Un message publié sur les réseaux sociaux présente la part de vérité du président de la Ligue de football professionnel du Cameroun. L’homme qui dirige la Ligue depuis 2011 semble déterminé à mener jusqu’au bout le combat qu’il contre sa tutelle la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Ci-dessous l’intégralité du texte.
« Depuis près de deux ans, la situation entre la LFPC et la FECAFOOT a tourné à un affrontement.
Sous les yeux médusés de tous, l’on a assisté à sa naissance, à son enfièvrement, à ses rebondissements et nous n’en sommes pas sortis.
Pour comprendre un problème, il faut aller à la Genèse. La Genèse de cette affaire la voici.
La FECAFOOT, sans qu’on en comprenne la raison, décide de modifier les Statuts de la LFPC. Elle y plafonne l’âge maximal d’un de ses membres, en l’occurrence le président à 75 ans. Au moment des faits, le Général Semengue en a 83. Convaincue de son coup, la FECAFOOT va sommer la LFPC de se conformer à ses Statuts. La LFPC lui répond que son exécutif a été élu avant l’adoption de ses Statuts. De ce fait, ceux – ci ne disposant que pour l’avenir, la situation nouvelle ne saurait lui être opposable avant l’échéance de son mandat.
Dans un entêtement surprenant, la FECAFOOT va décider, en lieu et place de la LFPC, d’élaborer, de voter et d’adopter les Statuts de la LFPC alors que celle-ci n’est pas dissoute. La LFPC va s’y opposer et, au vu de la solidité de l’argumentaire de la LFPC, la FECAFOOT va suspendre la Ligue, créer un CTT qui reprendra les attributions de la Ligue, nommer le Président de la LFPC, le Général Pierre Semengue, Président d’honneur de la FECAFOOT avec un salaire mensuel de 5.000.000 F CFA (du jamais vu). Heurté dans son amour propre, le Général Semengue va refuser cette proposition en accusant le Président de la FECAFOOT de tentative de corruption. Aucun procureur ne va se saisir de l’affaire.
Le Général Semengue va saisir le Ministre des Sports, le Premier Ministre, la FIFA et enfin, le Président de la République. Ce dernier va instruire le Premier ministre chef du Gouvernement, de régler la situation de la Ligue en veillant au respect de la légitimité issue du scrutin.
Le Premier ministre va répercuter ces instructions au Ministre des sports. Lequel va convoquer les Présidents de la FECAFOOT et de la LFPC. Le Général Semengue se rendra à cette convocation avec ses arguments juridiques et ses propositions de compromis pour une sortie de crise amiable. Il les remettra au Ministre des Sports. Le Président de la FECAFOOT saisira la FIFA d’une correspondance disant qu’il y a une menace d’immixtion du Gouvernement dans les affaires internes et ne se présentera jamais à la convocation du Ministre des sports.
Nous sommes en septembre 2019.
Le Général Semengue saisira la chambre des recours de la FECAFOOT, aucune réponse. Il ira à la Chambre de Conciliation et d’arbitrage (elle va se déclarer incompétente après avoir admis sa compétence la veille en recevant la requête ce qui est incompréhensible en droit. Il saisira le Tribunal administratif qui ne rendra jamais de jugement car, après un temps d’attente finalement long, le Général Semengue, écrira au Président de cette juridiction, pour lui demander de prendre acte de la non confirmation de la suspension de la Ligue par l’AG de la FECAFOOT. Au passage il a été aperçu, en pleine instruction de cette affaire, sortant du bureau du Président de ce Tribunal, l’avocat de la FECAFOOT et non moins avocat de Samuel Eto’o.
Toutes les voies de la justice étant fermées au Cameroun, le Général Semengue, est allé au TAS pour rétablir son honneur, mais aussi pour sauver la Ligue.
Cette suspension a duré 16 mois. Pendant ces 16 mois, le Gouvernement, a accordé les stades à la FECAFOOT alors que celle-ci l’avait humilié, celle-ci avait neutralisé les TRÈS HAUTES INSTRUCTIONS DU CHEF DE L’ETAT.
On disait alors, on a neutralisé le vieux Semengue. A la FECAFOOT on avait surnommé le Président de la FECAFOOT le maréchal MBOMBO NJOYA SEIDOU, parce que disait-on, il avait réussi à enlever au Général D’armée ses étoiles.
Pendant 16 mois ce sont les familles des personnels de la LFPC qui ont payé le prix fort de la loyauté au Général Semengue. Les dégâts sont immenses :
- 16 mois sans salaires pour la vingtaine de personnels de la Ligue;
- 16 mois de loyers impayés à 20 bailleurs;
- 16 mois de factures impayées pour les fournisseurs de la LFPC;
- 16 mois sans revenus pour la centaine de coordonnateurs de stades, commissaires de matchs de la LFPC;
- 16 mois de loyers du siège de la Ligue impayé. L’addition est lourde.
Mais 16 mois après, le Général Semengue tient sa sentence du TAS. La Ligue est réhabilitée et avec elle, ces 200 personnes voire ce million de personnes qui vivent grâce à elle.
