L’ancien haut commis de l’Etat doit honorer un autre rendez-vous devant la juridiction d’exception dans l’affaire de détournement de 25 milliards de FCFA.
Pierre Désiré Engo, 80 ans, est désormais au centre de la plus vieille affaire pendante devant le Tribunal criminel spécial. Ce vendredi, 30 juillet 2021, l’ex-directeur général de Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) doit en principe honorer un énième rendez-vous au sujet de l’affaire du détournement imaginaire de la somme de 25 milliards de FCFA.
Ce déplacement pourrait être encore inutile. Comme lors des précédentes comparutions, les débats ont souvent tourné autour d’une demande de renvoi formulée par le ministère public avec une phrase devenue rituelle. « Nous restons dans l’attente des résultats de l’exécution de la commission rogatoire adressée aux autorités judiciaire françaises, raison pour laquelle le parquet demande un renvoi de six mois en espérant qu’à cette date cet ADD sera entièrement exécuté », va sobrement déclarer le représentant du parquet général dès que la parole lui sera donnée. Une déclaration que Me Bayebec Alexis, l’avocat de l’ancien DG, a chaque fois qualifiée de véritable comédie.
Perte de temps
En fait, le 7 mai 2014, le tribunal avait ordonné une mesure d’enquête supplémentaire en décidant de lancer une commission rogatoire internationale dont le but était d’apporter une plus grande lumière sur les faits reprochés au vieil homme. Le rapport de cette prétendue commission est encore attendu.
Dans cette procédure, la CNPS ne s’est jamais plainte d’un quelconque détournement. Elle considère que cette procédure ne constitue qu’une perte de temps, ne se fait pas représenter aux audiences. Bien qu’il ne soit plus en détention depuis 2014, M. Engo est donc un otage judiciaire.
Le 18 juin 2020, M. Engo n’a pas hésité à prendre la parole pour s’insurger devant ce qui arrive. Son avocat s’est aussi indigné du traitement infligé à son client. «Vous constatez avec moi que le ministère public vous prend en otage ; il prend en otage les auxiliaires de justice que nous sommes et l’accusé qui a toujours été présent à l’audience comme quelqu’un qui a soif de justice. Le ministère public devrait être à égalité avec la partie d’en face ; ça ne me semble pas être le cas. Si une demande de renvoi justifiée ou injustifiée avait été présentée par un justiciable depuis six ans, est-ce que le tribunal aurait continué à le lui accorder ».