Le désaccord de certains partis de l’opposition n’a pas fait reculer le président de la République. Paul Biya vient de fixer la tenue des Régionales en décembre prochain, en dépit des tensions héritées de la présidentielle de 2018 où les résultats et le code électoral avaient été contestés par une certaine classe politique.
Le climat politique pourrait davantage se chauffer avec les élections régionales. Malgré les menaces de Maurice Kamto, le principal challenger de Paul Biya à la présidentielle de 2018 qui avait contesté les résultats du vote, et le refus du Social démocratic front (SDF) de prendre part aux Régionales, le chef de l’Etat décide de ne pas attendre la fin de la crise anglophone pour tenir les élections Régionales. Avec la convocation du corps électoral, le président de la République laisse par ailleurs entendre que la révision du code électoral n’est pas à l’ordre du jour de ses priorités.
Face à l’ultimatum du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto qui a annoncé qu’il va s’opposer à la tenue des Régionales, le ministre de l’Administration territoriale vient de répliquer. Paul Atanga Nji prévient à son tour qu’il mettra en branle le rouleau compresseur contre quiconque voudrait perturber la tenue de ce scrutin.
Ce vent de tension autour des élections régionales amène le Mouvement Réformateur (MR) à craindre un nouveau déchirement de la classe politique. Son président Samuel Billong, dans un communiqué rendu public le mercredi 9 septembre 2020, pense que «le Gouvernement augmente à dessein ou non, le risque d’un déchirement national irréversible en consacrant l’exclusion des concitoyens des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest».
Lors de la présidentielle 2018 dont les résultats avaient été contestés par le MRC notamment, le climat politique avait été surchauffé par une tendance au repli identitaire. Aussi, par l’activisme violent de certains camerounais de la diaspora réunis au sein de la Brigade anti-sardinard (Bas) qui ont initié le saccage de certaines représentations diplomatiques à l’étranger.
C’est d’ailleurs pourquoi, dans une circulaire adressée le 7 septembre 2020 aux chefs de missions diplomatiques du Cameroun à l’étranger, le ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures Alioum Gargoum réitère la nécessité de renforcer les mesures de sécurité autour des immeubles diplomatiques.
Tout ce climat bouillant amène Samuel Billong, le patron du Mouvement réformateur à tenir Paul Biya pour responsable de tout ce qui pourrait advenir de la tenue aux « forceps » des élections régionales.