Semengue s’est battu seul pour tout ce monde. Il ne les a pas abandonnés même quand l’État qu’il a servi avec loyauté et patriotisme, l’a abandonné. L’État se réveille avec la sentence. Le Ministre des sports, le même qu’il y a deux ans, se découvre légaliste. On doit respecter la sentence. On multiplie les réunions. Voilà Semengue à nouveau convoqué. Personne ne lui demande comment il a fait pour tenir. Personne ne lui demande comment son personnel a tenu et lui est resté fidèle. Ses collaborateurs confient que le Président sollicité en privé par eux, a toujours réagi dans la limite de ses possibilités pour les cas de maladie, d’écolage. Il leur a demandé de tenir bon, de croire, de ne pas abandonner. C’est ce qu’ils ont fait.
La sentence est là, il faut l’exécuter. La FECAFOOT déclenche le mécanisme d’obstruction. De violation en violation elle ne veut pas que la Ligue reprenne le championnat. Elle boycotte la réunion organisée par le Ministre. Refuse de rapporter, à la demande du Premier Ministre sa décision de nommer illégalement le Secrétaire Général de la Ligue. Elle provoque la démission des membres du conseil d’administration de la Ligue pour en paralyser le fonctionnement. Elle facilite l’organisation d’une Assemblée Générale interdite, dont elle a reçu l’arrêté d’interdiction du Sous-préfet, pour dissoudre illégalement avec l’appui d’un professeur de droit homme politique de surcroît, la LFPC.
Le document est ridicule et le pire c’est que les clubs ayant dissout la Ligue envoient le PV à la Ligue (dissoute) pour notification. Le comble du ridicule. La FECAFOOT se rend compte que son manège ne fonctionne pas. Le Ministre des sports redevenu juriste légaliste (mieux vaut tard que jamais) accélère le déblocage des fonds de subvention, accorde les stades à la ligue. Le championnat est programmé au 31 octobre. La Ligue demande la désignation des arbitres, la FECAFOOT ne répondra jamais. Elle court à la FIFA à la CAF. Le Général écrit, comme toujours, Réunion, aucune résolution. Le championnat est lancé, les arbitres FIFA de nationalité équato-guinéenne, viennent diriger la rencontre. Un succès fou. Un vrai régal.
La FECAFOOT organise le COMEX, suspend encore la Ligue.
La Ligue écrit à nouveau au Minsep rien. Elle écrit à la FECAFOOT rien. Elle saisit la chambre des recours de la FECAFOOT rien. Elle saisit la Chambre d’arbitrage et de Conciliation qui oublie de se prononcer sur la suspension urgente des mesures prises par la FECAFOOT. Le président de cette audience était pourtant un magistrat.
Le Général sent la redite, saisit la FIFA. Une audience est programmée. Une médiation en trompe l’œil. Le verdict tombe, bataille d’interprétation. Le TAS à peine saisi en extrême urgence, quelle surprise, le SGPR s’en mêle. Sur les très hautes instructions du Chef de l’État il faut régler le problème rapidement, la lettre semble vouloir dire, AVANT UNE NOUVELLE DÉCISION DU TAS. Toute la journée du 19 novembre 2020, les amateurs du ballon rond attendent la fumée blanche sortant du Premier ministère où la concertation se tient pendant des heures. Silence radio jusqu’à ce que le TAS, encore le TAS, brise la glace. Suspension des mesures du comité exécutif de la FECAFOOT. Ligue réhabilitée jusqu’à nouvel ordre.
Durant tout ce périple, le Général Semengue est resté légaliste. Malgré l’abandon des pouvoirs publics, de ses amis, de ses enfants. Malgré les humiliations, jamais il n’a cédé à quelque excès. Des militaires venus à sa rencontre pour brutaliser la bande à Mbombo Njoya, il les a repoussés, leur rappelant leur engagement républicain. Un collège de généraux venu lui demander de laisser tomber parce que son image était déjà associée à une forme d’humiliation, il leur rappellera qu’un militaire n’abandonne jamais au combat. A ces anciens d’Eglise l’invitant à abdiquer, il leur demandera quel héritage pour la postérité?
Le combat du Général n’est pas le sien, il est celui du triomphe du droit dans un pays où les positions de responsabilité, donnent l’impression que la norme peut être bafouée impunément. Il est celui de l’autonomie de la Ligue. Il est celui de la sécurité des emplois. Il est celui du respect dû aux ainés et à ceux qui ont contribué à nous établir où nous sommes.
Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, cet homme force l’admiration. Sans triomphalisme aucun, il accepte de valider le championnat illégal organisé par la FECAFOOT durant sa suspension. Il le fait à la demande du Ministre des sports, pour l’intérêt supérieur du Cameroun.
Et durant tout ce périple, le Général est abandonné à lui-même. Mais de cet abandon, jamais il ne tiendra compte. Il dira simplement, c’est dommage que « moi qui me suis battu pour que nous remplaçons les blancs au Cameroun, j’ai besoin de recourir à eux, pour qu’on dise le droit que mon pays refuse de dire ».
Notons que la Ligue a passé 16 mois suspendue. Il n’y a eu aucune médiation.
Le 14 septembre la sentence de la Ligue tombe. La Fécafoot a tort. Du 15 septembre au 1er décembre déjà 7 médiations gouvernementales pour sauver la Fécafoot. Qui est fou? Les alliés de la Fécafoot se sont démasqués tout seul. Voilà le résumé de notre justice en une phrase.
Pour réaliser ces prouesses, je ne crois pas que son âge ait été un handicap. Au contraire. »