Avant la Can, le ministre des Sports, maître d’ouvrage, avait déjà manifesté son inquiétude sur la qualité des écailles qui étaient déposées sur cette infrastructure. Où va-t-on donc trouver les quelque 2 milliards de FCFA nécessaires chaque année pour entretenir ce joyau ?
Le Cameroun a fait d’énormes sacrifices pour se doter de stades de haut standing pour la Coupe d’Afrique des nations de football. Quelques semaines après que la CAN 2021 ait livré son verdict, les premiers revers de médaille se font sentir. Le stade d’Olembe montre déjà des signes d’essoufflement. En atteste, les écailles qui s’effritent en bordure d’enceinte. Une situation inédite et imprévisible. Imprévisible ? Pas vraiment.
Dans un courrier du ministre des Sports Pr Mouelle Kombi, daté du 24 juin 2021, soit sept mois avant le début de la CAN 2021, ce dernier interpellait déjà le vice-président des opérations internationales de Magil Construction sur la qualité des écailles du stade d’Olembe. Une préoccupation qui n’a donc pas été solutionnée à en croire les premiers signes d’usure visibles sur la coque de l’enceinte.
Le ministre des Sports a d’ailleurs souligné, dans la même correspondance, le problème lié à l’origine du matériel qui a été livré non pas par une entreprise italienne, mais chinoise. Un nouveau bémol autour de ce stade qui est déjà l’objet de nombreuses controverses. Dans un pays en manque de véritable industrie de spectacle, le manque d’entretien de ce stade était prévisible.
Comment rentabiliser ces stades quand les Lions indomptables ne peuvent accueillir que six matchs par an. Mais il y a surtout les charges futures d’entretien de ces installations. Un spécialiste en infrastructures confie que pour de tels équipements, le budget annuel d’entretien courant (en dehors des parties à renouveler dans dix à quinze années) représente normalement entre 2% et 3% du montant de l’investissement.
Où va-t-on donc trouver les quelque 5 milliards de FCFA nécessaires chaque année pour entretenir Olembe et Japoma ? Sur le budget de l’Etat ? A oublier ? Sur des droits d’entrée et les publicités ? Totalement incertain, puisque les rencontres internationales pouvant attirer un grand public, il y en aura difficilement plus de cinq par an. Il est donc à craindre qu’ils ne se retrouvent totalement à l’abandon, dans la broussaille, a l’instar du complexe de Kintele dans la banlieue de Brazzaville au Congo, dont les autorités se vantaient tant à l’inauguration.
Sans oublier que, pendant ce temps, il faudrait rembourser le très lourd endettement pour la construction de ces infrastructures sportives qui non seulement n’apporteront pas grand-chose en termes de recettes mais surtout constituent des charges pour les finances publiques.
Une seule solution demeure : développer le football local en la transformant en véritable industrie du spectacle. Plus facile à dire qu’à faire dans un pays dont le pouvoir d’achat est très faible. En rappel, au Cameroun le SMIG s’élève à 36 270 F CFA !