Pas un mot du chef de l’Etat sur les routes qui ont encore endeuillé de nombreuses familles en une journée.
18 minutes, c’est le temps qu’aura mis le chef de l’Etat pour délivrer son message de vœux au peuple camerounais en cette fin d’année 2020. C’est un peu moins que la moyenne de ces discours en pareilles circonstances, qui allaient souvent jusqu’à 25 minutes. A 87 ans, c’est un Paul Biya encore plus affaibli, marqué par le poids de l’âge et avec le souffle court, qui s’est présenté à ses compatriotes.
Deux sujets majeurs auront manqué dans cette sortie du président de la République : l’accident de la circulation de Ndikinimeki, le 27 décembre dernier et sa décision de relever l’âge de départ à la retraite, trois jours plus tard.
En ce qui concerne l’accident mortel de la circulation du dimanche 27 décembre 2020 sur le pont Nomale, dans l’arrondissement de Ndikinimeki (région du Centre), le président de la République n’en aura pas fait mention dans son discours ni des autres accidents enregistrés à travers le pays ce jour-là. Ceux-ci ont fait une cinquantaine de morts en une journée.
Pas un mot du chef de l’Etat pour les familles des victimes, ni une aide ou encore l’annonce d’une mesure en relation avec la sécurité routière.
Il faut dire que le sujet n’est pas glorieux pour le régime de Yaoundé. D’après les Nations-Unies, au cours de la période 2008-2014 3,64 % des accidents au Cameroun sont dus aux causes environnementales, pour 15,39 % aux causes mécaniques (liés au mauvais état des véhicules), et 80,97 % aux causes humaines.
Pour l’année 2019, la route a tué près de 940 personnes, soit une baisse de 41 % par rapport aux 1588 morts enregistrés en 2011.
L’autre grand sujet absent du discours du président, c’est le relèvement de l’âge de départ à la retraite. Par décret de Paul Biya, les fonctionnaires vont travailler 5 ans de plus. L’âge de départ passe ainsi de 55 ans à 60 ans pour tous les agents publics et autres fonctionnaires de l’Etat.
Une décision politique qui ne cache pas un certain malaise : de nombreux privilégiés bénéficiaient déjà d’une mesure exceptionnelle de rallonge de période d’activité du président de la République ou du Premier ministre. De plus, une partie de l’opinion accueille mal cette mesure qui retarde davantage l’entrée des jeunes dans l’administration publique.
Pour le reste, Paul Biya est revenu sur le conflit dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, sans proposer une sortie de crise. Il s’est également permis une pique en direction de Maurice Kamto, son principal opposant qui rêve de le renverser en surfant sur le mécontentement général de la population.
En fin de compte, le discours de Paul Biya de ce 31 décembre 2020 aura été un énième bagou sans enjeux.