Par Jean Baptiste Nguini Effa, ex-directeur général de la Scdp
C’est avec beaucoup de circonspection que j’ai lu votre Journal du 12 février 2013 dont le titre est «OPÉRATION ÉPERVIER COMMENT LE POUVOIR A ENQUÊTÉ SUR LES COMPTES BANCAIRES DES PERSONNALITÉS. Toutes les personnalités concernées et leurs supposés comptes bancaires. Document exclusif et contre-enquête». D’ores et déjà je salue les précautions et les fortes réserves qui accompagnent ces informations et ces comptes quant à leur réalité et au sérieux même des listes que vous publiez. Vous attribuez également sans contestation possible la paternité de ces documents devenus officiels à un ancien Vice-Premier Ministre Garde des sceaux et Ministre de la justice qui a commandité ce travail auprès d’investigateurs escrocs et sans vergogne si ce n’est un travail supposé réalisé soit par M. DOOH COLLINS, soit par Me Jacques VERGES, soit encore par TRACFIN (Agence Nationale d’investigation financière version française soit par le Département d’Etat américain).
En ce qui me concerne personnellement je m’inscris totalement en faux comme étant le titulaire des comptes auprès des banques suivantes:
– BRED CAEN SAINT-ETIENNE
s/c GUESNE Claude Marcel Français Solde au 20 septembre 2009:
-556 750 000 FCFA
– BANQUE BPAIL PORNIC EUROP
Solde au 31 décembre 2009:
2 967 575 035 FCFA
Outre le caractère exotique des noms de ces banques dont je n’ai jamais entendu parler, je ne connais pas de M. GUESNE Claude Marcel François qui ne fait pas partie de mes connaissances au cas où il existerait réellement.
Dans l’encadré en page 5 de ce Journal qui contient un VERBATIM et donc un extrait d’une note adressée à M. AMADOU ALI, Ministre de la Justice, il m’est attribué:
1) 13 Comptes bancaires en Europe
2) 04 Comptes bancaires en Afrique
3) 18 Comptes bancaires en Asie
Et 22 comptes bancaires pour l’ensemble de mes ex-collaborateurs emprisonnés avec moi, soit 57 comptes bancaires au total pour les ex-dirigeants de la SCDP.
En ce qui concerne les 35 comptes bancaires qui me sont attribués à travers le monde, je ne reconnais qu’un seul compte à Paris à la BNP PARIBAS BOULEVARD HAUSSMANN qui était un compte de transit pour mes frais de missions à l’étranger alimentés uniquement par des chèques de voyage et qui servait de support à ma carte de crédit pour mes réservations d’hôtel et mes menues dépenses.
Ce seul compte est aujourd’hui clôturé débiteur. Les 34 autres comptes à travers le monde dont 18 en ASIE (sans aucune précision) SONT PURE AFFABULATION et je prends l’opinion nationale et internationale à témoin sur le caractère, bête, idiot et méchant de cette information qui n’a pour but que de jeter l’opprobre sur moi et ma carrière intellectuelle et professionnelle et d’attirer la vindicte populaire sur moi de la part des Camerounais qui croupissent pour la plupart dans une misère indescriptible. (Cette indigence n’épargne d’ailleurs pas l’ensemble de ma famille).
En outre, il est surprenant qu’aucun de ces 34 comptes ne fait partie des comptes saisis de M. NGUINI EFFA après les commissions rogatoires envoyées dans le monde et ne figurent aucunement sur la décision de condamnation. Au final, je m’interroge fortement sur les intentions véritables de «L’Oeil du Sahel», qui publie toutes ces informations que vous qualifiez de légères, faibles, non vérifiées, souvent démenties, non fondées et non recoupées.
Tout d’abord, le caractère tribal et tribaliste de ces supposées révélations qui « épargnent » certains ressortissants de certaines grandes régions de notre pays dont le patrimoine immobilier et mobilier au Cameroun et à l’Etranger est connu (je suppose qu’il s’agit de fortunes bâties honnêtement au cours des Siècles…pardon, au cours des trente dernières années!!!). Ensuite le caractère sectaire toujours de ces informations qui fait la part belle à l’impunité des nombreux hauts commis de l’Etat et des Dirigeants d’Entreprises publiques et Para publiques dont le patrimoine est également connu aujourd’hui dans les archives de la CONAC et de I’ANIF.
J’ose espérer que par la publication de ces informations, vous ne vous mettez pas en droite ligne du syndrome rwandais avec comme catalyseur une certaine radio « des milles collines ». J’ai toujours admiré et soutenu le caractère sérieux, vérifiable et vérifié des informations que vous avez souvent publiées. En tant que lecteur assidu de votre journal, je vous exhorte à continuer dans cette voie.
En effet, dans une semaine, dans un mois, dans un an, dans dix ans, dans cinquante ans, les Camerounais ne retiendront que le caractère farfelu et spectaculaire des 35 comptes bancaires du Dr NGUINI EFFA à travers le monde et ils risquent de le tenir pour vérité d’évangile.
Pour finir, au regard de la JURISPRUDENCE du Ministre français PIERRE CAHUZAC, à qui on a attribué à tort un compte bancaire dans une banque Suisse (la dite Banque a finalement démenti cette information), je vous exhorte, j’exhorte les Chancelleries occidentales installées au Cameroun, invite le Gouvernement Camerounais et toutes ses Agences (ANIF, CONAC … etc.) à saisir toutes les institutions financières concernées et citées dans votre article, à mener sans tarder les vérifications nécessaires pour donner aux Camerounais la véritable information et éviter un mensonge d’Etat de plus.
Au regard de l’acharnement judiciaire dont je fais l’objet depuis 2009, au regard des lourdes peines de prison dont quelques uns et moi avons fait l’objet dans le cadre de l’opération dite ÉPERVIER, je prie le CHEF DE L’ETAT en sa qualité de Président du Conseil supérieur de la magistrature, de faire vérifier que ces lourdes peines, disproportionnées et basées sur des expertises souvent bâclées et de procès, souvent KAFKAIENS n’ont pas été influencées par ce rapport farfelu et à la fictivité avérée, commanditée par un Ministre de la Justice, garde des sceaux.
Si c’est le cas, c’est la preuve de la décrépitude avancée de notre système judiciaire et la Cour Suprême qui est d’ores et déjà saisie de toutes ces affaires a du pain sur la planche pour restaurer la crédibilité de notre justice, et donc de notre ETAT.
Cette Haute Institution en a la capacité intellectuelle et morale.
Nous y croyons fermement.
Fait à Yaoundé le 14 février 2013