La chercheuse en management Françoise Chevalier, Professeure Associée à HEC Paris publie avec Emmanuel Kamdem un ouvrage intitulé « La recherche enracinée en management : Contextes nouveaux et perspectives nouvelles en Afrique », co-écrit avec 17 contributeurs africains et 12 européens, chercheurs universitaires et praticiens manageurs.
Alors que la pandémie mondiale frappe de plein fouet les économies du monde entier et notamment celle des pays occidentaux, le continent africain fait preuve d’une capacité de résilience sans précédent. Ses nouveaux écosystèmes d’innovation qui fleurissent du Caire à Cape Town en passant par Abidjan, Abuja et Nairobi caractérisent le dynamisme d’un continent en plein boom.
L’émergence de l’Africa tech est devenu un sujet central pour les investisseurs internationaux, plus nombreux chaque année sur les places financières africaines. Le nombre de levée de fonds est en constante augmentation passant de 250 en 2019 à 359 en 2020*, soit une augmentation de près de 44 % et ce, malgré la morosité économique ambiante.
Ces nouvelles startups africaines sont au cœur du développement du continent et il est donc primordial que les méthodes de management, qui nous viennent d’Occident pour la plupart, s’adaptent à la fois au contexte africain ainsi qu’à ces nouvelles structures.
C’est dans cet esprit que la chercheuse en management Françoise Chevalier, Professeure Associée à HEC Paris publie avec Emmanuel Kamdem un ouvrage intitulé « La recherche enracinée en management : Contextes nouveaux et perspectives nouvelles en Afrique », co-écrit avec 17 contributeurs africains et 12 européens, chercheurs universitaires et praticiens manageurs. Cet ouvrage publié sous le sceau de la diversité a pour objectif de contribuer à la création de connaissances en management, spécifiques au continent africain.
Françoise Chevalier et les autres contributeurs de l’ouvrage sont partis du constat que le danger inhérent à la recherche managériale appliquée réside dans le fait que les jeunes chercheurs peuvent avoir tendance à mobiliser des concepts et théories occidentales et à les appliquer à une réalité africaine. Ces théories font ainsi écran à leur capacité à mettre en exergue les spécificités du continent.
Ces spécificités ont des implications en termes de management au sein des organisations économiques et sociales africaines. Il est par exemple important de prendre en compte dans les pratiques managériales la distinction travail/famille, le fait religieux ou encore les liens familiaux, territoriaux et ethniques qui régissent les relations sociales.
De ces caractéristiques émergent des concepts propres au continent, comme la notion d’Ubuntu. D’abord mise en lumière par Desmond Tutu, cette dernière a été largement reprise par Mandela dans ses discours. Ce mot, issu des langues bantoues du sud de l’Afrique, met en exergue la notion d’interdépendance entre les individus, et ainsi l’importance de la notion de communauté en tant que lien social, aussi bien dans la vie personnelle que professionnelle.
C’est pourquoi le développement de l’entreprenariat africain appelle aujourd’hui à une meilleure compréhension des liens sociaux afin de développer localement une meilleure approche managériale. Il est nécessaire d’engager la recherche dans ce sens, de manière à prendre en compte la richesse des spécificités du continent dans l’organisation de nos entités économiques.
* article Jeune Afrique Start-up : de l’Égypte à Maurice, quels sont les pays africains les plus « matures » ? – Jeune Afrique