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Cameroun: Véro La Reine présente «Béti Héritage», son 4e album.

Adepte du Bikutsi authentique, Véro La Reine fait un retour aux sources dans ce nouvel opus de 11 titres pour rendre un vibrant hommage à ses ancêtres Ekang

Qui est Véro la Reine?
Véro La Reine est née dans le sud du Cameroun, elle a grandi sous l’influence musicale de sa mère Mbazoa Musicienne et danseuse de musique traditionnelle. Durant ses études de musicologie au conservatoire de Klagenfut, elle constate que les rythmes du Jazz ont des ressemblances avec ceux du Bikutsi. Ce constat la pousse à prendre une décision, celle de se concentrer sur le Bikutsi, la musique traditionnelle de son peuple, et de la faire connaître dans le monde entier. Il s’agit pour elle du vrai Bikutsi original.

Vous venez de mettre sur le marché du disque votre 4e album intitulé « Béti héritage ». Pourquoi ce titre?
L’album « Béti Héritage » est un Projet sur l’héritage culturel du peuple Ekang (Bantu). Avec cet album, je suis allée au plus profond de moi pour le faire. C’est un travail d’originalité, avec un grand accent sur la tradition orale ainsi que les Instruments d’origine de la Musique Bikutsi. Vous savez comme on le dit toujours, « qui sait d’où il vient sait où il va ». Dans cet album, je rends Hommage à mes ancêtres (Ekang) pour cette belle culture, je me mets à genoux devant la femme Fang-beti, la créatrice du Bikutsi. Béti Héritage c’est un vrai retour aux sources. On dit chez les Bantu « Ngoul élé ya soua a tin », ce qui signifie: la force d’un arbre vient de ses racines.

Est-ce que vous pouvez présenter cet album au public?
L’Album « Béti héritage » est un Cd de 11 Titres avec des thèmes très variés. L’album a été enregistré en Europe et au Cameroun. Un vrai projet de générations de Musiciens camerounais, « Béti Héritage » est pour moi l’histoire du Bikutsi. Le Bikutsi d’hier, d’aujourd’hui et de demain. C’est un album qui me ressemble. C’est l’Album de ma vie.

Quels sont les thèmes que vous développez dans cet album?
Dans cet album je parle des choses réelles car pour moi, l’art est fait pour attirer l’attention des gens sur ce qui ne va pas dans notre monde. Je parle des choses de tous les jours. Il y a par exemple le titre «Nya Mon» ; Nya qui veut dire en Français «Mère» et Mon qui veut dire «enfant». Le titre « Nya Mon » parle de l’utilité d’une maman dans la vie d’un enfant. Là je parle aussi d’épanouissement de la femme, de la souffrance des enfants dans le monde, ces êtres fragiles qui ont besoin de notre attention pour bien grandir. J’aimerais ici lancer un appel à nos pays africains de tout mettre en oeuvre pour protéger les femmes et les enfants, car l’avenir d’un pays ce sont eux. Chez nous en Afrique, ce sont les femmes qui éduquent les enfants et si cette même femme va mal, où trouvera-t-elle la force pour pouvoir bien éduquer ses enfants ? Je parle aussi de l’Amour qui pour moi est tout. Là où il y a l’Amour il y a la paix, il y a de l’épanouissement, il y a la joie et le bonheur. Comme une vraie fille africaine, je raconte des histoires.

Comment est-ce que cet album a été accueilli auprès du public autrichien où vous vivez et même au Cameroun?
« Béti Héritage » va très bien en Autriche mais aussi dans d’autres pays en Europe. L’album a été bien accueilli par le public, je l’ai présenté déjà dans 2 Festivals en Autriche. Et le 27 Juillet 2013, je le présenterai au Festival International de femmes à Frankurt en Allmagne et le 03 août au Festival Afrikatag, le plus grand Festival de Musique africaine en Autriche. Je peux dire ici que c’est avec moi que le monde germanophone a découvert le « Bikutsi » et je vous assure qu’ils ne font que prendre de plus en plus goût. Lors de mes concerts, ils chantent tous avec moi en Ewondo, ils dansent et personne n’accepte les fins des concerts, on entend seulement zugebe, zugabe, zugabe, je suis très satisfaite. Aussi, les critiques des journalistes de musique dans des Journaux ont été très bien, les gens ne cessent d’apprécier, ils sont surtout très fascinés par l’originalité et surtout le son original de nos instruments traditionnels et aussi la qualité du travail « Live » fait sur l’enregistrement. Pour l’Afrique, mes fans du Cameroun, mais aussi ceux des autres pays d’Afrique, je reçois pas mal de post, et j’espère trouver des distributeurs sérieux.

