans la recherche des nouvelles molécules ou de combinaisons thérapeutiques gagnantes compte tenue de la chimiorésistance (résistance des parasites aux antipaludéens), la recherche d’un vaccin contre le paludisme et la gestion des phénomènes de résistance aux insecticides observés chez les vecteurs. Mais il y a beaucoup de paramètres et la science s’efforce autant que possible de les faire converger.

Dr Mouhamadou Chouaibou
Journalducameroun.com)/n