Le président Goodluck Jonathan aurait accepté le principe de mettre en place un comité en vue d’examiner une possibilité de faire appel de la décision de la Cour Internationale de Justice
Selon de nombreux médias paraissant au Nigéria, le président Goodluck Jonathan à la tête du pays, aurait finalement accepté le principe d’une révision de la décision de la cour internationale de justice (CIJ) de 2002, à travers laquelle, la souveraineté sur la péninsule riche en pétrole de Bakassi, revenait au Cameroun. Selon le journal nigérian This Day qui rapporte l’information, l’exécutif de ce pays aurait été convaincu par de nouvelles preuves, qui n’avaient pas été versées au dossier lors de la bataille judiciaire qui à son époque couvrait un affrontement militaire. Une décision qui selon la même source, intervient après que pendant des semaines, le Sénat Nigérian ait mis la pression sur le président Jonathan afin qu’il accepte que soit formulé un appel de la décision. Juridiquement, la démarche du Nigéria serait irréprochable. L’article 61 des statuts de la CIJ donne effectivement la possibilité aux parties dans les affaires qu’elle tranche, de pouvoir introduire un recours de la décision qui leur est défavorable, si une nouvelle preuve qui pouvait être déterminant pour l’issue des débats et n’avait pas été versé lors du procès réapparaissait et était soumise dans les six mois de sa découverte, et dans les dix ans du prononcé de la décision de la Cour. C’est la première menace sérieuse qui pourrait peser sur la décision d’attribution de la souveraineté du Cameroun sur Bakassi, si le Nigéria faisait appel de la décision de la CIJ. Les médias nigérians rapportent aussi que la preuve dont il est question, s’appuie sur un des fondements de droit international qui a donné l’avantage au Cameroun lors du procès, le principe de l’ »Uti possidetis », la possession utile.
La classe politique nigériane divisée
Ce n’est pas la première fois que des revendications officielles nigérianes sont mises au grand jour, relativement à la presqu’île. Plusieurs fois des groupes politiques ont mis en avant l’argument de mauvais traitement que la gouvernance camerounaise ferait vivre aux quelques 300 000 personnes vivant sur cette île et qui se sentent nigérianes dans l’âme. Jusque-là l’argument évoqué était la non ratification par le parlement du Nigéria, de la décision de la CIJ et des accords de Greentree. Un argument battu en brèche par les statuts de la CIJ qui imposent aux Etats membres, les décisions prises par elle. Pour donner raison au Cameroun la CIJ s’était appuyée sur plusieurs points dont deux plus importants. Le premier était que les frontières héritées de la colonisation devenaient de fait les frontières des pays issus des indépendances. Le deuxième point, Bakassi qui était un territoire non occupé, revenait au Cameroun en raison des accords Germano-britanniques de 1913. Par ces accords, l’Allemagne cédait Bakassi aux britanniques, qui eux même avaient colonisé le Cameroun anglophone. Aux indépendances, les britanniques héritaient de Bakassi qui lui-même devenait la propriété du Cameroun unie. Aujourd’hui pourtant, l’argument nigérian est que l’accord Germano Britannique qui donnait raison au Cameroun n’a jamais été signé et donc que Bakassi restait un territoire inoccupé. Les politiques de ce pays exigent après l’annulation de la décision de la CIJ, que soit organisé un référendum pour savoir si les populations voulaient rester ou non sous la gouvernance camerounaise. La classe politique nigériane est pourtant divisée dans cette affaire. Ils sont nombreux à penser que la preuve évoquée dans ce contexte n’est pas suffisamment pertinente et que la CIJ va la rejeter. Sur le terrain, la délimitation des frontières réalisée par la commission mixte des deux pays se poursuit et devrait s’achever d’ici la fin de l’année. Sur un tout autre plan, Goodluck Johnathan aura du mal à se situer, surtout que le président Biya du Cameroun, lui a proposé une exploitation commune du pétrole de Bakassi, et que le Nigéria se refuse à tout conflit avec son voisin qui est aussi son premier client et une ouverture certaine sur le marché d’Afrique centrale de près de 40 millions d’habitants . L’affaire est à suivre, le délai pour faire appel de la décision est fixé au 10 octobre prochain.