Est-ce que dans cet album, vous avez fait appel à d’autres musiciens camerounais vivant à l’étranger pour vous accompagner?
Les musiciens camerounais vivant à l’étranger? Non pas du tout, pas dans cet album, leur tour va arriver. Mon plan n’est pas de faire découvrir au reste du monde le talent des musiciens camerounais qui résident en Europe. J’enregistre mes albums au Cameroun pour faire découvrir au monde entier des talents qui vivent au Cameroun, en espérant un jour que quelqu’un les découvre. Copions un peu les gens des autres pays. Si les musiciens maliens comme Oumou Sangaré et d’autres ont trouvé de bons producteurs en Angleterre aujourd’hui, c’est à travers Ali Farka Touré. Avant de réaliser ce projet, j’avais eu à discuter avec pas mal d’anciens musiciens Camerounais, des gens comme Papa Cher Amis de la capitale et bien d’autres qui m’ont accompagné et donné des conseils, des gens qui m’avaient répondu à toutes les questions que j’avais pour mieux faire ce travail. Mon grand souhait c’est que le Bikutsi authentique traverse les frontières, il faut que le Cameroun soit représenté dans les Festivals partout dans le Monde comme les autres pays, tel que le Sénégal, le Mali etc. surtout dans son originalité. Il faut qu’on fasse appel aux musiciens camerounais qui résident au Cameroun pour représenter leur pays. C’est pour cela que je prends de la peine de venir enregistrer avec ces talents qui sont au Cameroun. Pour réaliser cet album « Béti héritage », j’avais fait appel et réuni 3 générations de musiciens camerounais qui résident au Cameroun, comme Anne Marie Nzié ma Maman et ma conseillère, Papa Messi Martin mon oncle qui était mon arrangeur et avec qui j’avais écrit les textes de la chanson « Obele Akuma ». Après sa mort, j’avais fait appel à Ange Ebogo pour m’accompagner à terminer le projet. Parmi les musiciens nous écouterons dans cet album, Abanda Man Ekang avec une touche vraiment très extraordinaire, on a Dak Janvier qui avait joué tous les Mvet Oyeng dans l’album, on va écouter la relève comme le talentueux Tonton Ebogo un petit-frère que j’apprécie beaucoup, il y a Josko. Je dirais que la plus importante partie de « Béti Héritage » a été enregistrée au Cameroun. Pour faire du Bikutsi authentique, il faut un grand amour pour cette musique, une vraie connaissance de la culture Béti. La deuxième partie avec des Instruments comme l’accordéon et d’autres Instruments modernes ont été joués par mes amis et collègues européens, le mixage ainsi que le mastering ont été faits par les meilleurs du domaine comme « Gol chambre » en Europe, j’avais aussi fait appel à d’autres musiciens africains des autres nationalités comme Mamadou Diabaté du Burkina Faso, Pascal Lopongo de la République Démocratique du Congo et bien d’autres.

Un 4ème album dans les bacs pour Véro La Reine
journalducameroun.com)/n

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans la réalisation de cet album?
J’avais commencé avec la production de cet Album il y a 7 ans au Cameroun, maleureusement très dûr, j’avais été obligée d’enregistrer un Album à 2 reprises. Au Cameroun, j’avais été victime de l’escroquerie organisée dans le milieu artistique. Un groupe de gens ont escroqué mes millions et jusqu’aujourd’hui je n’ai même pas reçu une seule Chanson. Il avait fallu que je recommence toute la production à Zéro et changer toute l’équipe pour arriver à cet Album aujourd’hui. C’est très triste et honteux que les Musiciens escroquent les autres, c’est très grave je dirais. Et bien après aussi, j’avais perdu des Monuments de la culture Béti qui m’accompagnaient dans le projet comme Papa Messi Martin, Le père Aya Noah le créateur du Kollege Noah de Mbalmayo.

Quels sont vos rapports avec la Socam?
Je n’ai aucun rapport avec la Socam.

Et vous n’avez pas peur de la piraterie qui sévit au Cameroun?
Non pas du tout, la Piraterie au Cameroun ne cause aucun danger pour moi. Mais ça me fait quand même très mal de voir mes collègues camerounais souffrir à cause de la Piraterie.
Je dirais que la piraterie est comme le Sida, une maladie qui tue non seulement les musiciens et leurs musiques, mais aussi l’art, surtout l’art camerounais et africain. Et les gouvernements africains doivent vraiment mettre tous les moyens pour la combattre.

On vous connaît très engagée dans le social, où en êtes-vous avec le projet « Eau potable pour le Cameroun » ?
Le projet d’eau portable pour le Cameroun marche bien. L’année passée, la population et les jeunes du village de Nkadip dans la Mefou Afamba . ont profité de la formation et tout le village a un forage. Mon souhait n’est pas seulement de donner l’eau potable, mais aussi de former des jeunes camerounais. Comme on le dit toujours, au lieu de donner du poisson à quelqu’un, apprends à la personne à pêcher.

Et quid du projet dénommé « Héritage » qui avait pour objectif de construire un centre culturel à Nkomo (Yaoundé) ?
Le centre culturel viendra, vous savez que ce projet était mon premier bébé, et le premier né, on ne l’oublie jamais. Mais pour le moment, c’est le projet d’eau potable qui me préoccupe beaucoup, car vous savez que sans eau il n’y a pas de vie, et si tous les camerounais meurent à cause le l’eau sale, pour qui construirais-je le centre culturel ? Je veux le faire pour les camerounais, pas pour moi.

Où est-ce qu’on peut trouver l’album Béti Héritage?
Tous les bons disquaires du monde peuvent se procurer mon album, il suffit de leur demander ou alors de me contacter sur les réseaux sociaux.

Votre dernier mot?
Je voudrais vous dire merci de m’avoir donné la possibilité de m’exprimer. J’aimerais aussi dire aux jeunes camerounais de ne pas baisser les bras, car c’est eux notre espoir et l’avenir de notre cher et beau pays. Et aussi à tous les fils et toutes les filles du Cameroun que notre pays a besoin de chacun d’entre nous pour avancer.


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