Le projet de corridor qui réunit les deux pays et les partenaires multilatéraux coûtera près de 210 milliards de Fcfa.
Dans une interview accordée au journal économique panafricain Les Afriques le ministre camerounais de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire a confirmé le projet en apportant des précisions sur les enjeux. Tout d’abord, l’aménagement de cette route constituerait une mesure de renforcement de la confiance qui améliorerait les relations bilatérales et les contacts entre le Nigeria et la République du Cameroun, après la résolution du conflit de Bakassi par la Cour Internationale de Justice. Louis Paul Motaze affirme à cet effet que Cette liaison routière vient en fait confirmer les mesures prises dans le sens de la pacification des relations. Sur le plan purement économique, le projet semble plus motivé par la nécessité de l’intégration qui se présente aujourd’hui comme une des réponses aux situations de crises financières internationales. Le Cameroun sera plus proche du Nigeria à la faveur de cette infrastructure et cela facilitera les échanges déjà très importants entre les deux pays, voir les deux régions économiques.
C’est en principe le 10 mai dernier, en marge de l’assemblée générale annuelle de la Banque africaine de développement (Bad) que devaient être officiellement lancés les travaux de ce corridor. Il est à préciser que sa construction était une des recommandations de la session tripartite de la commission mixte Cameroun/Nigeria en janvier 2004 par le secrétaire général des Nations Unies d’alors, Koffi Annan. Peter Sturmheit, le chargé des programmes à la représentation de la Bad à Abuja situait le début effectif des travaux des deux côtés de la frontière entre juillet et août 2009. Le projet financé par la Banque mondiale au Nigeria, la Banque africaine de développement, et la coopération japonaise au Cameroun, a également été ouvert à la Cedeao et la Cemac et coûtera environ 455 millions de dollars (près de 210 milliards de Fcfa). Les Etats du Cameroun et du Nigeria doivent apporter leur contribution financière pour la réalisation de ces travaux. Au-delà de la construction de la route Lagos-Enugu-Abakiliki-Mamfé-Mutengene-Bamanda, des services sociaux doivent également être mis sur pied le long du corridor. Ainsi, la construction des écoles, des marchés et la création d’aires de séchage des vivres et des aires de repos sont également envisagés.
L’implication effective des autorités camerounaises démontre l’importance réelle du projet. Les experts s’accordent à dire qu’au-delà du souci de promouvoir la stabilité dans la région, cette route reliera surtout les pays de la Cemac à ceux de la Cedeao, deux sous régions entretenant d’étroites relations économiques. Le Cameroun verrait ainsi son statut de plaque tournante de la sous région Afrique centrale renforcé.
Les experts de la Bad estiment en effet que les routes dont la construction est envisagée sont jugées nécessaires, car elles permettraient de faire face à la demande de trafic actuelle et à celle qui est prévue, d’améliorer les infrastructures de transport dans la région et de promouvoir le développement économique le long et dans les environs du corridor. Avant d’en arriver à la réalisation du projet, plusieurs préalables doivent être réglés. Ainsi, plusieurs paramètres restent à harmoniser. Il s’agit notamment du poids à l’essieu qui est différent de part et d’autre de la frontière. Les études sur le pont de la cross-river qui relie les deux pays doivent également être refaites ainsi qu’il reste à déterminer le lieu où sera installé le poste de frontière qui sera géré par la Cedeao. Le dernier décaissement est prévu pour décembre 2013 et marquerait alors la fin desdits travaux.
