Un héritier de la localité accuse la Confédération africaine de Football (CAF) de s’être installée sur les terres de sa famille et réclame son départ. Il s’en prend également à des voisins de sa parcelle actuelle. Le parquet général lui reproche une procédure maladroite. Les faits sont rapportés par le journal Kalara.
En 2010, lorsque le Centre d’excellence de la Confédération africaine de Football (CAF) sortait de terres à Mbankomo dans le département de la Mefou-et-Afamba, ce fût un engouement pour les amoureux du ballon rond qui y voyaient l’infrastructure adéquate pour rehausser le niveau du football camerounais. Un coup de pouce considérable pour fabriquer à nouveau des Roger Milla.
Pius Ottou était probablement le seul à en vouloir à cette infrastructure de l’instance faîtière du football africain. Cet homme lui reproche d’avoir occupé un espace appartenant à sa famille depuis des générations, et sans avoir reçu un radis de surcroit. C’est pour cette raison qu’il s’est présenté devant le Tribunal administratif du Centre, le 9 novembre dernier.
Dans cet espace d’environ 10 hectares de terres, Pius Ottou raconte que sa famille avait des plantations diverses. Des palmiers à huile, bananiers plantains, cacaoyers et autres s’étendant à perte de vue, qui constituaient également le principal moyen de subsistance de père en fils dans leur lignée.
Pour diversifier les compétences dans la famille, et avec l’arrivée de la scolarisation, le plaignant relate que ses grands frères ont dû quitter le village pour continuer leurs études puis trouver du travail. C’est également pour tenter sa chance en ville que Pius Ottou va délaisser Mbankomo pour un moment. Mais à son retour à la maison, il constate que de nouveaux occupants se sont installés.
Défaut de qualité invoqué
Il dénombre exactement quatre personnes installées sur ce qui était encore il y a quelques années le domaine familial. Il s’agit des nommés Nicolas Atezoué, Herman Ndora, Narcisse Ekobo et enfin la CAF, représentée par Issa Hayatou. A sa grande surprise, tous les nouveaux propriétaires se prévalent déjà d’un titre foncier et refusent de quitter les parcelles occupées.
C’est ainsi qu’en janvier 2019, Pius Ottou va réunir les éléments nécessaires pour reconquérir l’héritage familial. Le ministère du Domaine, du cadastre et des affaires foncières incriminées dans cette affaire, pour avoir octroyé des titres fonciers à des individus pour des terres déjà occupées et exploitées par un tiers, invoquera un défaut de qualité du plaignant.
Pour le ministère, Pius Ottou ne jouit pas de statut adéquat pour réclamer l’annulation des documents fonciers. Les éléments de preuves censés prouver un lien entre le plaignant et les terres semblent ne pas être assez convaincants.
Alors qu’à la fin de son exposé des faits, le juge rapporteur envisageait déjà l’éventualité d’une descente à Mbankomo pour observer la situation des parcelles querellées et recueillir des témoignages de riverains pour éclaircir les zones d’ombres persistantes dans l’affaire, le procureur va quant à lui déceler un vice de forme dans la procédure de Pius Ottou.
Selon la magistrate, le plaignant devrait introduire des recours distincts pour les quatre titres fonciers dont il réclame l’annulation. Chaque titre foncier étant considéré dans ce cas comme acte administratif distinct pour le ministère public.
« Par titre foncier vous devez faire un dossier. Même s’il y a dix titres fonciers, vous faites autant de procédures », expliquera plus tard le président des collèges des juges pour répondre aux interrogations encore inexprimées de Pius Ottou qui se contentait de brandir une carte de localisation des terrains pour expliquer qu’ils sont issus d’un terrain originel plus grand.
Une tentative qui suggérera au tribunal l’éventualité d’un « lien suffisant entre le requérant et les titres fonciers ». Cette alternative permettrait à Pius Ottou de ne pas voir sa requête actuelle rejetée en raison de la pluralité des détenteurs des titres fonciers attaqués. Le tribunal décide finalement de se rendre à Mbankomo pour se faire sa propre idée de ce litige foncier.