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Cameroun: Thierry Ngogang et compagnie à nouveau devant le juge

L'affaire dite de la «violation du secret de procédure» avait été renvoyée pour donner du temps à la défense de…

L’affaire dite de la «violation du secret de procédure» avait été renvoyée pour donner du temps à la défense de se préparer

La défense avait demandé un renvoi d’audience
C’est ce jeudi 09 février que vont s’ouvrir véritablement au Tribunal de première instance (TPI) du Wouri dans la ville de Douala, les débats dans l’affaire qui oppose le Ministère public aux journalistes Thierry Ngogang (STV), Ananie Rabier Bindzi (Canal 2 international), Alex Gustave Azebaze (journaliste indépendant, directeur de l’agence d’information cybernétique AGA Médias) et le Dr Aboya Manassé Endong (enseignant à l’université de Douala). L’acte d’accusation porte sur un «viol de secret». L’affaire avait été renvoyée à ce jour, à la demande des avocats de la défense (près d’une dizaine) qui désiraient prendre connaissance du dossier. Le procès ayant été déclenché par une citation directe à comparaitre adressée aux prévenus.

[b Poursuivi pour «violation du secret de procédure»
Selon les termes de l’accusation, les journalistes prévenus auraient sans autorisation, utilisé lors d’un débat télévisé public, des documents de justice concernant une information judiciaire en cours. Le 1er juin 2009, le Dr Aboya et les journalistes Alex Gustave Azebaze et Ananie Rabier Bindzi étaient les invités de l’émission de débat «Cartes sur table», présentée par Thierry Ngogang et diffusée sur les antennes de la chaîne de la chaine de télévision privée STV2. Au centre des échanges, «l’Opération épervier». Lors de la première audience, Me Emmanuel Pensy, l’un des avocats de la défense a posé le problème de la non comparution de Jean-Marc Soboth, un autre journaliste, également présent ce jour-là sur le plateau et qui visiblement n’est pas cité dans cette affaire. Une remarque reconnue comme pertinente par le ministère public qui a répliqué que ce dernier pourrait être cité plus tard dans le cadre d’une autre procédure.

nombreuses incohérences
Bien que l’Etat ait encore le droit d’ouvrir ce procès, des experts du droit se sont étonnés du fait que le procès n’ait été ouvert que 18 mois après la survenance des faits incriminés, alors que les prévenus avaient déjà été entendus et que les enregistrements de l’émission restent disponibles pour toute évaluation. Selon la loi camerounaise sur la liberté de communication, c’est le promoteur de la chaine de télévision concernée qui aurait dû répondre de cette publication d’acte de procédure. L’émission incriminée n’a pas été suspendue seuls ces journalistes sont aujourd’hui inquiétés, pourtant l’affaire «Albatros» avait fait l’objet d’un gros tapage médiatique au Cameroun, avec son lot de révélations. Lors de l’arrestation de certaines anciennes personnalités du régime, la télévision nationale (CRTV) avait montré des images de leurs arrestations et de leurs détentions. Lors de la récente rencontre avec des journalistes il y a quelques jours pour discuter des derniers développements de l’opération d’assainissement de la gestion publique, le ministre Issa Tchiroma de la communication a déploré ce fait, mais aucune poursuite n’est encore annoncée contre les journalistes de la CRTV auteurs de ce reportage.

Le journalisme d’investigation mis à l’épreuve
Le journalisme d’investigation reste une activité difficile au Cameroun, dans un pays où les questions d’ordre public prennent facilement le dessus sur la liberté d’expression. Face au devoir d’informer et à l’absence de communication de la part des autorités camerounaises, la presse reste muselée. Selon les dispositions de l’article 102 du nouveau code de procédure pénale, la seule publication autorisée à la presse est celle accordée par le procureur de la République qui habituellement est silencieux. Récemment l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a invité les autorités camerounaises à apporter plus de garanties aux journalistes face au pouvoir, surtout dans un contexte de mondialisation, où les sources d’information sont devenues multiples. Dans son rapport 2008, Reporters sans frontières classe le Cameroun 126ème au rang des pays garantissant la protection des journalistes. Les prévenus de cette affaire risquent en cas de condamnation par le juge, jusqu’à trois ans d’emprisonnement ferme et une amende de 5 millions de FCFA. Cette affaire s’ouvre à nouveau alors que, l’Agence France Presse a annoncé hier en soirée que deux journalistes de la presse privée camerounaise avaient été arrêtés vendredi 05 février dernier par les services secrets et étaient toujours détenus lundi pour possession d’«un document compromettant pour des personnalités».


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